14 Heureux l’homme qui n’a pas péchéy en paroles
et qui n’est pas tourmenté par le regret de ses fautes.
y Littéralement « n’a pas trébuché ». — Beaucoup de Ps chantent ainsi le bonheur des cœurs purs, cf. Ps 1 ; 32 ; 41 ; 119 ; 128, par opposition aux « heureux » de ce monde. C’est déjà l’annonce des béatitudes évangéliques, Mt 5.1-12.
2 Heureux l’homme qui ne se fait pas à lui-même de reproches
et qui ne sombre pas dans le désespoir.
3 À l’homme mesquin ne sied pas la richesse,
et pour l’homme cupide à quoi bon de grands biens ?
4 Qui amasse en se privant amasse pour autrui,
de ses biens d’autres se repaîtront.
5 Celui qui est dur pour soi-même, pour qui serait-il bon ?
Il ne jouit même pas de ses propres biens.
6 Il n’y a pas homme plus cruel que celui qui se torture soi-même,
c’est là le salaire de sa méchanceté.
7 S’il fait du bien, c’est par mégarde,
finalement il laisse voir sa méchanceté.
8 C’est un méchant, l’homme aux regards cupides,
qui détourne les yeuxz et méprise la vie d’autrui.
z De ceux qui ont besoin de son secours.
9 L’homme jaloux n’est pas content de ce qu’il a,
la cupiditéa dessèche l’âme.
a « la cupidité », litt. « l’œil mauvais », conj. ; « l’iniquité mauvaise » grec (confusion entre `ayin et `awon, mais le texte hébr. que nous connaissons est différent).
10 L’avare est chiche de pain
et la disette est sur sa table.
11 Mon fils, si tu as de quoi, traite-toi bien,
et présente au Seigneur les offrandes qu’il demande.
12 N’oublie pas que la mort ne tardera pas
et que le pacte du shéolb ne t’a pas été révélé.
b Probablement le décret qui fixe la date de la mort, cf. Isa 28.15, 18.
13 Avant de mourir fais du bien à tes amis
et selon tes moyens sois libéral.
14 Ne te refuse pas le bonheur présent,
ne laisse rien échapper d’un légitime désir.
15 Ne laisseras-tu pas à d’autres ta fortune ?
Et tes biens ne seront-ils pas partagés par le sort ?
16 Offre et reçois, trompe tes soucis,
ce n’est pas au shéol qu’on peut chercher la joie.
17 Toute chair s’use comme un vêtement,
la loi éternelle c’est qu’il faut mourir.
18 Comme le feuillage verdoyant sur un arbre touffu,
tantôt tombe et tantôt repousse,
ainsi les générations de chair et de sang :
les uns meurent et les autres naissent.
19 Toute œuvre corruptible périt
et son auteur s’en va avec elle.c
c Hébr. « Toutes les actions de l’homme sont vouées à la corruption, et l’œuvre de ses mains le suivra », c’est-à-dire le suivra dans la corruption. Ap 14.13 transpose cette pensée les œuvres suivent le fidèle dans la splendeur de la vie nouvelle. Ces réflexions sont pour Qohélet un sujet d’étonnement et même de scandale. Ben Sira n’y voit qu’une leçon de détachement.
20 Heureux l’homme qui médite sur la sagesse
et qui raisonne avec intelligence,
21 qui réfléchit dans son cœur sur les voies de la sagesse
et qui s’applique à ses secrets.d
d Cf. le Ps 119, en particulier les vv. 15, 23, 148 sur le bonheur que donne la méditation de la Loi. Ici l’objet de l’étude est la sagesse, qui se découvre surtout dans les proverbes et les maximes des sages.
22 Il la poursuit comme le chasseur,
il est aux aguets sur sa piste ;
23 il se penche à ses fenêtres
et écoute à ses portes ;
24 il se poste tout près de sa demeure
et fixe un pieu dans ses murailles ;e
e Pour y fixer sa propre tente. — Plusieurs images sont employées pour caractériser la recherche de la sagesse celle du chasseur qui la poursuit, de l’espion qui tente de surprendre ses paroles, du nomade qui campe sous son ombre.
25 il dresse sa tente à proximité
et s’établit dans une retraite de bonheur ;
26 il place ses enfants sous sa protection
et sous ses rameaux il trouve un abri ;
27 sous son ombre il est protégé de la chaleur
et il s’établit dans sa gloire.f
f Cette « gloire » (hébr. « refuge ») désigne peut-être la nuée qui manifestait la présence de Yahvé, cf. Ex 16.10 ; 24.16. C’est la shekinah (« Présence ») de la littérature rabbinique.