Vigouroux – 2 Maccabées 11
Lysias vient en Judée avec une armée nombreuse. Les Juifs invoquent le Seigneur et remportent la victoire. Lysias leur demanda la paix ; Judas l’accorde. Lettre de Lysias aux Juifs. Lettre d’Antiochus Eupator à Lysias et aux Juifs. Lettre des Romains aux Juifs.
11 Mais peu de temps après, Lysias, gouverneur du roi et son parent, préposé aux affaires du royaume, supportant avec peine ce qui était arrivé, [11.1 Lysias. Voir 1 Machabées, 3, 32.]2 assembla quatre-vingt mille hommes et toute la (sa) cavalerie, et marcha contre les Juifs, s’imaginant qu’il ferait de la ville, après l’avoir prise, une résidence pour les Gentils (nations) ; 3 qu’il (en) tirerait de l’argent (du temple), comme des autres sanctuaires (temples) des païens (nations), et qu’il vendrait tous les ans le(s) sacerdoce(s) ; [11.3 Il en tirerait, etc., soit en vendant les charges et les dignités de ce temple, soit en exigeant de l’argent de ceux qui y venaient offrir des victimes.]4 ne songeant nullement à la puissance de Dieu, mais emporté par l’orgueil, il se confiait dans la multitude de ses fantassins, dans ses milliers de cavaliers et dans ses quatre-vingts éléphants. 5 Etant entré donc en Judée et s’étant approché de Bethsura, qui était dans un lieu étroit, à la distance de cinq stades de Jérusalem, il attaqua cette forteresse. [11.5 Etant entré, etc. Cette guerre est différente de celle qui est mentionnée à 1 Machabées, 6, verset 28 et suivants. — Stades, ou selon la version alexandrine Schènes. Or le schène variait selon les lieux, mais le moindre valait trente stades ; ce qui s’accorde mieux avec Eusèbe et saint Jérôme qui mettent en effet la ville de Bethsura à vingt milles de Jérusalem.]6 Lorsque Machabée et ceux qui étaient avec lui apprirent que les forteresses étaient attaquées, ils priaient le Seigneur avec pleurs et avec larmes, et tout le peuple en même temps qu’eux, d’envoyer un bon ange pour le salut d’Israël. 7 Et Machabée, prenant lui-même le premier les armes, exhorta les autres à s’exposer comme lui au péril et à porter secours à leurs frères. 8 Et comme ils s’avançaient ensemble avec un courage assuré, au sortir de Jérusalem un cavalier parut, qui marchait devant eux, ayant un vêtement blanc et des armes d’or, et brandissant (agitant) une lance. 9 Alors ils bénirent tous ensemble le Seigneur miséricordieux, et ils s’animèrent de (d’un grand) courage, prêts à attaquer (passer au travers) non seulement les (aux) hommes, mais même les (au travers des) bêtes les plus farouches et des murailles de fer. 10 Ils marchaient donc avec entrain, ayant du ciel un protecteur et le Seigneur qui répandait sur eux sa miséricorde (qui avait pitié d’eux). 11 Comme des lions, se jetant impétueusement sur leurs ennemis, ils leur tuèrent onze mille fantassins et seize cents cavaliers ; 12 ils mirent tous les autres en fuite et plusieurs d’entre eux s’échappèrent blessés et sans armes ; Lysias lui-même n’échappa que par une fuite honteuse. 13 Comme il ne manquait pas de sens, considérant en lui-même la perte qu’il avait faite (de ses troupes), et comprenant que les Hébreux étaient invincibles, parce qu’ils s’appuyaient sur le secours du Dieu tout-puissant, il envoya auprès d’eux, 14 et il leur promit de consentir à tout ce qui serait juste, et de persuader au roi de devenir leur ami. [11.14 Il persuaderait au roi de devenir leur ami. Le roi Antiochus V Eupator n’étant qu’un enfant, Lysias pouvait lui faire faire tout ce qu’il voulait.]15 Machabée se rendit aux prières de Lysias, se proposant en toutes choses ce qui était utile ; et tout ce que Machabée écrivit à Lysias en faveur des Juifs, le roi l’accorda. 16 Car la lettre que Lysias écrivit aux Juifs était conçue en ces termes : Lysias au peuple des Juifs, salut. [11.16 ; 11.22 ; 11.27 ; 11.34 Salut (salutem). Voir 1 Machabées, 10, 18.]17 Jean et Abésalom, qui avaient été envoyés par vous, m’ont remis vos lettres et m’ont demandé d’accomplir les choses qu’elles contenaient. [11.17 Ecrits (scripta), c’est-à-dire, lettres.]18 Tout ce qui pouvait être représenté au roi, je le lui ai exposé, et il a accordé ce que les circonstances permettaient. 