12 Si vous faites du bien, sachez à qui vous le ferez, et ce que vous ferez de bien plaira beaucoup*.
Faites l'aumône avec discernement. L'Ecclésiastique ne parle pas ici des aumônes ordinaires qu'on donne aux pauvres qui passent ; il parle des assistances plus considérables qu'on donne pour faire subsister ceux qui ont besoin de notre secours. En ces occasions on doit choisir celui qui est humble dans son indigence. Il faut une grande expérience, dit saint Basile, pour discerner ceux qui sont véritablement pauvres d'avec ceux qui font métier de mendier.
2 Faites du bien au juste, et vous en recevrez une grande récompense, sinon de lui, au moins du Seigneur.
3 Car il n'y a point de bien à espérer pour celui qui s'applique toujours au mal, ou qui ne fait point l'aumône, parce que le Très-Haut hait les pécheurs, et qu'il fait miséricorde aux pénitents.
4 Donnez au miséricordieux, et ne relevez pas le pécheur ; car Dieu rendra aux méchants et aux pécheurs ce qu'ils méritent, et il les réserve pour le jour de sa vengeance.
5 Donnez à celui qui est bon, et n'assistez pas le pécheur*.
Il ne s'agit pas ici de donner assistance à un pauvre dans un extrême besoin. La charité nous fait un devoir de secourir même un pécheur public dans la nécessité. Il est défendu seulement d'aider un méchant qui abuse des bienfaits pour faire le mal.
6 Faites du bien à celui qui est humble, et ne donnez point au méchant. Empêchez qu'on ne lui donne du pain, de peur qu'il ne devienne ainsi plus fort que vous ;
7 Car vous trouverez un double mal dans tout le bien que vous lui ferez, parce que le Très-Haut hait les pécheurs, et qu'il exerce sa vengeance contre les méchants.
8 L'ami ne se connaît pas dans la prospérité, et l'ennemi ne peut se cacher dans l'adversité.
9 Quand un homme est heureux, ses ennemis sont tristes, et quand il est malheureux, on connaît son ami.
10 Ne vous fiez jamais à votre ennemi ; car sa malice est comme la rouille, qui revient toujours.
11 Quoiqu'il s'humilie et qu'il aille courbé, soyez vigilant, et gardez-vous de lui*.
La charité prêchée par Jésus-Christ nous oblige à aimer nos ennemis ; mais elle ne défend pas d'user de prudence dans les relations que nous avons avec eux.
12 Ne l'établissez point auprès de vous, et qu'il ne s'asseye point à votre droite, de peur qu'il ne veuille prendre votre place et s'asseoir sur votre siège, et que vous ne reconnaissiez enfin la vérité de mes paroles, qui vous perceront alors jusqu'au cœur.
13 Qui aura pitié de l'enchanteur piqué par le serpent, et de tous ceux qui s'approchent des bêtes ? Ainsi on n'aura point pitié de celui qui s'unit avec le méchant, et se trouve enveloppé dans ses péchés.
14 Il restera une heure avec vous, et s'il vous voit pencher, il ne vous soutiendra pas.
15 Votre ennemi a la douceur sur les lèvres, et dans son cœur il vous tend des pièges pour vous faire tomber dans la fosse.
16 Votre ennemi a la larme à l'œil, et s'il trouve l'occasion, il sera insatiable de votre sang.
17 S'il vous arrive du mal, vous le trouverez le premier.
18 Votre ennemi a les larmes aux yeux, et, feignant de vous secourir, il tâchera de vous faire tomber.
19 Il secouera la tête et battra des mains, et, changeant de visage, il sèmera la calomnie contre vous.