Nouvelle Bible Segond – Juges 11
Jephté devient chef d'Israël
11 Jephté, le Galaadite, était un vaillant guerrier. Il était fils d'une prostituée ; c'est Galaad qui avait engendré Jephté. [Jephté (hébreu Yiphtah, cf. Jos 19.14) signifie il ouvre ; cf. Hé 11.32. – vaillant guerrier : cf. 6.12+. – fils d'une prostituée : autre traduction fils d'une femme infidèle. – Galaad peut désigner la région, la population et un personnage (v. 2) ; cf. 5.17+ ; 10.8.]2 La femme de Galaad lui donna des fils. Les fils de cette femme, devenus grands, chassèrent Jephté et lui dirent : Tu n'auras pas de patrimoine dans la maison de notre père, car tu es le fils d'une autre femme. [Cf. v. 7-11 ; Gn 21.10.]3 Jephté s'enfuit pour échapper à ses frères et s'installa au pays de Tob. Des hommes de rien se rassemblèrent auprès de Jephté ; ils faisaient campagne avec lui. [s'enfuit pour échapper à ses frères : autre traduction s'enfuit de chez ses frères. – Tob : sans doute au nord du Galaad, vers la Syrie ; cf. 2S 10.6,8. – hommes de rien 9.4n ; cf. 1S 22.2 ; 27.8. – faisaient campagne : litt. sortirent.]
4 Quelque temps plus tard, les Ammonites firent la guerre à Israël. [Quelque temps plus tard : litt. (au bout) de jours ; de même en 14.8. – Ammonites 10.7-9.]5 Comme les Ammonites faisaient la guerre à Israël, les anciens de Galaad allèrent chercher Jephté au pays de Tob. [V. 3n.]6 Ils dirent à Jephté : Viens, tu seras notre capitaine, et nous ferons la guerre aux Ammonites. [10.17s. – capitaine v. 11 ; Jos 10.24 ; Es 22.3 ; Mi 3.1n ; Dn 11.18n.]7 Jephté répondit aux anciens de Galaad : N'est-ce pas vous qui me détestiez et qui m'avez chassé de la maison de mon père ? Pourquoi venez-vous à moi maintenant que vous êtes dans la détresse ? [V. 2 ; cf. Gn 26.27. – détresse 10.9.]
8 Les anciens de Galaad dirent à Jephté : C'est bien pour cela que nous revenons vers toi maintenant, afin que tu marches avec nous, que tu fasses la guerre aux Ammonites et que tu sois notre chef, celui de tous les habitants de Galaad. [10.18n.]9 Jephté répondit aux anciens de Galaad : Si vous me ramenez pour faire la guerre aux Ammonites, et que le SEIGNEUR les livre devant moi, c'est moi qui serai votre chef. [Cf. 1S 8.20.]10 Les anciens de Galaad dirent à Jephté : Le SEIGNEUR nous entendra les uns et les autres, si nous n'agissons pas selon ta parole. [Cf. Jr 42.5 ; Ml 2.14 ; voir aussi 1S 12.5 ; Jr 29.23 ; Rm 1.9+.]11 Ainsi Jephté partit avec les anciens de Galaad. Le peuple le mit à sa tête comme chef et capitaine. Jephté dit toutes ses paroles devant le SEIGNEUR, au Mitspa. [dit toutes ses paroles : il s'agit sans doute d'un engagement solennel pris au sanctuaire local (cf. 10.17n ; Gn 31.49). – au Mitspa : cf. Jos 11.3n.]
Messages de Jephté aux Ammonites
12 Jephté envoya des messagers au roi des Ammonites, pour lui dire : Que t'ai-je fait, que tu viennes à moi pour faire la guerre à mon pays ? [Que t'ai-je fait : litt. quoi à moi et à toi ; autre traduction qu'ai-je à faire avec toi ; dans d'autres contextes la même expression est traduite par pourquoi te mêles-tu de mes affaires, cf. 2S 16.10 ; 19.23 ; 1R 17.18+ ; 2Ch 35.21 ; Mc 1.24 ; Jn 2.4n. – à mon pays : autre traduction dans mon pays.]13 Le roi des Ammonites répondit aux messagers de Jephté : C'est qu'Israël, quand il est monté d'Egypte, a pris mon pays, depuis l'Arnon jusqu'au Yabboq et au Jourdain. Maintenant, rends-le pacifiquement. [monté d'Egypte Gn 12.10n. – rends-le : litt. rends-les (les territoires susmentionnés, cf. v. 22n ; Dt 2.17-23) ; plusieurs versions anciennes portent le singulier. – pacifiquement : litt. en paix ; cf. v. 31n.]
