l En 622, le roi Josias entreprit une réforme religieuse, 2 R 22.3—23.27, appuyée par les partis sacerdotal et prophétique. Jérémie y prit, semble-t-il, une part active, dont ce passage conserve le souvenir. Il contient de nombreuses expressions propres au Deutéronome, dont la découverte, 2 R 22.8, fut à la base de la réforme. Le noyau formé par les vv. 6, 8b, 9-12 doit être attribué à Jérémie ; le reste représente des adjonctions secondaires ; les vv. 7-8 manquent dans le grec.
9 Yahvé me dit : On s’est vraiment donné le mot chez les gens de Juda et chez les habitants de Jérusalem !
13 Car aussi nombreux que tes villes,
sont tes dieux, ô Juda !
Et autant Jérusalem a de rues,
autant vous avez érigé d’autels pour la Honte,
des autels qui fument pour Baal !
14 Quant à toi, n’intercède pas pour ce peuple-là, n’élève en leur faveur ni plainte ni prière. Car je ne veux pas écouter, quand ils crieront vers moi à cause de leur malheur !
15 Que vient faire en ma Maison ma bien-aimée ?
Elle a accompli ses mauvais desseins.
Est-ce que les vœuxn et la viande sacrée
te débarrasseront de ton mal,o
pour que tu puisses exulter ?
m Oracle probablement prononcé au Temple, à la même époque que ceux du chap. 7. Le v. 17 rejoint 11.1-14.
n « ma bien-aimée » grec ; « mon bien-aimé » hébr. — « les vœux » grec ; « les nombreux » hébr.
o « te débarrasseront de ton mal » (litt. « feront passer ton mal de dessus toi ») grec ; « passeront de dessus toi, car ton mal » hébr.
16 « Olivier verdoyant orné de fruits superbes »,
ainsi Yahvé t’avait nommée.
Avec un bruit fracassant
il y a mis le feu,
ses rameaux sont atteints.
17 Et Yahvé Sabaot qui t’avait plantée a décrété contre toi le malheur à cause du mal que se sont fait la maison d’Israël et la maison de Juda en m’irritant, en encensant Baal.
p En se faisant le champion de la réforme qui entraînait la suppression du sanctuaire local, Dt 12.5 ; cf. 2 R 23, Jérémie s’était aliéné ses compatriotes.
19 Et moi, comme un agneau confiant qu’on mène à l’abattoir, j’ignorais qu’ils tramaient contre moi des machinations : « Détruisons l’arbre dans sa vigueur,q arrachons-le de la terre des vivants, qu’on ne se souvienne plus de son nom ! »
q « dans sa vigueur » belehô conj. ; « dans son pain » belahmô hébr. Grec « nous voulons mettre du bois (c’est-à-dire du poison, d’après Targ.) dans son pain ». — Ce v. a été appliqué par la liturgie chrétienne à la Passion du Christ.
20 Yahvé Sabaot, qui juges avec justice,
qui scrutes les reins et les cœurs,
je verrai ta vengeance contre eux,
car c’est à toi que j’ai exposé ma cause.
21 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot contre les gens d’Anatot qui en veulent à ma vier et qui me disent : « Tu ne prophétiseras pas au nom de Yahvé, sinon tu mourras de notre main ! » —
r « à ma vie » grec ; « à ta vie » hébr. (peut-être, passage maladroit au style direct).