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Bible de Jérusalem – Zacharie 11

11 Ouvre tes portes, Liban,
et que le feu dévore tes cèdres !b

b Symboles des grandes puissances, cf. Isa 10.33s ; Ez 31, ou de leurs rois.

2 Gémis, genévrier, car le cèdre est tombé,
car les majestueux sont ravagés.
Gémissez, chênes de Bashân,
car elle est abattue la forêt inaccessible.
3 On entend le gémissement des pasteurs
car leur majesté est ravagée.
On entend les rugissements des lionceaux
car l’orgueil du Jourdain est ravagé.

Les deux pasteurs.c

4 Ainsi parle Yahvé mon Dieu : « Fais paître les brebis d’abattoir,

c Le livret des pasteurs, cf. Ez 34.1, s’achèvera, 13.7-9, en prophétie messianique. Ici, les vv. 4-14 sont un retour allégorique sur les événements récents, qui constitue une sorte d’apologie de la Providence. Le prophète tient le rôle de Yahvé, dont il a revêtu, pour ainsi dire, le Pastorat éminent. Mais Israël n’a pas compris le bien que lui voulait son Dieu. Aussi Yahvé va-t-il susciter un mauvais pasteur que le prophète est chargé de mimer, vv. 15-17, figurant le retour aux anciens errements.

5 celles que leurs acheteurs abattent sans être châtiés, dont leurs vendeurs disent : « Béni soit Yahvé, me voilà riche », et que les pasteurs n’épargnent point.d

d « disent », « n’épargnent » conj. ; l’hébr. a le singulier. — Acheteurs et vendeurs sont les classes dirigeantes juives ; leurs intrigues et leur argent en font les maîtres des pasteurs du peuple.

6 Car je n’épargnerai plus les habitants du pays — oracle de Yahvé ! — Mais voici que moi, je vais livrer les hommes chacun aux mains de son prochain, aux mains de son roi. Ils écraseront le pays et je ne les délivrerai pas de leurs mains. »e

e On considère souvent ce v. comme une glose, attirée par le mot « épargner » mais étrangère à la perspective du morceau. On peut cependant y voir une allusion aux événements rapportés en 1 R 12.19, 24. Tout ce passage pourrait faire allusion aux débuts de la royauté, les trois pasteurs rejetés, v. 8, représentant alors Salomon, coupable d’idolâtrie, Roboam, qui provoqua le schisme, et Jéroboam qui inaugura un culte hétérodoxe. Mais cf. v. 8.

7 Alors je fis paître les brebis d’abattoir qui appartiennent aux marchandsf de brebis. Je pris pour moi deux bâtons, j’appelai l’un « Faveur » et l’autre « Liens » et je fis paître les brebis.

f « les marchands » (litt. « les Cananéens ») grec ; « les plus pauvres » hébr., de même au v. 11.

8 Je fis disparaître les trois pasteurs en un seul mois.g Mais je perdis patience avec eux, et quant à eux, ils furent avares envers moi.

g S’il ne s’agit pas des rois coupables, cf. v. 6, ce peut être une allusion à la suite des grands prêtres dont Yahvé, représenté symboliquement par son prophète, amena l’éviction. On sait qu’après l’Exil, les prêtres furent les chefs de la communauté juive. — Le « mois » symbolise le temps du salut dont ne voulut pas profiter le peuple.

9 Alors je dis : « Je ne vous ferai plus paître. Que celle qui doit mourir meure ; que celle qui doit disparaître disparaisse, et que celles qui restent s’entre-dévorent. 10 Puis je pris mon bâton « Faveur » et le mis en morceaux pour rompre mon alliance, celle que j’avais conclue avec tous les peuples. 11 Elle fut donc rompue en ce jour-là, et les marchands de brebis qui m’observaient surent que c’était là une parole de Yahvé. 12 Je leur dis alors : « Si cela vous semble bon, donnez-moi mon salaire, sinon n’en faites rien. » Ils pesèrent mon salaire : trente sicles d’argent.h

h Un gouverneur a droit à une rétribution, cf. Ne 5.15. Ici, celle qui est donnée allégoriquement par les classes dirigeantes au prophète (figurant Yahvé) est dérisoire, le prix d’un esclave, Ex 21.32. Bref, on se moque de Yahvé ! — Mt 27.3-10 a appliqué les vv. 12-13 au Christ, dont le prophète, tenant la place de Yahvé méprisé, apparaît comme le type.

13 Yahvé me dit : « Jette-le au fondeur, ce prix splendide auquel ils m’ont apprécié ! » Je pris donc les trente sicles d’argent et les jetai à la Maison de Yahvé, pour le fondeur. 14 Puis je mis en morceaux mon deuxième bâton « Liens », pour rompre la fraternité entre Juda et Israël.i

i Ce passage pourrait constituer la plus ancienne attestation du schisme samaritain. C’est vers 328, au témoignage de Josèphe, que les Samaritains auraient construit au Garizim un temple rival de celui de Jérusalem. Ainsi la rupture des deux bâtons symbolise l’oppression étrangère renaissante (v. 10) et le schisme intérieur consommé.

15 Yahvé me dit alors : « Prends encore l’équipement d’un pasteur insensé,

16 car voici que moi je vais susciter un pasteur dans le pays ; celle qui a disparu, il n’en aura cure, celle qui vagabonde,j il ne la recherchera pas, celle qui est blessée, il ne la soignera pas, celle qui est bien portante, il ne l’entretiendra pas ; mais il dévorera la chair des bêtes grasses et arrachera même leurs sabots.

j « vagabonde » na`ah corr. ; « jeune » na`ar hébr.

17 Malheur au pasteur inexistant
qui délaisse son troupeau !
Que l’épée s’attaque à son bras
et à son œil droit !
Que son bras soit tout desséché,
que son œil droit soit aveuglé ! »

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