Amiot-Tamisier – Hébreux 12
DERNIER MOTIF DE PERSÉVÉRANCE : L'EXEMPLE DE JÉSUS ♦ ÉPREUVES À ACCEPTER ET VERTUS À PRATIQUER
12 Ainsi donc, environnés que nous sommes d'une telle nuée de témoins, rejetons tout ce qui nous alourdit et le péché qui nous entrave, et courons avec persévérance dans l'arène qui nous est ouverte, 2 les yeux fixés sur l'Auteur et le Consommateur de notre foi, Jésus, qui, renonçant au bonheur qui lui était offert, a affronté la croix, méprisant l'humiliation, et siège désormais à la droite du trône de Dieu. [2. Jésus est l'auteur de la foi qui est fondée sur lui, ou, selon une autre traduction, le chef qui nous précède et nous guide dans une vie inspirée par la foi ; il en est aussi le consommateur, par la grâce qui la perfectionne et la gloire qui la récompense. Il a choisi la voie de l'ignominie et de l'obéissance jusqu'à la mort sur la Croix (Philippiens II, 5-8), renonçant à une vie de bonheur ici-bas, par laquelle cependant il aurait pu nous sauver. Autre interprétation : c'est en vue de la joie qui lui était offerte, la joie de sa propre glorification et de notre salut, qu'il a accepté l'ignominie de la croix.] 3 Songez à Celui qui a supporté jusqu'au bout dans sa personne une telle hostilité de la part des pécheurs, afin de ne pas vous laisser abattre par le découragement.
4 Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans votre lutte contre le péché, 5 et vous avez oublié l'exhortation [divine] qui vous est adressée comme à des fils :
Mon fils, ne méprise pas la correction du Seigneur, et ne perds pas courage quand il te reprend ; [5. Proverbes III, 11-12.] 6 car le Seigneur corrige celui qu'il aime ; il châtie tous ceux qu'il reconnaît pour ses fils.
7 C'est pour votre correction que vous êtes soumis à l'épreuve : Dieu vous traite comme des fils. Car quel est le fils que son père ne corrige pas ? 8 Si la correction, qui est le partage de tous, vous était épargnée, vous seriez des bâtards et non des fils légitimes. 9 D'ailleurs nous avons ici-bas des pères qui nous ont corrigés et que nous respections ; combien plus ne devons-nous pas nous soumettre au Père des esprits pour avoir la vie ! 10 Eux nous corrigeaient comme ils le jugeaient bon et pour un temps limité ; Lui le fait pour notre bien, afin de nous communiquer sa sainteté. 11 Sur le moment, il est vrai, toute correction paraît un sujet de tristesse plutôt que de joie ; mais dans la suite, elle produit chez ceux qu'elle a formés des fruits de paix et de justice.
12 Relevez donc vos mains défaillantes et vos genoux chancelants ; [12-13. Comparer Isaïe XXXV, 3.] 13 dirigez vos pas dans la voie droite, afin que les boiteux guérissent au lieu de s'égarer.
14 Recherchez la paix avec tous et la sainteté sans laquelle personne ne verra Dieu. 15 Veillez à ce que personne ne se dérobe à la grâce de Dieu et à ce qu'aucune racine amère ne pousse des rejetons, ne cause du désordre et n'infecte toute la masse. [15. Comparer Deutéronome XXIX, 18.] 16 Qu'il n'y ait point d'impudique ni de profanateur, comme Ésaü qui, pour un seul mets, vendit son droit d'aînesse. 17 Vous savez bien que lorsqu'il voulut, dans la suite, obtenir la bénédiction [paternelle], il fut repoussé, et ne put faire revenir [son père sur ses paroles], bien qu'il l'en suppliât avec larmes. [17. Il ne put faire revenir son père ; autre traduction : il n'y eut pour lui aucune possibilité de repentance.]
18 Vous ne vous êtes pas approchés d'une chose qui se puisse toucher, ni d'un feu ardent, ni de la nuée, ni des ténèbres, [18-21. Rappel de la théophanie grandiose et terrible du Sinaï : Exode XIX, 12-19 ; Deutéronome IV, 11-14 ; V, 22-30.] 19 ni de la trompette retentissante, ni de cette voix puissante dont ceux qui l'entendirent supplièrent qu'elle ne leur parlât pas davantage. 20 Ils ne pouvaient en effet supporter cette injonction : Si un animal même touche la montagne, il sera lapidé. 21 Si terrifiant était le spectacle que Moïse dit : Je suis tout épouvanté et tremblant. 22 Vous vous êtes approchés au contraire de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, des myriades d'anges, [22-24. En contraste avec la Loi de crainte, la Loi nouvelle fait approcher de la vraie Jérusalem, qui est la Jérusalem du ciel — du chœur triomphant des anges — de l'assemblée des premiers-nés, c'est-à-dire des chrétiens, assimilés pour les privilèges aux premiers-nés d'Israël et destinés au ciel, où leurs noms sont inscrits (comparer Philippiens III, 20 ; IV, 3) — de Dieu, juge universel et miséricordieux — des justes parvenus à la perfection, c'est-à-dire des défunts déjà introduits dans la béatitude céleste — de Jésus enfin, médiateur et rédempteur, dont le sang parle plus haut que celui d'Abel, car ce dernier criait vengeance, tandis que le sang du Sauveur implore le pardon. On voit reparaître ici une dernière fois l'idée de « perfection ». Remarquer aussi l'idée de « proximité », pareillement caractéristique de l'Épître : IV, 16 ; VII, 25 ; X, 6, 22 ; grâce à l'effusion du sang rédempteur, l'homme est réconcilié avec Dieu et invité à s'approcher de lui avec une entière confiance.] 23 de l'assemblée de fête, de la réunion des premiers-nés inscrits dans les cieux, de Dieu, le juge universel, des esprits des justes parvenus à la perfection, 24 de Jésus enfin, médiateur de la nouvelle Alliance, et du sang de l'aspersion qui parle plus éloquemment que celui d'Abel.
25 Prenez garde ; ne refusez pas d'écouter Celui qui vous parle. Si ceux-là n'ont pas échappé au châtiment qui ont refusé d'écouter Celui qui publiait ses oracles sur la terre, combien plus [n'y échapperons-nous pas], si nous le repoussons maintenant qu'il nous parle du haut des cieux ! [25-29. Citations empruntées à Aggée II, 7 et à Deutéronome IX, 3.] 26 Celui dont la voix jadis ébranla la terre fait aujourd'hui cette promesse : Une fois encore, j'ébranlerai non seulement la terre, mais aussi le ciel. 27 Les mots « une fois encore » l'indiquent bien : les choses ébranlées passeront, parce qu'elles sont créées, afin que subsistent seules celles qui sont inébranlables. 28 Puisque nous entrons en possession d'un Royaume inébranlable, soyons pénétrés de reconnaissance et rendons par là un culte agréable à Dieu, dans le respect et dans la crainte. 29 Car notre Dieu est un feu dévorant.