Amiot-Tamisier – 1 Corinthiens 15
PREUVES DE LA RÉSURRECTION DU CHRIST ♦ ELLE GARANTIT LA RÉSURRECTION DES FIDÈLES ♦ MODE DE LA RÉSURRECTION
15 Je vous rappelle, frères, l'Évangile que je vous ai prêché, que de votre côté vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes, 2 par lequel aussi vous serez sauvés, si vous le gardez tel que je vous l'ai prêché. Sinon, vous auriez cru en vain.
3 Je vous ai, en effet, transmis en premier lieu ce que j'avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures ; [3. suiv. L'esprit grec, même lorsqu'il admettait une survie après la mort, répugnait extrêmement à la doctrine de la résurrection. La philosophie platonicienne considérait le corps comme une prison impure dont l'âme était délivrée par la mort.][3-8. Le style stéréotypé fait songer à un symbole de foi, que saint Paul reproduirait ici. Son témoignage sur la résurrection du Christ est d'une importance capitale ; c'est l'attestation écrite la plus ancienne que nous possédions. La liste contient des apparitions de Jérusalem et de Galilée et en ajoute à celles que rapportent les Évangiles : les cinq cents frères et Jacques. L'Ancien Testament avait prédit la mort expiatrice et la résurrection du Messie : Psaumes II, 7 suiv. ; XVI, 8-11 ; Isaïe LIII.] 4 qu'il a été enseveli et qu'il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures 5 qu'il est apparu à Céphas, puis aux Douze. 6 Ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois — la plupart d'entre eux sont encore vivants, quelques-uns sont morts. — 7 Ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. 8 En tout dernier lieu, il m'est apparu à moi aussi, comme à l'avorton.
9 Je suis le moindre des apôtres, je ne suis pas digne de porter le nom d'apôtre parce que j'ai persécuté l'Église de Dieu. 10 C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce à mon égard n'a pas été stérile, bien au contraire ; j'ai travaillé plus qu'eux tous, non pas moi, à la vérité, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. 11 Bref, eux ou moi, voilà ce que nous prêchons, voilà ce que vous avez cru.
12 Or, si l'on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment certains d'entre vous peuvent-ils prétendre qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? [12-16. Si la résurrection des morts est chose impossible, il faut conclure que le Christ n'est pas ressuscité non plus. Dès lors, la prédication apostolique et la foi chrétienne, dont la résurrection du Christ constitue un point essentiel, deviennent sans objet.] 13 S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n'est pas ressuscité. 14 Et si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est sans objet, sans objet aussi votre foi. 15 Bien plus, nous sommes convaincus de faux témoignage à l'égard de Dieu en témoignant contre Dieu qu'il a ressuscité le Christ, alors que de fait il ne l'a pas ressuscité, s'il est vrai que les morts ne ressuscitent pas. 16 Car enfin si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité. 17 Et si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés. [17-19. Si le Christ n'est pas ressuscité, la foi est vaine ; l'œuvre du Sauveur a été un échec, et les morts ont irrémédiablement péri (l'Apôtre n'envisage pas une survie de l'âme qui ne serait pas finalement couronnée par la résurrection du corps). L'austérité de la vie chrétienne devient un leurre.] 18 Donc aussi ceux qui sont morts dans le Christ ont péri [entièrement]. 19 Si c'est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espoir dans le Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes.
20 Mais non, le Christ est bien ressuscité des morts, prémices de ceux qui sont morts. [20-22. Il y a un lien nécessaire entre la résurrection du Christ et la nôtre, comme entre la mort du premier homme et notre mort. Comparer Romains V, 12-21.] 21 Car c'est par un homme que la mort est venue, et c'est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. 22 De même en effet que tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront dans le Christ. 23 Chacun à son rang, toutefois : en tête le Christ, comme prémices, ensuite ceux qui sont au Christ, lors de sa Venue. [23. Lors de sa venue : littéralement, de sa parousie.] 24 Puis ce sera la fin, quand il remettra le Royaume à Dieu le Père, après avoir anéanti toute Principauté, Domination et Puissance. [24. Puis ce sera la fin, non après un intervalle temporel, mais comme conséquence immédiate de la résurrection. Ayant soumis successivement tous ses ennemis et en dernier lieu la mort (la citation est tirée du Psaume VIII, 7 ou peut-être CX, 1), le Christ remettra à son Père le pouvoir qu'il exerçait comme médiateur et chef de l'Église militante.] 25 Il faut en effet qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. 26 Le dernier ennemi anéanti, c'est la mort, 27 car Dieu a tout mis sous ses pieds. Mais quand il dira : Tout est soumis, c'est évidemment à l'exception de Celui qui lui aura soumis toutes choses. 28 Quand toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous.
