(Copie de la lettre que le roi Artaxerxès envoya en faveur des Juifs dans toutes les provinces de son royaume, laquelle lettre ne se trouve point non plus dans le texte hébreu.)
16 Le grand roi Artaxerxès, qui règne depuis les Indes jusqu'en Éthiopie, aux chefs et aux gouverneurs des cent vingt-sept provinces, qui sont soumis à notre empire, salut.
2 Plusieurs ont abusé jusqu'à l'insolence de la bonté des princes et de l'honneur qu'ils ont reçu d'eux ;
3 Et non-seulement ils tâchent d'opprimer les sujets des rois ; mais, ne pouvant supporter la gloire dont ils ont été comblés, ils font des entreprises contre ceux mêmes dont ils l'ont reçue.
4 Ils ne se contentent pas de méconnaître les grâces qu'on leur a faites, et de violer en eux-mêmes les droits de l'humanité, mais ils s'imaginent qu'ils pourront se soustraire à la justice de Dieu, qui voit tout.
5 Leur présomption passe quelquefois à un tel excès, que, s'élevant contre ceux qui s'acquittent de leur charge avec fidélité, et se conduisent de manière à mériter d'être loués de tout le monde, ils s'efforcent de les perdre par leurs mensonges et leurs artifices,
6 Surprenant par leur déguisement et leur adresse la bonté des princes, que leur sincérité naturelle porte à juger favorablement de celle des autres.
7 Cela se voit clairement par les anciennes histoires, et on voit encore tous les jours combien les bonnes inclinations des princes sont souvent altérées par de faux rapports.
8 C'est pourquoi nous devons pourvoir à la paix de toutes les provinces.
9 Si nous ordonnons des choses différentes, vous ne devez pas croire que cela vienne de la légèreté de notre esprit ; mais c'est la vue du bien public qui nous oblige de former nos ordonnances selon la diversité des temps et la nécessité des affaires.
10 Et pour vous faire connaître ces choses plus clairement, nous avions auprès de nous Aman, fils d'Amadath, étranger, Macédonien d'inclination et d'origine, qui n'avait rien de commun avec le sang des Perses, et qui a voulu déshonorer notre clémence par sa cruauté ;
11 Et après que nous lui avons donné tant de marques de notre bienveillance, jusqu'à le faire appeler notre père et à le faire adorer de tous, comme le second après le roi,
12 Il s'est élevé à un tel excès d'insolence, qu'il a tâché de nous faire perdre la couronne avec la vie.
13 Car il avait résolu, par une malice inouïe, de perdre Mardochée, à la fidélité et aux bons services duquel nous devons la vie, et Esther, notre épouse et la compagne de notre royauté, avec tout son peuple ;
14 Afin qu'après les avoir tués, et nous avoir ôté ce secours, il nous surprit nous-même, et fit passer aux Macédoniens l'empire des Perses.
15 Mais nous avons reconnu que les Juifs, destinés à la mort par cet homme détestable, n'étaient coupables d'aucune faute ; mais, au contraire, qu'ils se conduisent par des lois justes,
16 Et qu'ils sont les enfants du Dieu très-haut, très-puissant et éternel, par la grâce duquel ce royaume a été donné à nos pères et à nous-même, et se conserve encore aujourd'hui.
17 C'est pourquoi nous vous déclarons que les lettres qu'il vous avait envoyées en notre nom sont nulles et sans autorité ;
18 Et qu'à cause de ce crime qu'il a commis, il a été pendu avec tous ses proches devant la porte de la ville de Suse, Dieu lui-même, et non pas nous, lui ayant fait souffrir le châtiment qu'il a mérité.
19 Que cet édit que nous envoyons soit affiché dans toutes les villes, afin qu'il soit permis aux Juifs de garder leurs lois ;
20 Et vous devez leur prêter secours, afin qu'ils puissent tuer ceux qui se préparaient à les perdre le treizième jour du douzième mois, appelé adar ;
21 Car le Dieu tout-puissant leur a fait un jour de joie d'un jour de deuil et de larmes.
22 C'est pourquoi nous voulons que vous placiez aussi ce jour au rang des jours de fête, et que vous le célébriez avec toute sorte de réjouissances, afin que l'on sache à l'avenir
23 Que tous ceux qui obéissent fidèlement aux Perses sont récompensés comme leur fidélité le mérite, et que ceux qui conspirent contre le royaume reçoivent une mort digne de leurs crimes.
24 S'il se trouve quelque province ou quelque ville qui ne veuille point prendre part à cette fête solennelle, nous voulons qu'elle périsse par le fer et par le feu, et qu'elle soit tellement détruite, qu'elle demeure inaccessible à jamais, non-seulement aux hommes, mais aux bêtes ; afin qu'elle serve d'exemple du châtiment dû à ceux qui désobéissent aux rois et méprisent leurs commandements.