14 Le Seigneur parla à Moïse, et lui dit :
2 Dites aux enfants d'Israël qu'ils retournent, et campent devant Phihahiroth, qui est entre Magdala et la mer, vis-à-vis de Béelséphon. Vous établirez votre camp vis-à-vis de ce lieu, près de la mer.
3 Pharaon dira des enfants d'Israël : Ils sont resserrés dans des lieux étroits, et renfermés dans le désert.
4 Je lui endurcirai le cœur, et il vous poursuivra ; je serai glorifié dans Pharaon et dans toute son armée, et les Égyptiens sauront que je suis le Seigneur. Les enfants d'Israël firent ainsi.
5 Et l'on annonça au roi des Égyptiens que les Hébreux étaient en fuite*. Le cœur de Pharaon et de ses serviteurs fut changé à l'égard de ce peuple, et ils dirent : Qu'avons-nous fait en laissant aller Israël, afin qu'il ne nous soit plus assujetti ?
Voyant le changement subit de direction dans la marche des Israélites, les espions de Pharaon comprirent aussitôt qu'ils étaient partis pour ne plus revenir. Ils en prévinrent immédiatement le prince, qui se mit aussitôt à leur poursuite.
6 Il fit atteler son char de guerre, et prit avec lui tout son peuple.
7 Il emmena aussi six cents chars d'élite, et tout ce qui se trouva de chars de guerre en Égypte, avec les chefs de toute l'armée.
8 Le Seigneur endurcit le cœur de Pharaon, roi d'Égypte, qui se mit à poursuivre les enfants d'Israël. Mais ceux-ci étaient sortis sous la conduite d'une main puissante.
9 Les Égyptiens poursuivaient donc les Israélites, et, marchant sur leurs traces, les trouvèrent dans leur camp près de la mer. Toute la cavalerie et les chars de Pharaon, avec l'armée entière, étaient à Phihahiroth, vis-à-vis de Béelséphon.
10 Pharaon approchait, lorsque les enfants d'Israël, levant les yeux, aperçurent les Égyptiens derrière eux, et furent saisis d'une grande frayeur*. Ils crièrent vers le Seigneur,
Suivant les calculs humains, les Israélites étaient perdus sans ressource. Ils ne pouvaient s'échapper d'aucun côté. L'armée égyptienne allait les réduire de nouveau en servitude, quand Dieu les délivra miraculeusement.
11 Et dirent à Moïse : Peut-être n'y avait-il point de sépulcres en Égypte ? c'est pour cela que vous nous avez amenés ici, afin que nous mourions dans le désert. Pourquoi avez-vous voulu nous faire sortir de l'Égypte ?
12 N'était-ce pas là ce que nous vous disions en Égypte : Retirez-vous de nous, afin que nous servions les Égyptiens ? Car il valait beaucoup mieux leur être assujettis, que de mourir dans le désert.
13 Moïse répondit au peuple : Ne craignez point ; demeurez fermes, et considérez les merveilles que le Seigneur doit faire aujourd'hui ; car ces Égyptiens que vous voyez devant vous, vous ne les verrez plus jamais.
14 Le Seigneur combattra pour vous, et vous demeurerez dans le silence*.
C'est-à-dire, sans avoir rien à faire, ni pour vous défendre ni pour attaquer.
15 Le Seigneur dit ensuite à Moïse : Pourquoi criez-vous vers moi ? Dites aux enfants d'Israël de partir.
16 Pour vous, levez votre verge, et étendez votre main sur la mer ; et divisez-la, afin que les enfants d'Israël marchent à pied sec au milieu de la mer.
17 J'endurcirai le cœur des Égyptiens, afin qu'ils vous poursuivent ; et je serai glorifié dans Pharaon et dans toute son armée, dans ses chars et dans sa cavalerie.
18 Et les Égyptiens sauront que je suis le Seigneur, lorsque je serai ainsi glorifié dans Pharaon, dans ses chars et dans sa cavalerie.
19 Alors l'ange de Dieu qui marchait devant le camp des Israélites alla derrière eux, et avec lui la colonne de nuée quitta la tête du peuple,
20 Et se tint entre le camp des Égyptiens et le camp d'Israël ; et la nuée était ténébreuse d'un côté, et de l'autre elle éclairait la nuit, en sorte que les deux armées ne purent s'approcher l'une de l'autre pendant la nuit.
L'ARMÉE DE PHARAON ENGLOUTIE DANS LA MER ROUGE.
21 Moïse ayant étendu sa main sur la mer, le Seigneur l'entr'ouvrit, en faisant souffler un vent violent et brûlant durant toute la nuit ; il la sécha, et l'eau fut divisée*.
Un passage libre s'ouvrit en un moment au milieu de la mer, et un champ couvert d'herbes au plus profond des abîmes. (Sag., XIX, 7.)
22 Les enfants d'Israël s'engagèrent au milieu de cette mer desséchée ; à droite et à gauche, les eaux s'élevèrent comme une muraille.
23 Les Égyptiens, marchant après eux, les poursuivirent au milieu de la mer, avec toute la cavalerie de Pharaon, ses chars et ses cavaliers.
24 La veille du matin* était venue ; le Seigneur, regardant le camp des Égyptiens au travers de la colonne de feu et de nuée, extermina leur armée.
Les Juifs, comme les Romains, partageaient la nuit en quatre veilles. La veille du matin commençait au lever de l'aurore.
25 Il renversa les roues des chars, et ils furent entraînés au fond de la mer. Les Égyptiens dirent alors : Fuyons Israël, car le Seigneur combat pour lui contre nous *.
Les Égyptiens furent accablés en même temps par un violent orage, accompagné d'éclairs et de tonnerres. (Voy. Exode, XV, 7. — Ps. LXXVI, 16, 17 et 18.)
26 En même temps le Seigneur dit à Moïse : Étendez votre main sur la mer, afin que les eaux retournent sur les Égyptiens, sur leurs chars et sur leurs cavaliers.
27 Moïse étendit la main sur la mer, et dès la pointe du jour elle retourna dans son lit. Ainsi les eaux vinrent à la rencontre des Égyptiens qui s'enfuyaient, et le Seigneur les enveloppa au milieu des flots.
28 Les eaux retournèrent, couvrirent et les chars et les cavaliers de toute l'armée de Pharaon, qui étaient entrés dans la mer à la poursuite d'Israël ; pas un seul n'échappa.
29 Mais les enfants d'Israël traversèrent la mer à pied sec ; les eaux à droite et à gauche s'élevaient comme une muraille.
30 En ce jour-là le Seigneur délivra Israël de la main des Égyptiens.
31 Et ils virent les cadavres des Égyptiens sur le rivage de la mer, et la grande puissance que le Seigneur avait déployée contre eux. Le peuple craignit le Seigneur ; il eut foi dans le Seigneur et en Moïse son serviteur*.
Le passage miraculeux de la mer Rouge est un fait historique qui ne saurait être révoqué en doute. Ceux qui ont cherché à l'expliquer par des causes naturelles, connues de Moïse, sont forcés d'admettre un concours de circonstances qui ne serait pas moins merveilleux que le récit de l'écrivain sacré.