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Nouvelle Bible Segond – 2 Samuel 15

Absalom intrigue pour devenir roi

15 Après cela Absalom se procura un char, des chevaux et cinquante gardes du corps qui allaient devant lui. [se procura un char : litt. se fit un char. – gardes du corps... : cf. 1S 8.11+.]2 Il se levait de bon matin et se tenait au bord du chemin qui menait à la porte de la ville ; et chaque fois que quelqu'un avait un litige et se rendait auprès du roi pour obtenir un jugement, Absalom l'interpellait et lui demandait : De quelle ville es-tu ? Lorsqu'il avait répondu : Je suis de telle tribu d'Israël, [qui menait à la porte de la ville : cette porte ouvrait généralement sur une place publique où l'on rendait la justice ; cf. Dt 21.19 ; 22.15 ; Rt 4.1. – pour obtenir un jugement : voir Dt 17.8s ; 25.1 ; 1R 3.16-28 ; Lc 18.3.]3 Absalom lui disait : Regarde, ta cause est bonne et juste ; mais personne ne t'écoutera chez le roi. [personne ne t'écoutera chez le roi : cf. 8.15 ; 23.3.]4 Absalom disait : Ah ! si j'étais juge dans le pays ! Tout homme qui aurait un litige ou un droit à défendre viendrait à moi, et je lui ferais justice ! [Ah ! si j'étais juge : autre traduction qui me fera juge ; en revendiquant une fonction de juge, Absalom réclame de fait la royauté (cf. 14.1-17 ; 1R 3.16-28). – viendrait à moi : cf. 1S 22.2 ; Mt 11.28.]5 Et quand quelqu'un s'approchait pour se prosterner devant lui, il lui tendait la main, le saisissait et l'embrassait. [l'embrassait : cf. 14.33+ ; voir aussi Pr 29.5.]6 Absalom agissait ainsi à l'égard de tous les gens d'Israël qui se rendaient auprès du roi pour obtenir un jugement ; ainsi Absalom volait le cœur des gens d'Israël. [volait le cœur : cf. Rm 16.18.]

7 Au bout de quarante ans, Absalom dit au roi : Laisse-moi aller à Hébron, je te prie, pour que je m'acquitte du vœu que j'ai fait au SEIGNEUR. [Au bout de quarante ans : d'après d'autres textes, David n'a régné que quarante ans ; on comprend donc en général vers la fin des quarante ans (du règne de David). Des versions anciennes offrent la variante au bout de quatre ans, qui conviendrait bien dans ce contexte. – à Hébron 2.1n ; c'est le lieu de naissance d'Absalom, voir 3.3. – m'acquitte du vœu : cf. Dt 23.22.]8 Car moi, ton serviteur, j'ai fait un vœu, pendant que j'habitais à Gueshour, en Aram ; j'ai dit : Si le SEIGNEUR me ramène à Jérusalem, je servirai le SEIGNEUR. [Cf. Gn 28.20-22. – Gueshour : cf. 13.38n ; 14.23,32. – je servirai le SEIGNEUR : quelques mss de LXX ajoutent à Hébron.]9 Le roi lui dit : Va en paix. Alors Absalom partit pour Hébron. [Va en paix : cf. Jg 18.6+. – partit : cf. 14.23n.]

