16 Envoyez l’agneau du maître du pays,
de Séla, située vers le désert,
à la montagne de la fille de Sion.h
h Texte difficile et diversement interprété. Il semble que les Moabites, menacés par l’invasion, cherchent à se mettre sous la protection du roi de Juda ou à trouver chez lui un refuge. L’agneau envoyé serait un signe de soumission, cf. 2 R 3.4. En traduisant « Envoie, Seigneur, l’agneau souverain de la terre », S. Jérôme propose pour ce passage une interprétation messianique. — Séla (la Roche) a été parfois identifiée à l’actuelle Pétra, située au pays d’Édom, mais il devait y avoir d’autres « Roches » en Moab ou au désert environnant.
2 Elles seront semblables à l’oiseau qui s’enfuit,
à une nichée dispersée,
les filles de Moab, aux gués de l’Arnon.
3 « Tenez un conseil ;i prenez une décision.
En plein midi, étends ton ombre comme celle de la nuit,
cache les dispersés, ne trahis pas le fugitif ;
i Les vv. 3-4 rapportent la supplique des réfugiés de Moab qui demandent aux Judéens de les accueillir. Pour appuyer leur requête, ils expriment dans les vv. qui suivent, 4-5, leur confiance dans l’avenir d’Israël, notamment dans la stabilité du trône de David, fondée sur les promesses dont Isaïe s’est fait souvent le héraut.
4 qu’ils demeurent chez toi, les dispersés de Moab,
sois pour eux un asile contre le dévastateur.
Quand l’oppression aura cessé,j
que la dévastation aura pris fin,
que seront partis ceux qui foulent le pays,
j On est tenté de comprendre « jusqu’à ce que l’oppression... » et de lier cette proposition à la précédente, mais aucun des témoins du texte ne favorise cette interprétation.
5 le trône sera affermi dans la piété,
et sur ce trône, dans la fidélité, sous la tente de David,
siégera un juge, soucieux du droit et zélé pour la justice. »
6 Nous avons entendu parler de l’orgueil de Moab, le très orgueilleux,
de son arrogance, de son orgueil et de sa rage,
de ses bavardages ineptes.k
k Ce v. semble rapporter la réponse des Judéens aux Moabites.
7 C’est pourquoi Moab se lamente sur Moab,
tout entier il se lamente.
Au sujet des gâteaux de raisin de Qir-Harésèt,l
vous gémissez, tout consternés.
l Qir-Harésèt, comme Qir-Hérès, v. 11, est à identifier avec Qir-Moab (Kérak), 15.1, cf. 2 R 3.25. — Les noms géographiques qui suivent, de Heshbôn à Éléalé, sont groupés dans la région nord de Moab, propice à la vigne.
8 Car les vignobles de Heshbôn dépérissent,
la vigne de Sibma,
dont les raisins vermeils terrassaient les maîtres des nations.
Elle atteignait jusqu’à Yazèr
et s’infiltrait au désert,
ses rejetons se multipliaient,
ils franchissaient la mer.
9 Aussi je pleure, comme pleure Yazèr,
la vigne de Sibma ;
je t’arrose de mes larmes,
Heshbôn et toi, Éléalé,
parce que sur ta récolte et sur ta moisson
le cri s’est éteint.m
m Littéralement « le cri est tombé ». Il s’agit du cri de joie des vendangeurs. D’autres comprennent « le cri (de guerre) s’est abattu », mais le parallélisme avec les vv. suivants est favorable à la première interprétation.
10 La joie et l’allégresse ont disparu des vergers,
dans les vignes, plus de liesse ni de cri joyeux ;
le fouleur ne foule plus le vin dans les pressoirs,
le cri a cessé.
11 C’est pourquoi mes entrailles, pour Moab,
frémissent comme une cithare,
et mon cœur pour Qir-Hérès.
12 On verra Moab se fatiguer sur le haut lieu
et entrer dans son sanctuaire pour supplier,
mais il ne pourra rien.
13 Telle est la parole qu’a adressée Yahvé à Moab jadis.
n Cette addition en prose peut être la confirmation d’un oracle ancien dont on annonce le très proche accomplissement, cf. 15.1. Les « années de mercenaire » sont comptées strictement.