29 Autrement, que signifierait la pratique de ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si absolument les morts ne ressuscitent pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux ? [29. Le baptême pour les morts, peut-être sorte de suffrage pour les défunts dont la nature ne nous est pas connue.] 30 Et nous-mêmes, pourquoi à toute heure nous exposer au danger ? 31 C'est chaque jour que je meurs ; aussi vrai, frères, que vous êtes notre fierté dans le Christ Jésus, notre Seigneur ! 32 Si c'est dans des vues humaines que j'ai combattu contre les bêtes à Éphèse, quel avantage m'en revient-il ? Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons. [32. C'est métaphoriquement que l'Apôtre a combattu contre les bêtes. La citation est d'Isaie XXII, 13.] 33 Ne vous y trompez pas : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. 34 Revenez au bon sens, comme il convient, et ne péchez pas ; car il y en a parmi vous qui ignorent tout de Dieu, je le dis à votre honte.
35 Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps reviennent-ils ? [35-44. La comparaison est prise de la différence entre la semence et la plante qui en sort, ainsi que de la variété des êtres vivants et des astres. Il y a une différence analogue entre le corps mortel et le corps ressuscité.] 36 Insensé, ce que toi tu sèmes ne reprend pas vie s'il ne meurt auparavant. 37 Et ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps qui sera un jour, mais un simple grain, du froment par exemple, ou quelque autre semence ; 38 et Dieu lui donne un corps à son gré, à chaque semence un corps particulier. 39 La chair n'est pas partout la même : autre est celle des hommes, autre celle du bétail, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons. 40 Il y a des corps célestes et des corps terrestres, mais là encore autre l'éclat des corps célestes, autre l'éclat des corps terrestres. 41 Autre l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune, autre l'éclat des étoiles ; une étoile même diffère en éclat d'une autre étoile.
42 Ainsi en est-il de la résurrection des morts. On sème de la corruption, il ressuscite de l'incorruption ; 43 on sème de l'ignominie, il ressuscite de la gloire ; on sème de la faiblesse, il ressuscite de la force ; 44 on sème un corps matériel, il ressuscite un corps spirituel. S'il y a un corps matériel, il y a aussi un corps spirituel. 45 C'est dans ce sens qu'il est écrit : Le premier homme, Adam, fut fait âme vivante ; le second Adam a été un esprit vivifiant. [45-49. Citation de Genèse II, 7. Adam et le Christ sont le type des deux états successifs du chrétien qui est solidaire de l'un et de l'autre : d'abord un être vivant (littéralement une âme vivante), un être de ce monde doué de vie ; ensuite un être spirituel, possédant un corps spirituel, à l'image du Christ, constitué dès l'Incarnation, mais plus parfaitement par sa résurrection, esprit vivifiant (Romains I, 4) capable de donner sans restriction la vie aux âmes et aux corps.] 46 Ce n'est pas le spirituel qui paraît d'abord, mais le matériel ; le spirituel ne vient qu'ensuite. 47 Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre ; le second homme vient du ciel. 48 Tel le terrestre, tels aussi les terrestres ; tel le céleste, tels aussi les célestes. 49 Et de même que nous avons revêtu l'image du terrestre, nous devons revêtir aussi celle du céleste.
50 Je vous le déclare, frères, la chair et le sang ne sauraient avoir part au Royaume de Dieu, ni la corruption à l'incorruptibilité. 51 Je vais vous dire une chose mystérieuse : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés, [51-55. Au jour de la parousie, les morts ressusciteront et seront transformés, et nous, c'est-à-dire ceux qui vivront encore seront transformés sans passer par la mort. Même doctrine que dans I Thessaloniciens IV, 16-17 (Voir la note correspondante). Comparer II Corinthiens V, 1-4.] 52 en un instant, en un clin d'œil, au son de la trompette finale. Car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons transformés. 53 Il faut en effet que cet être corruptible revête l'incorruptibilité et que cet être mortel revête l'immortalité. 54 Quand donc cet être corruptible aura revêtu l'incorruptibilité et cet être mortel l'immortalité, alors s'accomplira la parole de l'Écriture :
La mort a été engloutie dans la victoire. 55 Où est-elle, ô mort, ta victoire ? Où est-il, ô mort, ton aiguillon ?
56 L'aiguillon de la mort, c'est le péché, et la force du péché, c'est la Loi. 57 Mais grâces soient rendues à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ !
58 Ainsi donc, mes frères bien-aimés, montrez-vous fermes, inébranlables, toujours en progrès dans l'œuvre du Seigneur, sachant bien que votre travail n'est pas vain dans le Seigneur.