12 Ayant donc nous-mêmes au-dessus de nous une si grande nuée de témoins, dégageons-nous de ce qui nous appesantit, et du péché qui nous environne de toutes parts, et courons par la patience au combat qui nous est proposé ;
2 Jetant les yeux sur Jésus, l'auteur et le consommateur de la foi*, lequel, ayant en vue l'état de joie qui lui était offert, a soutenu le tourment de la croix, sans se mettre en peine de l'ignominie, et qui maintenant est assis à la droite du trône de Dieu.
L'Apôtre représente ici la vie du chrétien comme une course. Tenons donc nos yeux attachés sur Celui qui est le principe de notre foi, et qui un jour la récompensera, afin de courir comme il a couru lui-même, et qu'à la vue de la couronne nous courions avec courage et avec joie jusqu'à la fin. (S. JEAN CHRYSOSTOME.)
3 Pensez donc en vous-mêmes à Celui qui a supporté une telle contradiction de la part des pécheurs soulevés contre lui, afin que vous ne vous lassiez point, et que vous ne perdiez pas courage.
4 Car vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang, en combattant le péché ;
5 Et vous avez oublié la parole consolante qui s'adresse à vous comme à des enfants : Mon fils, gardez-vous de mépriser la correction du Seigneur, et ne vous laissez point abattre lorsqu'il vous reprend ;
6 Car le Seigneur châtie celui qu'il aime, et il frappe de verges tous ceux qu'il reçoit au nombre de ses enfants.
7 Soutenez constamment la correction ; Dieu en use avec vous comme avec ses enfants. Car quel est l'enfant que son père ne corrige pas ?
8 Si vous n'éprouvez point la correction à laquelle tous les autres ont eu part, vous êtes donc des illégitimes, et non des enfants.
9 D'ailleurs les pères de nos corps nous ont châtiés, et nous ne laissions pas de les respecter : combien plus devons-nous être soumis à Celui qui est le père des esprits, afin d'avoir la vie !
10 Car, quant à nos pères, ils nous châtiaient comme il leur plaisait, pour cette vie qui dure si peu ; mais Dieu nous châtie en vue de ce qui est utile, afin de nous rendre participants de sa sainteté.
11 Or toute correction paraît sur l'heure un sujet de tristesse, et non de joie ; mais ensuite elle fait goûter à ceux qui ont passé par cette épreuve un fruit de justice, qui produit une grande paix.
12 Relevez donc vos mains languissantes et vos genoux défaillants.
13 Marchez d'un pas ferme et droit, afin que, si quelqu'un vient à chanceler, il ne s'égare pas, mais plutôt qu'il se redresse.
14 Recherchez la paix avec tous, et vivez dans la sainteté, sans laquelle personne ne verra Dieu ;
15 Veillant à ce que nul ne manque à la grâce de Dieu, à ce qu'aucune racine amère*, poussant en haut ses rejetons, n'empêche la bonne semence, et ne souille l'âme d'un grand nombre,
Ces racines amères sont les mauvais exemples, les scandales, les doctrines perverses, qui peuvent étouffer ou corrompre les bonnes semences de la vertu.
16 Et à ce qu'il n'y ait point de fornicateur ou de profane, comme Ésaü, qui pour un seul mets vendit son droit d'aînesse.
17 Car sachez qu'après cela, ayant désiré d'avoir, comme premier héritier, la bénédiction de son père, il fut rejeté, et il ne put lui faire changer de résolution, quoiqu'il l'en eût conjuré avec larmes.
18 Vous ne vous êtes pas approchés d'une montagne terrestre, d'un feu brûlant, d'un tourbillon, d'un nuage ténébreux, d'une tempête*,
L'Apôtre compare la bonté de Dieu dans le Nouveau Testament, à la sévérité avec laquelle il avait paru dans l'Ancien ; afin de diminuer, dans l'esprit de quelques Juifs récemment convertis, les idées avantageuses qu'ils avaient pour la loi au préjudice de l'Évangile.
19 Du son d'une trompette et du bruit d'une voix telle que ceux qui l'entendirent supplièrent qu'on ne leur parlât plus.
20 Car ils ne pouvaient supporter cette menace : Si un animal touche la montagne, il sera lapidé.
21 Et, en effet, ce qui apparaissait était si terrible, que Moïse dit lui-même : Je suis effrayé et tremblant.
22 Mais vous vous êtes approchés de la montagne de Sion*, de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, d'une troupe de beaucoup de milliers d'anges,
C'est-à-dire, vous êtes entrés, par le moyen de la foi en Jésus-Christ, dans la société de l'Église, où l'on parvient au salut et à la possession de la béatitude éternelle, figurée par la montagne de Sion et la Jérusalem céleste.
23 De l'Église des premiers-nés, qui sont écrits dans le ciel ; de Dieu, le juge de tous ; des esprits des justes qui sont dans la gloire ;
24 De Jésus, le médiateur de la nouvelle alliance, et de l'aspersion de ce sang qui parle mieux que celui d'Abel*.
Le sang d'Abel demandait vengeance, au lieu que le sang de Jésus-Christ demande le pardon de nos péchés, et nous le procure.
25 Gardez-vous de mépriser celui qui vous parle. Car si nos pères, pour n'avoir pas voulu écouter celui qui leur parlait sur la terre, n'ont pu échapper, à plus forte raison nous ne le pourrons pas, si nous rejetons Celui qui nous parle du haut des cieux,
26 Celui dont la voix alors ébranla la terre, et qui maintenant fait une nouvelle promesse, en disant : Encore une fois, et j'ébranlerai non-seulement la terre, mais aussi le ciel.
27 Or en disant : Encore une fois, il déclare qu'il fera cesser les choses muables, comme faites seulement pour un temps, afin que celles qui sont immuables subsistent*.
Les choses muables, ce sont la loi de Moïse, son sacerdoce et toutes ses cérémonies, établies pour un temps, comme des ombres et des figures, qui devaient disparaître à la venue de Jésus-Christ. Les choses immuables, c'est la nouvelle alliance, qui est éternelle.
28 C'est pourquoi, commençant déjà à posséder ce royaume qui n'est point sujet au changement, conservons la grâce, pour être agréables à Dieu en le servant avec crainte et respect ;
29 Car notre Dieu est un feu consumant.