Vigouroux – Psaumes 122
(Hébreu : 122).
L’auteur exprime dans ce psaume la joie que ressentirent les Juifs captifs à Babylone, lorsqu’il leur fut permis de retourner à Jérusalem.
121 Cantique des degrés.
Je me suis réjoui de ce qui m’a été dit : Nous irons dans la maison du Seigneur. [121.1 L’hébreu, le chaldéen, le syriaque et plusieurs autres interprètes ont lu le nom de David en tête de ce psaume, il n’en est pas de même des Septante, de la Vulgate et des Pères. ― Composé peut-être pendant la révolte d’Absalom. ― Ce psaume suppose très clairement l’existence des pèlerinages à Jérusalem, versets 4 à 6, comme règle.][121.1-3 Joie au départ pour Jérusalem ; arrivée à la ville bien bâtie.]2 Nos pieds se sont arrêtés à tes portes (se tenaient dans tes parvis), ô Jérusalem. [121.2 Nos pieds, etc. Avant la captivité nous avons demeuré dans, etc.]3 Jérusalem, qui est bâtie comme une ville, dont toutes les parties se tiennent ensemble. [121.3 Dont les parties, etc. ; littéralement dont la participation est pour une même chose. Or le terme hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par le mot participation signifie jonction, liaison, union. Ainsi le sens de cette dernière partie du verset est que Jérusalem, dont les pierres et les édifices furent dispersés ou détruits pendant longtemps, ont été de nouveau rétablis et rassemblés, de manière à constituer une ville bien habitée et bien peuplée. Comparer à Jérémie, 31, 23-24. ― Quant à l’expression de lui (jus), qui forme un pléonasme, après dont (pléonasme qui se trouve aussi dans les Septante), elle est inutile en grec et en latin, mais elle est nécessaire en hébreu où le pronom appelé relatif sert simplement à exprimer la relation qui est entre une proposition conjonctive et le nom qui est qualifié par cette proposition, sans toutefois remplir, comme dans plusieurs autres langues, la fonction de sujet ou de complément dans la proposition conjonctive elle-même. On voit par là un nouvel exemple de la fidélité avec laquelle la Vulgate reproduit le texte original.]4 Car c’est là que montaient (sont montées) les tribus, les tribus du Seigneur, selon le précepte donné à (le témoignage d’) Israël, pour célébrer (y louer) le nom du Seigneur. [121.4 Les tribus, les tribus du Seigneur ; c’est-à-dire toutes les tribus du Seigneur. Voir milieu des Observations préliminaires, 1°.][121.4-5 Les tribus d’Israël vont là en pèlerinage, selon la prescription (témoignage) faite à Israël, pour y louer le Seigneur et y être jugés par la maison de David.]5 Là ont été établis les trônes de la justice (des tribunaux pour le jugement), les (des) trônes de (pour) la maison de David. [121.5 Des tribunaux, des trônes. La Vulgate, le grec et l’hébreu n’ont employé qu’un seul terme, mais ce terme a, entre autres significations, celles de tribunaux et de trônes, qui conviennent, d’ailleurs parfaitement ici.]6 Demandez des grâces de paix pour Jérusalem, et que ceux qui t’aiment, ô cité sainte, soient dans l’abondance. [121.6-9 Vœux pour la félicité de Jérusalem.]7 Que la paix soit dans tes forteresses (ta force), et l’abondance dans tes tours. [121.7 Force. Le terme hébreu rendu ici dans les Septante et la Vulgate par force, puissance (virtute), est traduit ailleurs dans les mêmes versions par forteresse ou rempart, fortification avancée, avant-mur, armée, troupes, sens qu’il a aussi en divers endroits, et que le contexte lui-même autorise certainement dans ce verset.]8 A cause de mes frères et de mes proches, j’ai demandé pour toi la paix (je parlais paix à ton sujet). [121.8 Ce verset et le suivant contiennent la réponse des Israélites que l’on a exhortés, dans les précédents, à donner des bénédictions à Jérusalem. ― Mes frères et mes proches ; qui me sont unis par la religion et qui demeurent dans ton enceinte. ― Je parlais, etc. ; c’est-à-dire je te souhaitais la paix.]9 A cause de la maison du Seigneur notre Dieu, j’ai cherché (des biens) pour toi le bonheur. [121.9 A cause de la maison, etc. ; en considération du temple du Seigneur et de l’arche d’alliance que tu as le bonheur de posséder. ― J’ai cherché à te procurer toutes sortes de biens. ― La Jérusalem terrestre est la figure de la Jérusalem céleste, aussi les sentiments exprimés dans ce psaume conviennent-ils parfaitement au chrétien qui aspire au ciel. « Je me suis réjoui, etc. verset 1. Il est donc vrai que nous irons à la maison du Seigneur… Que les enfants du siècle se livrent à la fureur de leurs passions. Pour nous, enfants de lumières, hommes de désirs, nous demeurerons immobiles sur le seuil de la porte du Temple de Jérusalem ; nous n’aurons de conversation et de commerce que dans le ciel ; notre cœur sera tout entier là où est notre véritable trésor… Car là sont montées les tribus, les tribus du Seigneur. Que leur sort est désirable ! Nous sommes au vestibule, et ils ont pénétré jusqu’au Saint des Saints ; nous craignons et ils sont dans l’assurance ; nous combattons et ils triomphent ; nous souffrons et ils sont enivrés d’un torrent de voluptés ; nous croyons et ils voient ; nous espérons et ils possèdent ; nous gémissons et ils louent ; nous prions et ils louent. ― Pour y louer le nom du Seigneur. Voilà la seule ambition qui nous soit permise. Tout ce qui n’est pas la céleste Jérusalem est indigne de nous ; ne souhaitons, ne demandons que les biens et la paix qu’elle renferme. ― Demandez ce qui importe à la paix de Jérusalem. Ne songeons qu’au ciel, ne cherchons que le ciel, n’amassons que pour le ciel ; ne vivons que dans le ciel. ― A cause de la maison du Seigneur notre Dieu, j’ai cherché des biens pour toi. » (L’abbé POULLE.)]