10 Absalom envoya des agents dans toutes les tribus d'Israël, en leur disant : Quand vous entendrez le son de la trompe, vous direz : Absalom est devenu roi à Hébron ! [des agents : le terme hébreu correspondant est habituellement traduit par espion(s), mais ici la tâche de ces agents ne consiste pas tant à espionner qu'à faire passer le message du prétendant au trône. – le son de la trompe 2.28+.]11 Deux cents hommes de Jérusalem, qui avaient été invités, allèrent avec Absalom ; ils le firent en toute bonne foi, sans se douter de rien. [Deux cents... invités : on ne sait pas si c'étaient des personnalités importantes, qu'Absalom voulait compromettre dans sa tentative, ou simplement des gens modestes, destinés à faire nombre. Cf. 1S 9.13,22 ; 1R 1.41,49. – en toute bonne foi : litt. en leur intégrité ; cf. 1R 22.34n. – sans se douter de rien : litt. ils ne connaissaient pas toute la chose (ou la parole).]12 Pendant qu'Absalom offrait les sacrifices, il envoya chercher à la ville de Guilo Ahitophel, le Guilonite, conseiller de David. La conspiration devint puissante, et le peuple était de plus en plus nombreux avec Absalom. [envoya chercher... Ahitophel : on pourrait aussi comprendre qu'Absalom charge Ahitophel d'une mission, à exécuter à partir de sa ville de Guilo. – Guilo : localité située à 10 km environ au nord-ouest d'Hébron (cf. Jos 15.51). – Ahitophel : cf. v. 34 ; 16.23 ; 17.23. – La conspiration : cf. 1R 16.20 ; 2R 12.21 ; 14.19 ; 15.15,30. – le peuple désigne ici les partisans du prétendant au trône.]

David s'enfuit de Jérusalem

13 Quelqu'un vint dire à David : Le cœur des hommes d'Israël suit Absalom. [Le cœur... v. 6 ; cf. Jg 9.3.]14 Alors David dit à tous les gens de sa cour qui étaient avec lui à Jérusalem : Prenons la fuite, sans quoi nous n'échapperons pas à Absalom. Partez vite, sinon il aura vite fait de nous atteindre et d'attirer le malheur sur nous, en passant la ville au fil de l'épée. [Prenons la fuite : cf. Ps 3.1. – Par sa fuite, David veut éviter la guerre civile qui ne manquerait pas de provoquer de lourdes pertes dans la population de Jérusalem.]15 Les gens du roi lui dirent : Quoi que tu décides, ô roi, nous sommes à ton service ! [Cf. 9.11 ; 1S 14.7 ; 16.16. – ô roi : litt. ô roi, mon seigneur. – nous sommes à ton service : cf. 1S 16.16.]16 Le roi sortit, et toute sa famille le suivait ; il laissa dix concubines pour garder le palais. [sa famille : litt. sa maison ou sa maisonnée. – le suivait : litt. était sur ses pieds, c.-à-d. sur ses traces ; mais on peut aussi comprendre le roi et toute sa famille sortirent à pied, affirmation contrastant avec celle du v. 1 (le char et les chevaux d'Absalom) ; de même au v. 17. – concubines : cf. 5.13n. – le palais : litt. la maison (aussi 16.21).]17 Le roi sortit, et tout le peuple le suivait ; ils s'arrêtèrent à la dernière maison. [tout le peuple : l'expression ne désigne pas tous les habitants de Jérusalem, et encore moins tout Israël (Vg), mais simplement tous ceux qui l'accompagnaient (cf. LXX tous ses serviteurs). – le suivait v. 16n. – ils s'arrêtèrent à la dernière maison : après la traversée des rues étroites de la cité, le roi et ses proches s'arrêtent sur un terrain dégagé pour organiser l'ordre de progression ; les soldats (v. 18) vont constituer dès lors l'avant-garde du cortège.]18 Tous ses hommes, tous les Kérétites et tous les Pélétites, passèrent à ses côtés ; et tous les Gatites, au nombre de six cents hommes, venus de Gath à sa suite, passèrent devant le roi. [Kérétites / Pélétites 8.18n. – Gatites : un troisième corps de légion étrangère au service de David ; cette troupe est un héritage du temps où David était au service d'Akish, roi de Gath (1S 27) ; voir aussi Jos 13.3n. – à sa suite : litt. à ses pieds.]

