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Bible de Jérusalem – Job 13

13 Tout cela, je l’ai vu de mes yeux,
entendu de mes oreilles, et compris.
2 J’en sais, moi, autant que vous,
je ne vous cède en rien.
3 Mais c’est à Shaddaï que je parle,
à Dieu que je veux présenter mes griefs.
4 Vous, vous n’êtes que des charlatans,
des médecins de fantaisie !
5 Qui donc vous imposera le silence,
la seule sagesse qui vous convienne !
6 Écoutez, je vous prie, mes griefs,
soyez attentifs au plaidoyer de mes lèvres.f

f Job revient à la procédure juridique, cf. v. 18 et Job 9.14. Il veut interroger Dieu lui-même, écartant les faux sages qui se font audacieusement ses avocats.

7 Est-ce pour Dieu que vous proférez des paroles injustes,
pour lui ces propos mensongers ?
8 Prenez-vous ainsi son parti,
est-ce pour Dieu que vous plaidez ?
9 Serait-il bon qu’il vous scrutât ?
L’abuse-t-on comme on abuse un homme ?
10 Il vous infligerait une sévère réprimande
pour votre partialité secrète.
11 Est-ce que sa majesté ne vous effraie pas ?
Sa terreur ne fond-elle pas sur vous ?
12 Vos leçons apprises sont des sentences de cendre,
vos défenses, des défenses d’argile.
13 Faites silence ! C’est moi qui vais parler,
quoi qu’il m’advienne.
14 Je prends ma chair entre mes dents,
je place ma vie dans mes mains,g

g On supprime les deux premiers mots, dittographie de la fin du v. 13. — Ces locutions d’allure proverbiale signifient qu’on risque sa vie, qu’on joue le tout pour le tout, cf. Jg 12.3 ; 1 S 19.5 ; 28.21.

15 il peut me tuer : je n’ai d’autre espoir
que de défendre devant lui ma conduite.h

h Plutôt que de voir restaurer son bonheur, Job veut venger son honneur aux yeux des hommes et surtout de Dieu.

16 Et cela même me sauvera,
car un impie n’oserait comparaître en sa présence.

17 Écoutez, écoutez mes paroles,
prêtez l’oreille à mes déclarations.
18 Voici : je vais procéder en justice,i
conscient d’être dans mon droit.

i Job imagine un procès entre Dieu et lui. Il oublie cette fois qu’il n’existe pas d’arbitre au-dessus des parties, Job 9.32-33. Il réduit maintenant son juge au rôle d’adversaire.

19 Qui veut plaider contre moi ?j
D’avance, j’accepte d’être réduit au silence et de périr !

j Job retourne contre Dieu le défi juridique que Yahvé, Isa 1.18 ; Os 2.4 ; Mi 6.1-2, ou son Serviteur, Isa 50.8, lançait à son peuple. Le second stique, litt. « car dès maintenant je me tairai et je périrai », peut être encore une formule juridique. Celui qui défie les contradicteurs accepte d’avance d’être confondu et de subir la peine. Job, sûr de son droit, y consent.

20 Fais-moi seulement deux concessions,k
alors je ne me cacherai pas loin de ta face :

k D’abord, rencontrer Dieu sur un pied d’égalité et recouvrer sa liberté. Ensuite un ordre du débat Job parlera le premier.

21 Écarte ta main qui pèse sur moi
et ne m’épouvante plus par ta terreur.
22 Puis engage le débat et je répondrai ;
ou plutôt je parlerai et tu me répliqueras.
23 Combien de fautes et de péchés ai-je commis ?
Dis-moi quelle a été ma transgression, mon péché ?
24 Pourquoi caches-tu ta facel
et me considères-tu comme ton ennemi ?

l Dieu « cache sa face » lorsqu’il refuse les signes de sa présence gracieuse et favorable.

25 Veux-tu effrayer une feuille chassée par le vent,
poursuivre une paille sèche ?
26 Toi qui rédiges contre moi d’amères sentences
et m’imputes mes fautes de jeunesse,
27 qui as mis mes pieds dans les ceps,
observes tous mes sentiers
et prends l’empreinte de mes pas !
28 Et luim s’effrite comme un bois vermoulu,
ou comme un vêtement dévoré par la teigne,

m L’homme dont parle le v. suivant ; c’est pourquoi certains critiques proposent de lire ce v. après Job 14.2 ou Job 14.6.

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