14 Jephté envoya de nouveau des messagers au roi des Ammonites, 15 pour lui dire : Ainsi parle Jephté : Israël n'a pas pris le pays de Moab, ni le pays des Ammonites. [Moab (v. 18,25) / Ammonites (v. 4ss) : cf. v. 22n,24n ; Dt 2.9,19 ; 3.16s ; Jos 12.2s.]16 En effet, lorsque Israël est monté d'Egypte, il a marché dans le désert jusqu'à la mer des Joncs et il est arrivé à Qadesh. [Nb 14.25. – Qadesh Nb 20.1 ; 33.36.]17 Alors Israël a envoyé des messagers au roi d'Edom, pour lui dire : « Laisse-moi passer par ton pays, je te prie. » Mais le roi d'Edom n'a rien voulu entendre. Il en a aussi envoyé au roi de Moab, qui a refusé. Ainsi Israël est resté à Qadesh. [Nb 20.14-21.]18 Puis il a marché dans le désert, il a contourné Edom et Moab, il est passé à l'est de Moab ; ils ont campé au-delà de l'Arnon, sans entrer sur le territoire de Moab – car l'Arnon est la frontière de Moab. [Edom Nb 21.4 ; Dt 2.8. – Moab Nb 21.11-15. – territoire et frontière traduisent un même mot hébreu.]19 Israël a envoyé des messagers à Sihôn, roi des Amorites, roi de Heshbôn ; Israël lui a dit : « Laisse-nous, je te prie, passer par ton pays pour rejoindre notre lieu. » [Heshbôn : cf. Nb 21.21-24 ; Dt 2.26-36 ; Jos 13.17. – pour rejoindre notre lieu : litt. jusqu'à mon lieu ; le singulier et le pluriel alternent dans le texte (cf. v. 17).]20 Mais Sihôn n'a pas eu assez confiance en Israël pour le laisser passer sur son territoire ; Sihôn a rassemblé toutes ses troupes et il a dressé son camp à Yahtsa pour faire la guerre à Israël. [n'a pas eu assez confiance : litt. n'a pas cru. – toutes ses troupes : autre traduction tout son peuple, de même au v. 21. – Yahtsa Jos 13.18 ; Jr 48.21 ; 1Ch 6.63 ; cf. Yahats Nb 21.23 ; Dt 2.32 ; Es 15.4 ; Jr 48.34.]21 Le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël, a livré Sihôn et toutes ses troupes à Israël, qui les a battus. Israël a pris possession de tout le pays des Amorites qui habitaient ce pays. 22 Ils ont pris possession de tout le territoire des Amorites, depuis l'Arnon jusqu'au Yabboq et depuis le désert jusqu'au Jourdain. [Le territoire en question correspond à celui de Moab, cf. v. 13,24n ; Nb 21.24,26 ; Dt 2.37.]23 Maintenant que le SEIGNEUR (YHWH), le Dieu d'Israël, a dépossédé les Amorites devant Israël, son peuple, est-ce toi qui vas le déposséder ? [Dt 4.38. – SEIGNEUR (YHWH) : voir noms divins. – dépossédé : autre sens du verbe traduit aux v. 21s,24 par prendre ou rester en possession de.]24 Ce dont Kemosh, ton dieu, te fait prendre possession, n'en prends-tu pas possession ? Et nous, nous ne resterions pas en possession de tout ce que le SEIGNEUR (YHWH), notre Dieu, a mis en notre possession ? [Kemosh est le dieu de Moab et non celui d'Ammon, ce qui correspond au territoire sur lequel porte le litige (v. 22) ; cf. Nb 21.29 ; 1R 11.5-7 ; 2R 23.13 ; voir aussi Dt 4.19+. – nous ne resterions pas... : autre traduction nous resterons... (v. 23n).]25 Vaux-tu donc mieux que Balaq, fils de Tsippor, roi de Moab ? A-t-il cherché querelle à Israël, lui a-t-il fait la guerre ? [Balaq Nb 22–24 ; Jos 24.9s.]26 Voilà trois cents ans qu'Israël habite à Heshbôn et dans les localités qui en dépendent, à Aroër et dans les localités qui en dépendent, et dans toutes les villes qui sont sur les bords de l'Arnon : pourquoi ne les avez-vous pas délivrées pendant ce temps-là ? [à Heshbôn et dans les localités qui en dépendent (litt. ses filles, cf. 1.27n), v. 19 ; Nb 21.25n. – Aroër Jos 13.25s.]27 Ce n'est pas moi qui ai péché contre toi, c'est toi qui agis mal envers moi en me faisant la guerre. Que le SEIGNEUR, le juge, soit aujourd'hui juge entre les Israélites et les Ammonites ! [Voir péché.]28 Mais le roi des Ammonites n'écouta pas les paroles que Jephté lui avait fait dire. [lui avait fait dire : litt. lui avait envoyées (v. 14).]
