Vigouroux – Psaumes 137
(Hébreu : 137).
Le Psalmiste représente les Juifs captifs à Babylone comme n’ayant d’autre joie et d’autre consolation que celles que leur donnent le souvenir de Jérusalem et l’espérance d’y retourner.
136 Psaume de David, par (à) Jérémie.
Au bord des fleuves de Babylone nous nous sommes assis, et nous avons pleuré, en nous souvenant de Sion. [136 A Jérémie ; ou de Jérémie, pour Jérémie. Cette inscription n’est pas dans l’hébreu, ni dans le chaldéen. ― Ce titre est difficile à expliquer ; il est formellement rejeté par Théodoret.][136.1 Sur les fleuves de Babylone. Babylone était arrosée par l’Euphrate et par de nombreux et grands canaux qui portaient le nom de nahar, en babylonien comme en hébreu, et c’est ce mot qui est traduit par fleuves.][136.1-9 Ce psaume, l’un des plus beaux et des plus touchants, nous représente les Juifs captifs à Babylone, ne pouvant goûter aucune joie loin de leur patrie. Le patriotisme et la religion ne peuvent pas s’élever plus haut. « La poésie touchante de ce psaume, son sentiment si profond, si vrai, si mélancolique et si naturel, est passé dans l’âme des masses et l’a rendu populaire. Il répond à toutes les notes plaintives du cœur humain, à toutes les amertumes et à tous les regrets, à toutes les aspirations et à tous les mécomptes, à toutes les douleurs, à tous les gémissements… des espérances déçues pour les individus comme pour les nations. » (F. CLAUDE.) ― Voici la suite des pensées : Versets 1 et 2 : Les Juifs captifs à Babylone ont suspendu leurs lyres aux saules pleureurs des bords de l’Euphrate, et ils versent des larmes au souvenir de Sion. ― Verset 3 : Chantez-nous un cantique de Sion, leur disent leurs maîtres. ― Versets 4 à 6 : Comment chanter les louanges du Seigneur sur la terre étrangère ? Plutôt m’oublier moi-même qu’oublier Jérusalem ! ― Verset 7 : Prière à Dieu contre l’Idumée, qui, à l’époque de la ruine de Jérusalem, s’était rangée parmi les ennemis de la Judée. ― Versets 8 et 9 : Souhaits contre Babylone, qui a opprimé Juda.]2 Aux saules qui étaient là nous avons suspendu nos instruments. [136.2 Aux saules. Le saule est si abondant sur les rives de l’Euphrate qu’on appelle cet arbre salix babylonica.]3 Car ceux qui nous avaient emmenés captifs nous demandaient de chanter des cantiques (les paroles de nos chants) ; ceux qui nous avaient enlevés disaient : Chantez-nous quelqu’un des hymnes (un hymne des cantiques) de Sion. 4 Comment chanterons-nous le (un) cantique du Seigneur dans une terre étrangère ? 5 Si je t’oublie, ô Jérusalem, que ma main droite soit mise en oubli. [136.5 « Combien cette apostrophe à Jérusalem rend-elle tendre et touchant le discours de ce Juif exilé ! Il croit la voir, l’entretenir, lui protester avec serment qu’il consent à perdre la voix et l’usage de la langue, aussi bien que de ses instruments, plutôt que de l’oublier en prenant part aux fausses joies de Babylone. » (ROLLIN.)]6 Que ma langue s’attache à mon palais (gosier), si je ne me souviens point de toi, si je ne place pas Jérusalem au premier rang (principe) de mes joies. 7 Souvenez-vous, Seigneur, des enfants d’Edom, qui, au jour de (la ruine de) Jérusalem, disaient : Exterminez, exterminez (Réduisez à néant, réduisez à néant en elle) jusqu’à ses fondements. [136.7 Les fils d’Edom ; c’est-à-dire les Iduméens qui, s’étant joints aux soldats de l’armée de Nabuchodonosor, les animèrent contre les Juifs, leurs propres frères, et les aidèrent à détruire Jérusalem jusqu’aux fondements. Comparer à Jérémie, 12, 6 ; 25, 14 ; chapitre 49 ; Lamentations de Jérémie, 4, vv. 12, 21 ; Ezéchiel, 25, 12 ; Abdias. ― Au jour de Jérusalem, au jour où elle fut châtiée et vaincue.]8 Malheur à toi, (Malheureuse) fille de Babylone ! Heureux celui qui te rendra le mal (la rétribution) que tu nous as fait. [136.8 Fille de Babylone ; hébraïsme pour habitants de Babylone.]9 (Bien)Heureux celui qui saisira tes petits enfants, et les brisera contre la pierre. [136.9 Bienheureux, etc. Cette prophétie se trouve aussi dans Isaïe, 13, 16.]