Amiot-Tamisier – 2 Corinthiens 12
FIN DE L'APOLOGIE DE SAINT PAUL ♦ VISIONS ET RÉVÉLATIONS ♦ SON DÉSINTÉRESSEMENT ♦ APPRÉHENSIONS QUE LUI DONNENT LES CORINTHIENS
12 Il faut me vanter ? — Cela pourtant ne convient guère — Eh bien ! j'en viendrai aux visions et aux révélations du Seigneur. 2 Je connais un homme dans le Christ, qui il y a quatorze ans — était-ce en son corps ? je ne sais. Était-ce hors de son corps ? je ne sais ; Dieu le sait —. Cet homme-là fut enlevé jusqu'au troisième ciel. [2-6. L'Apôtre ne mentionne la grâce insigne que fut sa grande extase (dans son corps ou hors de son corps, il ne sait) qu'avec une pudeur spirituelle, une réserve et une humilité admirables. Cette extase date de quatorze ans ; elle eut donc lieu vers 43, quand il était en Cilicie ou à Antioche. Il fut enlevé au troisième ciel (allusion à une tradition rabbinique), c'est-à-dire au Paradis, au voisinage immédiat de Dieu ; c'est sans doute la plus haute faveur mystique qu'il soit possible de concevoir.] 3 Et je sais que cet homme — dans son corps, hors de son corps ? je ne sais ; Dieu le sait — 4 fut enlevé jusqu'au paradis et y entendit des choses ineffables qu'il n'est pas permis à l'homme de redire. 5 Pour cet homme-là je me vanterai ; mais pour moi-même, je ne me vanterai que de mes faiblesses. 6 Et cependant, si je voulais me vanter, je ne serais pas fou : je ne dirais que la vérité. Mais je m'en abstiendrai, de peur qu'on se fasse de moi une idée supérieure à ce qu'on voit en moi ou qu'on entend dire de moi.
7 Et pour que l'excellence de ces révélations ne m'enfle pas d'orgueil, il m'a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan, pour me souffleter, afin que je ne m'enfle pas d'orgueil. [7-10. Contrepartie nécessaire pour éviter l'orgueil : une maladie corporelle, ophtalmie ou plus probablement paludisme. Cette maladie est comme un ange, un messager de Satan, l'adversaire de tout apostolat.] 8 A son sujet, j'ai prié trois fois le Seigneur de l'éloigner de moi. 9 Mais il m'a déclaré : Ma grâce te suffit, car c'est dans la faiblesse que ma puissance donne toute sa mesure.
Je me vanterai donc volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. 10 Oui, je me complais dans les faiblesses, les outrages, la détresse, les persécutions, les angoisses endurées pour le Christ : car lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort.
11 J'ai fait le fou ! C'est vous qui m'y avez contraint. C'est vous qui auriez dû vous charger de faire mon éloge. Car je n'ai nullement été inférieur à ces archiapôtres, bien que je ne sois rien. 12 Les signes distinctifs de l'apôtre ont été à l'œuvre parmi vous : patience à toute épreuve, miracles, prodiges, actes de puissance. 13 Qu'avez-vous eu de moins que les autres Églises, sinon que je ne vous ai pas été à charge ? Pardonnez-moi cette injustice.
14 Voici que je m'apprête à aller chez vous pour la troisième fois. Et je ne vous serai pas à charge, car ce que je désire, ce ne sont pas vos biens, c'est vous-mêmes. Ce n'est pas aux enfants à thésauriser pour les parents, mais aux parents pour les enfants. 15 Quant à moi, je dépenserai bien volontiers et je me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes, dussé-je en vous aimant davantage, être moins aimé de vous.
16 Soit, dira-t-on, je ne vous ai pas été à charge, mais en fourbe que je suis, je vous ai pris par ruse. 17 Vous aurais-je donc exploités par l'un de ceux que je vous ai envoyés ? 18 J'ai insisté auprès de Tite, et j'ai envoyé avec lui le frère [que vous savez]. Tite vous aurait-il exploités ? N'avons-nous pas marché dans le même esprit, sur les mêmes traces ?
19 Depuis longtemps, vous devez penser que nous nous justifions devant vous. Non ; c'est sous le regard de Dieu et dans le Christ que nous parlons, et tout cela, mes bien-aimés, pour votre édification. 20 Car je crains qu'à mon arrivée je ne vous trouve pas tels que je voudrais et que vous ne me trouviez pas non plus tel que vous voudriez ; je crains de trouver discorde, jalousie, animosités, cabales, diffamations, commérages, insolences, désordres. 21 Je crains qu'à ma prochaine visite, mon Dieu ne m'humilie à votre sujet et que je n'aie à pleurer sur beaucoup d'anciens pécheurs qui n'auront pas fait pénitence pour l'impureté, la fornication et la débauche auxquelles ils se sont livrés.