Le vœu de Jephté
29 Alors le souffle du SEIGNEUR fut sur Jephté ; celui-ci traversa le Galaad et Manassé ; il passa à Mitspé de Galaad ; de Mitspé de Galaad, il passa chez les Ammonites. [le souffle... 3.10+ ; voir esprit. – traversa et passa traduisent le même verbe hébreu ; cf. 12.1n. – Mitspé de Galaad v. 11n ; 10.17n.]30 Jephté fit un vœu au SEIGNEUR ; il dit : Si vraiment tu me livres les Ammonites, [Cf. v. 35s ; 1S 14.24-45.]31 quiconque sortira des portes de ma maison à ma rencontre, lorsque je reviendrai victorieux de chez les Ammonites, sera pour le SEIGNEUR, et je l'offrirai en holocauste. [Cf. v. 34ss. – victorieux ou sain et sauf, litt. en paix ; Jos 10.21+. – en holocauste : voir sacrifices ; cf. Gn 22.1-19 ; 2R 3.26s ; Mi 6.7 ; voir aussi Lv 18.21 ; 20.2-5 ; Dt 12.31 ; 18.10.]
32 Jephté passa chez les Ammonites pour les combattre, et le SEIGNEUR les lui livra. 33 Il leur infligea une très grande défaite, depuis Aroër jusque vers Minnith – vingt villes – et jusqu'à Abel-Keramim. Les Ammonites furent humiliés devant les Israélites. [Il leur infligea une très grande défaite : cf. 15.8n. – jusque vers : comme en 6.4n. – Minnith : sans doute au nord de Heshbôn (cf. Ez 27.17n). – Abel-Keramim : plus à l'est, au sud de Rabba d'Ammon (l'actuelle Amman, capitale de la Jordanie).]
34 Comme Jephté revenait chez lui, au Mitspa, sa fille sortit à sa rencontre avec des tambourins et des danses. C'était son unique enfant ; à part cela, il n'avait ni fils ni fille. [Mitspa 10.17n. – sortit à sa rencontre v. 31. – tambourins / danses : cf. Ex 15.20 ; 1S 18.6 ; Ps 150.4. – C'était son unique enfant : litt. rien qu'elle, unique. – à part cela : LXX, Syr, Tg à part elle ; le texte hébreu traditionnel porte le masculin (litt. à part lui).]35 Dès qu'il la vit, il déchira ses vêtements et dit : Ah ! ma fille, tu m'accables ! Toi aussi, tu attires le malheur sur moi ! Je me suis engagé devant le SEIGNEUR, et je ne peux pas revenir en arrière. [Les verbes correspondant à déchira (cf. Jos 7.6) / accables / attires le malheur font assonance dans le texte hébreu. – Ah ! 6.22n. – Toi aussi... : litt. tu es de ceux qui attirent le malheur... ; cf. Gn 34.30+. – Je me suis engagé : litt. j'ai ouvert (toute grande) la bouche ; certains comprennent j'ai trop parlé ou j'ai parlé trop vite ; de même au v. 36 ; voir aussi Jb 35.16. – je ne peux pas revenir... : cf. Nb 30.3 ; Ec 5.3-5 ; voir aussi Lv 27.]36 Elle lui dit : Père, tu t'es engagé devant le SEIGNEUR ; agis envers moi selon l'engagement que tu as pris, maintenant que le SEIGNEUR t'a vengé de tes ennemis, les Ammonites. [agis envers moi... : litt. fais pour moi comme il est sorti de ta bouche (v. 35n) après que le SEIGNEUR a fait pour toi les vengeances de tes ennemis ; cf. Nb 32.24n.]37 Elle dit encore à son père : Que ceci me soit accordé : laisse-moi un délai de deux mois. Je m'en irai, j'irai sur les montagnes et je pleurerai ma virginité avec mes amies. [j'irai : litt. je descendrai ; en Es 15.3 le même verbe est traduit par fondre (en larmes) ; certains modifient le texte hébreu traditionnel pour traduire que j'aille errer. – je pleurerai ma virginité : pour une femme, mourir sans s'être mariée et avoir eu des enfants pouvait être considéré comme un déshonneur.]38 Il répondit : Va ! Et il la laissa partir pour deux mois. Elle s'en alla sur les montagnes, avec ses amies, pour pleurer sa virginité. 39 Au bout des deux mois, elle revint vers son père, et il s'acquitta sur elle du vœu qu'il avait fait. Elle n'avait jamais eu de relations avec un homme. Dès lors ce fut une prescription en Israël : [vœu v. 30s. – eu de relations avec : litt. connu, cf. Gn 4.1n ; Lc 1.34. – une prescription : voir loi ; autre traduction une coutume ; cf. 2Ch 35.25.]40 chaque année les filles d'Israël s'en vont célébrer la fille de Jephté, le Galaadite, quatre jours par an. [chaque année : litt. de jours en jours ; même expression en 21.19 ; Ex 13.10 ; 1S 1.3n. – célébrer : comme en 5.11 ; plusieurs versions anciennes ont lu se lamenter sur. Cette coutume, dont il n'est question nulle part ailleurs dans la Bible, a été mise en relation avec les rites de deuil associés à divers cultes de la fertilité pratiqués en Canaan et dans les pays environnants, rites dans lesquels les femmes jouaient un rôle prépondérant (cf. Ez 8.14n ; Os 6.2n ; Za 12.11n).]