19 Le roi dit à Ittaï, le Gatite : Pourquoi viendrais-tu aussi avec nous ? Retourne et reste avec le roi, car tu es un étranger ; tu es déjà un exilé pour ton propre pays. [Ittaï, le Gatite : le chef des soldats de Gath. – avec le roi : c.-à-d. avec le nouveau roi. – tu es déjà un exilé pour ton propre pays (litt. pour ton lieu) : c.-à-d. tu es un expatrié.]20 Tu es arrivé hier, et aujourd'hui je te ferais errer avec nous, quand je ne sais pas moi-même où je vais ! Retourne et ramène tes frères avec toi. Fidélité et loyauté ! [hier, c.-à-d. il y a peu de temps. – quand je ne sais pas moi-même où je vais : litt. et moi je vais où je vais, tournure hébraïque indiquant l'indétermination ; cf. 1S 23.13n. – Fidélité et loyauté : LXX que le SEIGNEUR agisse envers toi avec compassion et vérité, Vg parce que tu as montré grâce et fidélité ; Tg agis avec eux avec loyauté et fidélité ; cf. 2.6 ; Ps 61.8.]21 Ittaï répondit au roi : Par la vie du SEIGNEUR et par ta vie, ô roi, mon seigneur, au lieu où tu seras, soit pour mourir, soit pour vivre, là aussi je serai, moi, ton serviteur. [Par la vie du SEIGNEUR... : cf. 1S 1.26n ; 14.39n ; 25.26. – là aussi je serai : cf. Rt 1.16 ; Lc 9.57 ; 22.33 ; Jn 6.66-69.]22 David dit alors à Ittaï : Va, passe ! Et Ittaï, le Gatite, passa, ainsi que tous les hommes qui étaient avec lui et leurs familles. [leurs familles : le mot hébreu correspondant désigne collectivement tous les êtres humains (femmes, enfants, vieillards) qui ne sont pas aptes à servir dans l'armée ; cf. Gn 34.29n ; Jg 18.21n. Les familles des soldats étrangers seraient les premières victimes de la vengeance du nouveau roi, si elles restaient sur place.]

23 Tout le pays pleurait à grand bruit au passage de tout le peuple. Le roi passa l'oued Cédron, et tout le peuple passa en face du chemin du désert. [Tout le pays, c.-à-d. toute la population. – l'oued Cédron (ou la vallée du Cédron), à l'est de Jérusalem, sépare la ville du mont des Oliviers. – en face du chemin du désert : description topographique peu claire en hébreu.]24 Tsadoq aussi était là, et avec lui tous les lévites portant le coffre de l'alliance de Dieu ; ils posèrent le coffre de Dieu, et Abiathar montait, pendant que tout le peuple achevait de sortir de la ville. [Tsadoq : cf. 8.17 ; même le clergé se solidarise avec David. – les lévites / le coffre : cf. 1S 6.15n. – Abiathar : cf. 1S 22.20n ; selon 2S 20.25, il était le second prêtre du roi, aux côtés de Tsadoq ; selon 8.17, c'est son fils Ahimélek qui occupait ce poste. – montait ou offrait des sacrifices.]25 Le roi dit à Tsadoq : Ramène le coffre de Dieu dans la ville. Si je trouve grâce aux yeux du SEIGNEUR, il me ramènera et il me fera voir le Coffre et son domaine. [Ramène le coffre : la place du Coffre est au cœur de la cité, et non pas dans les pérégrinations incertaines du roi ; celui-ci refuse de faire pression sur Dieu en emmenant le coffre avec lui. – Si je trouve grâce aux yeux du SEIGNEUR ou si le SEIGNEUR m'accorde sa bienveillance ; cf. 1S 16.22n. – le Coffre et son domaine 6.12-16 ; cf. Ps 26.8 ; 27.4 ; 84.2s.]26 Mais s'il dit : « Je ne prends pas plaisir en toi », qu'il me fasse ce qu'il lui plaira. [Je ne prends pas plaisir en toi (cf. Nb 14.8n ; Ml 1.10) ou je ne me plais pas avec toi ; ou encore tu ne me plais pas (cf. 1S 18.22n ; 19.1). – ce qu'il lui plaira : litt. ce qui est bon à ses yeux ; cf. 3.19,36 ; 19.38 ; voir 1S 3.18+.]27 Le roi dit encore à Tsadoq, le prêtre : Toi, retourne en paix dans la ville, ainsi que ton fils Ahimaats et Jonathan, fils d'Abiathar – vos deux fils avec vous. [Toi : litt. vois-tu ? (?) Certains comprennent : es-tu voyant ? (cf. 1S 9.9). – Ahimaats et Jonathan reparaîtront au v. 36.]28 Regardez. Moi, je resterai dans les plaines du désert, jusqu'à ce qu'il m'arrive un rapport de votre part. [je resterai : le même verbe est traduit par s'attarder en Gn 19.16 ; cf. Jg 19.8n. – dans les plaines du désert : autre lecture traditionnelle dans les lieux de passage du désert, ce qui peut désigner soit des ravins menant de Jérusalem au Jourdain, soit des gués permettant de traverser le Jourdain ; cf. 1S 23.24n. – un rapport de votre part : lorsqu'il renvoie les prêtres en ville, la motivation cultuelle de David, manifestée au v. 25, n'exclut pas une motivation stratégique et pratique : avoir des observateurs sur place.]29 Ainsi Tsadoq et Abiathar ramenèrent le coffre de Dieu à Jérusalem et y restèrent.

