16 La dix-septième année de Péqah, fils de Remalia, Achaz, fils de Jotam, devint roi de Juda. [La dix-septième année : dix-huitième selon Syr et un ms de LXX. – Remalia v. 5 ; 2R 15.25n.]
L’Assyrie et les AssyriensL’Assyrie correspond à la région arrosée par le cours moyen du Tigre, au nord de l’Irak actuel. Cette terre fertile, située entre un désert à l’ouest et des montagnes escarpées au nord et à l’est, a toujours été l’objet d’âpres conflits. Les Assyriens, nomades à l’origine, étaient un peuple essentiellement sémitique, tout comme les Israélites. Leur langue était très proche de celle de Babylone (plus au sud en Mésopotamie, entre les cours inférieurs du Tigre et de l’Euphrate). Comme les Babyloniens, ils utilisaient l’écriture cunéiforme (voir « Babylone et les Babyloniens »). Selon leurs listes de rois, les Assyriens occupaient déjà cette région vers 2300 av. J.-C. Quoi qu’il en soit, l’Assyrie devint une unité politique dès le XIVe siècle av. J.-C., à la faveur du déclin du Mitanni, un royaume situé encore plus au nord, aux sources de l’Euphrate (Turquie). Elle fut une grande puissance du Proche-Orient jusqu’au XIIe siècle. Après un temps de décadence, à partir du Xe siècle, plusieurs rois puissants jetèrent les bases du nouvel empire assyrien, qui atteignit son extension maximale au VIIIe siècle et joua un rôle important dans l’histoire biblique (voir « Le temps des rois »). Les histoires rapportées par la Bible et par d’autres documents, ainsi que les scènes de batailles qui décorent les murs des palais (voir illustrations « Assaut de l’armée assyrienne », « Siège et prise d’une ville ennemie », « Siège et assaut de la ville de Parga » « Assaut et prise d’une ville fortifiée »), nous donnent des Assyriens l’image de guerriers cruels, au génie militaire impressionnant, recourant à la fois à des technologies nouvelles (engins de siège) et à une psychologie de la terreur (d’où les scènes qui frappent l’imagination et incitent à la reddition ou à la soumission : cadavres empalés, monceaux de têtes coupées, prisonniers écorchés vifs...). Mais la vie assyrienne ne se limitait pas à la guerre. L’empire, en effet, apporta la richesse et une vie culturelle féconde. Les rois construisirent des temples et des palais somptueux dans les villes principales (notamment Assour, Kalah et Ninive qui furent tour à tour capitales, cf. Gn 10.10-12n). Les murs étaient revêtus de bas-reliefs représentant le roi à la guerre, à la chasse, en audience ou dans l’exercice du culte. Le mobilier des palais était magnifiquement décoré de panneaux d’albâtre sculpté ou gravé. Cependant Babylone restait le phare culturel qui orientait la vie intellectuelle et artistique. Les bibliothèques renfermaient des milliers de tablettes d’argile : documents diplomatiques ou administratifs, annales des règnes, codes juridiques, lexiques, mais aussi textes mythiques, épopées antiques et légendes ancestrales issues du fonds culturel commun aux peuples mésopotamiens (par exemple l’Epopée de Gilgamesh ; voir aussi « Le déluge dans la Genèse et dans l’Epopée de Gilgamesh »). Dans la religion assyrienne, Assour (ou Ashour), le dieu national, était considéré comme le roi des dieux. Sa suprématie sur les dieux des autres peuples, et notamment sur Mardouk, dieu de Babylone, reflétait la visée hégémonique de la nation. Les rois étaient les grands prêtres et les administrateurs des biens du dieu Assour. Avec les autres dieux (dieu de la lune, dieu du soleil, déesse de l’amour et de la guerre, par exemple), Assour était censé maîtriser toutes choses. Chaque ville avait un temple principal dédié à son dieu patron. Au jour consacré à ce dieu, comme lors d’autres grandes fêtes, les gens se rassemblaient pour assister aux processions où l’on exposait les statues qui le représentaient. Les Assyriens font leur entrée dans l’histoire d’Israël (le royaume du Nord, dont la capitale était Samarie) au temps de ses derniers rois. Israël était probablement vassal de l’Assyrie dès le IXe siècle. En 745 av. J.