Vigouroux – Psaumes 139
(Hébreu : 139).
David implore le secours de Dieu contre ses ennemis, et il prédit que le mal qu’ils lui veulent faire retombera sur eux.
138 Pour la fin, psaume de David.
Seigneur, vous m’avez sondé (éprouvé) et vous me connaissez (m’avez connu) ; [138.1 Seigneur, vous m’avez éprouvé, etc. Dans tout ce psaume, l’auteur s’attache à montrer que le Seigneur l’a éprouvé, examiné, pénétré et connu parfaitement dans son être, ses pensées, ses sentiments, ses actions, en un mot, tout ce qui le concerne.][138.1-24 Ce beau psaume est un des plus riches en enseignements théologiques sur la nature de Dieu. Dans une première partie, versets 1 à 12, David dépeint la science infinie et l’immensité divine, à qui rien ne peut échapper ; dans la seconde, versets 13 à 18, il loue le Seigneur qui donne la vie à l’homme, et à qui même les phases primitives de notre existence ne sont pas cachées, non plus que notre destinée future, tandis que nous, nous ne savons rien de toutes ces choses ; enfin, dans une troisième, versets 19 à 24, il s’élève contre les ennemis du Créateur, et demande à être lui-même éprouvé et purifié. Dieu connaît tout, il connaît donc aussi la différence qui existe entre David, son serviteur fidèle, et le méchant.]2 vous savez quand je m’assieds et quand je me lève (mon coucher et mon lever). [138.2 Mon coucher ; littéralement mon reposer, mon repos de la nuit. C’est le vrai sens du sessionem de la Vulgate, expliqué par le texte original ; car le thème hébreu correspondant signifie non seulement s’asseoir, s’établir, mais aussi prendre du repos, se reposer ; et à Psaumes, 131, 3, il a incontestablement le sens de se reposer la nuit ; sens que le contexte exige d’ailleurs ici. ― Mon coucher et mon lever signifie toutes mes actions.]3 Vous avez discerné (compris) de loin mes pensées ; vous avez remarqué mon (observé mes) sentier(s) et mes démarches (le cours de ma vie), 4 et vous avez prévu toutes mes voies ; et avant même qu’une parole soit sur ma langue, vous la savez (car il n’y a point de parole sur ma langue). 5 Voici, Seigneur, que vous connaissez toutes choses, les nouvelles et les anciennes. C’est vous qui m’avez formé, et vous avez mis votre main sur moi. 6 Votre science merveilleuse est au-dessus de (est devenue admirable pour) moi ; elle me surpasse (est affermie), et je ne saurais l’atteindre. [138.6 Votre science, etc., pour moi, c’est-à-dire à mes yeux ; ou bien : La connaissance que vous avez de moi est admirable ; ou bien encore : Votre science s’est élevée admirablement au-dessus de moi.]7 Où irai-je pour me dérober à votre esprit, et où m’enfuirai-je de devant votre face ? 8 Si je monte au ciel, vous y êtes ; si je descends dans l’enfer, vous y êtes présent. [138.8 Voir Amos, 9, 2.]9 Si je prends des (mes) ailes dès l’aurore, et que j’aille habiter aux extrémités de la mer, 10 c’est (là encore) votre main qui m’y conduira, et votre droite me saisira. 11 Et j’ai dit : Peut-être que les ténèbres me couvriront ; mais la nuit (même) devient ma (est une) lumière dans mes délices (plaisirs). 12 Car les ténèbres n’ont pas d’obscurité pour vous ; la nuit brille comme le jour, et ses ténèbres sont comme la lumière du jour. [138.12 Comme sont, etc. Vous y voyez la nuit comme le jour.]13 Car vous avez formé (qui êtes en possession de) mes reins ; vous m’avez reçu dès le sein de ma mère. [138.13 C’est vous, etc. (Tu possedisti) ; Septante, vous avez acquis ; ce qui est un des sens de l’hébreu, qui signifie aussi faire, former ; signification que nous croyons être la véritable dans ce passage-ci. — Reins, mot par lequel les Hébreux désignaient aussi ce qu’il y a de plus intime dans l’homme, le fond de l’âme. ― Vous m’avez reçu, etc. Voir Psaumes, 21, 11.]14 Je vous louerai de ce que (glorifierai parce que vous avez montré) votre grandeur (a éclaté) d’une manière étonnante ; vos œuvres sont admirables, et mon âme en est toute pénétrée (le reconnaît parfaitement). 15 Mes os ne vous sont point cachés, à vous qui les avez faits dans le secret ; non plus que ma substance, formée comme au fond (dans les parties inférieures) de la terre. [138.15 Mes os ; littéralement mon os ; c’est-à-dire chacun de mes os. Ici, comme en bien d’autres endroits de l’Ecriture, la partie se met pour le tout. ― Dans le secret ; littéralement dans le caché ; dans le sein de ma mère. ― Les parties inférieures de la terre désignent le tombeau ou même l’enfer, c’est-à-dire les limbes. Comparer à Ephésiens, 4, 9.]16 Vos yeux m’ont vu lorsque j’étais (ont vu mon corps) encore informe, et tous les hommes s(er)ont écrits dans votre livre. Vous déterminez leurs jours avant qu’aucun d’eux n’existe (il se formera des jours dans lesquels il n’y aura personne). [138.16 Encore informe, à l’état d’embryon. ― Il se formera, etc. ; viendront des jours où il n’existera plus personne.]17 O Dieu, que vos amis sont singulièrement honorés à mes yeux (extrêmement honorables) ! Leur empire s’est extraordinairement affermi. 18 Si j’entreprends de les (Je les) compter(ai), leur nombre surpasse celui du sable de la mer. Et quand je m’éveille, je suis encore avec vous. [138.18 Je les compterai, etc. ; hébraïsme, pour si je le compte, je les trouverai etc. ― Je me suis réveillé, etc. ; quand je me réveille, je suis aussitôt occupé de vous, je pense à vous.]19 O Dieu, si vous tuez les pécheurs, hommes de sang, éloignez-vous de moi ; [138.19 De sang ; littéralement de sangs. Voir Psaumes, 5, 7.]20 vous qui dites dans votre pensée : C’est en vain, Seigneur, que les justes (qu’ils) posséderont vos villes. [138.20 Parce que vous dites en vous-mêmes au Seigneur : C’est en vain que vous donnerez vos cités aux Israélites, nous saurons bien les en chasser malgré vous.]21 Seigneur, n’ai-je pas haï ceux qui vous haïssaient ? et n’ai-je pas séché d’horreur à cause de vos ennemis ? 22 Je les haïssais d’une haine parfaite, et ils sont devenus mes ennemis. 23 O Dieu, éprouvez-moi, et connaissez (comprenez) mon cœur ; interrogez-moi, et connaissez mes sentiers. 24 Voyez si la (une) voie de l’iniquité se trouve en moi, et conduisez-moi dans la voie éternelle.