David envoie Houshaï espionner Absalom

30 David montait la montée des Oliviers. Il montait en pleurant, la tête couverte, il marchait nu-pieds ; tous ceux qui étaient avec lui s'étaient aussi couvert la tête, et ils montaient en pleurant. [montée des Oliviers : cf. v. 23n ; Lc 19.29,37. – la tête couverte ou voilée : en signe de douleur ; voir 19.5 ; Jr 14.3s ; Est 6.12. – nu-pieds : cf. Es 20.2-4 ; Mi 1.8.]31 On dit à David : Ahitophel est avec Absalom parmi les conspirateurs. David dit : SEIGNEUR, je t'en prie, rends stupides les conseils d'Ahitophel ! [On dit à David : d'après quelques mss hébreux et la plupart des versions anciennes ; le texte hébreu traditionnel dit David dit. – Ahitophel v. 12+. – rends stupides les conseils : cf. 16.23 ; 17.14,23 ; voir aussi Ps 33.10 ; Jb 5.13.]32 Lorsque David fut arrivé au sommet, là où l'on se prosterne devant Dieu, Houshaï, l'Arkite, vint à sa rencontre, la tunique déchirée et la tête couverte de terre. [là où l'on se prosterne devant Dieu signale vraisemblablement la présence d'un ancien lieu de culte ; autre traduction, moins probable : où il se prosterna devant Dieu. – Houshaï : cf. 16.16-19 ; 17.5-16. – l'Arkite : membre d'un clan signalé en Jos 16.2 ; LXX précise ici déjà qu'il était ami de David (voir v. 37n). – la tunique déchirée et la tête couverte de terre (Gn 2.5n) 1S 4.12n.]33 David lui dit : Si tu passes avec moi, tu me seras à charge ; [tu me seras à charge : cf. 19.36.]34 au contraire, si tu retournes à la ville et que tu dises à Absalom : « O roi, je suis ton serviteur ; j'étais autrefois le serviteur de ton père, mais maintenant je suis ton serviteur », tu déjoueras pour moi les conseils d'Ahitophel. [tu déjoueras pour moi les conseils d'Ahitophel : cf. 17.5-7.]35 Les prêtres Tsadoq et Abiathar sont là, avec toi. Tout ce que tu apprendras de la maison du roi, tu le diras aux prêtres Tsadoq et Abiathar ; [sont là : litt. ne sont-ils pas là ? La question rhétorique de forme négative équivaut à une affirmation renforcée. – tu le diras... 17.15s.]36 et comme ils ont auprès d'eux leurs deux fils, Ahimaats, pour Tsadoq, et Jonathan, pour Abiathar, c'est par leur intermédiaire que vous me ferez dire tout ce que vous aurez appris. [par leur intermédiaire : voir 17.17.]37 Houshaï, l'ami de David, retourna donc à la ville au moment où Absalom faisait son entrée à Jérusalem. [l'ami de David : le titre d'ami du roi était donné à un confident et conseiller du roi.]

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