-C., Tiglath-Piléser III monte sur le trône d’Assyrie. Il envahit Israël et force le roi Menahem à reprendre le paiement du tribut (2R 15.17ss). Quelques années plus tard, le roi d’Assyrie envahit de nouveau Israël, prend des terres et des villes, et exile une grande partie du peuple. Les Assyriens sont, dans l’Antiquité, les initiateurs de cette politique de déplacements de populations (voir « Exils successifs à partir du VIIIe siècle av. J.-C. »). Osée, roi d’Israël, résiste aux Assyriens. Battu, il se révolte à nouveau. C’est alors que Salmanasar V, roi d’Assyrie, assiège et prend Samarie, capitale d’Israël, en 722/1 av. J.-C. (cf. 2R 17 ; 18.9ss). Sargon II, successeur de Salmanasar, déclare avoir exilé « 27 290 habitants, avec leurs chars... et les dieux auxquels ils se fiaient ». En demandant à grand prix la protection de l’Assyrie contre les attaques d’Israël et de la Syrie (alliance d’Achaz, cf. 2R 16 ; Es 7), le royaume de Juda était aussi devenu son vassal. Dès lors, quand le roi Ezéchias se mit à mener une politique d’indépendance, l’armée assyrienne pénétra en Juda. Le roi d’Assyrie mit le siège à la ville de Lakish et s’en empara. De là il envoya une grande armée contre Jérusalem, mais il ne la prit pas (cf. 2R 18–19). Par la suite, Juda resta vassal de l’Assyrie jusqu’à ce que les Babyloniens mettent fin à la suprématie assyrienne en prenant Ninive, en 612 av. J.-C. |
5 Alors Retsîn, roi d'Aram, et Péqah, fils de Remalia, roi d'Israël, allèrent faire la guerre à Jérusalem. Ils assiégèrent Achaz mais ils ne purent engager le combat. [Ces attaques conjuguées des armées d'Israël et d'Aram contre Juda avaient peut-être pour but de forcer le roi de Jérusalem à s'allier avec ses voisins du nord pour faire face à la pression assyrienne. – Retsîn : cf. 15.37n. – Ils assiégèrent Achaz : Es 7.1 qui présente un texte parallèle dit ils l'assiégèrent (sous-entendu : Jérusalem). – engager le combat ou le forcer à combattre ; le verbe correspondant est apparenté au mot traduit plus haut par guerre ; il faut sans doute comprendre que la capacité d'Achaz à soutenir le siège était supérieure à celle de ses adversaires, de sorte qu'il n'y a pas eu combat, mais retraite des assiégeants ; autre traduction ils ne purent l'emporter sur lui.]
10 Le roi Achaz se rendit à Damas à la rencontre de Tiglath-Piléser, roi d'Assyrie. Ayant vu l'autel qui était à Damas, le roi Achaz envoya à Urie, le prêtre, la description de l'autel et le modèle de tous ses éléments. [description : le terme est traduit par ressemblance en Gn 1.26n ; LXX précise sa mesure et sa ressemblance. – modèle : autre traduction possible les dimensions ; cf. Ex 25.9n.]
17 Le roi Achaz mit en pièces les panneaux des bases et retira la cuve qui était dessus. Il descendit la Mer des bœufs de bronze qui la portaient et il la posa sur un pavage de pierres. [les panneaux ou les rebords : cf. Ex 25.25-27 ; 37.12-14 ; 1R 7.28-35.]
19 Le reste de l'histoire d'Achaz, tout ce qu'il a fait, cela est écrit dans le livre des chroniques des rois de Juda. [Le reste de l'histoire... 1R 11.41n. – le livre des chroniques des rois de Juda 1R 14.19n.]