19 Si donc vous conservez la fidélité dans les affaires, je tâcherai encore à l’avenir d’être pour vous une cause de biens (de vous être utile). [11.19 Je m’efforcerai ; littéralement, et je, etc. Voir sur ce et, Osée, 11, 1.]20 Quant aux autres choses, j’ai chargé en détail et verbalement ceux que vous m’avez envoyés, et ceux que je vous envoie, d’en conférer avec vous (de chacune en particulier). [11.20 Ceux-ci, ceux qui sont ici présents, vos envoyés.]21 Portez-vous bien. L’an cent quarante-huit, le vingt-quatrième jour du mois de dioscore (Dioscorus, note). [11.21 ; 11.33 ; 11.38 L’année cent quarante-huitième du règne des Grecs, la cent soixante-troisième avant Jésus-Christ. — Dioscorus ou Dioscore, moins connu parmi les Grecs ; le texte grec lit Dios corinthiou, c’est-à-dire Jupiter de Corinthe qui n’est pas plus connu ; de là les diverses opinions des savants.]22 La lettre du roi contenait ce qui suit : Le roi Antiochus à Lysias son frère, salut. [11.22 Son frère ; titre honorifique. Voir 1 Machabées, 10, 18. — Le roi Antiochus V Eupator.]23 Le roi notre père ayant été transféré parmi les dieux, et notre désir étant que ceux qui sont dans notre royaume vivent en paix et s’appliquent avec soin à leurs affaires, [11.23 Notre père Antiochus IV Epiphane.]24 nous avons appris que les Juifs n’ont pas consenti à passer aux coutumes des Grecs, comme le souhaitait mon père, mais qu’ils veulent conserver leur manière de vivre, et que, pour ce motif, ils nous demandent qu’il leur soit permis de garder leurs lois. 25 C’est pourquoi, voulant que ce peuple aussi soit en paix, nous avons arrêté et ordonné que leur temple leur sera rendu, afin qu’ils vivent selon la coutume de leurs ancêtres. [11.25 Voulant que cette nation soit aussi en paix. Lysias, qui fait parler et agir le roi enfant, avait tout intérêt à faire la paix avec les Juifs, afin de pouvoir combattre Philippe qu’Antiochus Epiphane avait désigné en mourant comme tuteur de son fils, ce que Lysias ne voulait pas accepter, étant bien décidé à garder lui-même une tutelle qui le rendrait maître du royaume de Syrie. Voir 1 Machabées, 3, 32 ; 6, 14.]26 Tu feras donc bien d’envoyer vers eux et de faire alliance avec eux, afin qu’ayant connu notre volonté, ils reprennent courage, et qu’ils s’appliquent à ce qui regarde leurs intérêts particuliers. 27 La lettre du roi aux Juifs était comme il suit : Le roi Antiochus au sénat des Juifs et aux autres Juifs, salut. 28 Si vous vous portez bien, vous êtes en l’état que nous souhaitons ; nous nous portons bien aussi nous-mêmes. 29 Ménélaüs est venu à nous, disant que vous désirez descendre chez ceux des vôtres qui sont auprès de nous. [11.29 Ménélaüs passait encore pour grand prêtre des Juifs, ayant été établi par Antiochus Epiphane (voir 2 Machabées, 4, verset 23 et suivants), quoiqu’il ne fût pas reçu dans Jérusalem et qu’il n’exerçât point les fonctions du sacerdoce dans le temple. Pendant son absence, les Juifs avaient déféré la dignité de grand prêtre à Judas.]30 A ceux donc qui partiront jusqu’au trentième jour du mois de xanthique (Xanthicus, note), nous donnons un sauf-conduit pour leur sécurité (la main droite en signe d’assurance), [11.30 ; 11.33 ; 11.38 Xanthicus ou Xanthique. Ce mois des Macédoniens répond au mois d’avril.]31 afin que les Juifs usent de leurs mets et de leurs lois comme auparavant, sans qu’aucun d’eux subisse la moindre peine pour les choses qui ont été faites par ignorance. 32 D’ailleurs, nous avons aussi envoyé Ménélaüs, afin qu’il en confère avec vous. 33 Portez-vous bien. En l’année cent quarante-huit, le quinzième jour du mois de xanthique (Xanthicus). 34 Les Romains envoyèrent aussi une lettre conçue en ces termes : Quintus Memmius et titues (Titus) Manilius, légats des Romains, au peuple des Juifs, salut. [11.34 Quintius Memmius et Titus Manilius. Ces noms sont écrits très différemment dans les textes et les manuscrits et l’on ne sait pas au juste quels sont ces personnages.]35 Ce que Lysias, parent du roi, vous a accordé, nous vous l’accordons aussi nous-mêmes. 36 Quant à ce qu’il a cru devoir être rapporté au roi, envoyez au plus tôt quelqu’un, après en avoir (très) soigneusement délibéré entre vous, afin que nous en décidions selon qu’il vous convient ; car nous allons partir pour Antioche. 37 C’est pourquoi hâtez-vous de nous récrire, afin que nous sachions, nous aussi, quelle est votre intention (désir). 38 Portez-vous bien. En l’année cent quarante-huit, le quinzième jour du mois de xanthique (Xanthicus).