17 Lorsqu’Abram eut atteint quatre-vingt-dix-neuf ans, Yahvé lui apparut et lui dit :
« Je suis El Shaddaï,e marche en ma présence et sois parfait.
d Nouveau récit de l’alliance, de tradition sacerdotale. L’alliance scelle les mêmes promesses que dans la tradition yahviste du chap. 15, mais impose cette fois à l’homme des obligations de perfection morale, v. 1, un lien religieux avec Dieu, vv. 7, 19, et une prescription positive, la circoncision. Comparer, dans la même tradition, l’alliance avec Noé, 9.9.
e Ancien nom divin de l’époque patriarcale, 28.3 ; 35.11 ; 43.14 ; 48.3 ; 49.25, spécialement retenu par la tradition sacerdotale, cf. Ex 6.3, rare en dehors du Pentateuque, sauf dans Job. La traduction commune, « Dieu Tout-Puissant », est inexacte. Le sens est incertain ; on a proposé « Dieu de la montagne », d’après l’akkadien shadû ; il serait préférable de comprendre « Dieu de la steppe », d’après l’hébreu sadeh et un autre sens du mot akkadien. C’est une appellation divine qui correspond au mode de vie des nomades.
Dieu lui parla ainsi :
4 « Moi, voici mon alliance avec toi : tu deviendras père d’une multitude de nations.
f D’après la conception antique, le nom d’un être ne le désigne pas seulement, il détermine sa nature. Un changement de nom marque donc un changement de destinée, cf. v. 15 et 35.10. En fait, Abram et Abraham semblent être deux formes dialectales du même nom et signifier également « Il est grand quant à son père, il est de noble lignée. » Mais Abraham est expliqué ici par l’assonance avec ’ab hamôn « père de multitude ».
9 Dieu dit à Abraham : « Et toi, tu observeras mon alliance, toi et ta race après toi, de génération en génération.
g La circoncision était primitivement un rite d’initiation au mariage et à la vie du clan, 34.14s ; Ex 4.24-26 ; Lv 19.23. Elle devient ici un « signe », qui rappellera à Dieu (comme l’arc-en-ciel, 9.16-17) son alliance, et à l’homme son appartenance au peuple choisi et les obligations qui en découlent. Cependant, les lois ne font que deux allusions à cette prescription, Ex 12.44 ; Lv 12.3 ; cf. Jos 5.2-8. Elle ne prit toute son importance qu’à partir de l’Exil, cf. 1 M 1.60s ; 2 M 6.10. Saint Paul l’interprète comme le « sceau de la justice de la foi », Rm 4.11. Sur la « circoncision du cœur », voir Jr 4.4.
15 Dieu dit à Abraham : « Ta femme Saraï, tu ne l’appelleras plus Saraï, mais son nom est Sara.h
h Sara et Saraï sont deux formes du même nom, qui signifie « princesse » ; et Sara sera mère de rois, v. 16.
i Au rire d’Abraham feront écho le rire de Sara, 18.12, et celui d’Ismaël, 21.9 (voir encore 21.6), autant d’allusions au nom d’Isaac, forme abrégée de Yçhq-El, qui signifie « Que Dieu sourie, soit favorable » ou « a souri, s’est montré favorable. » Le rire d’Abraham exprime l’incrédulité, d’où la demande pour Ismaël, v. 18, mais aussi l’étonnement devant l’énormité de la promesse. Au moins veut-il une confirmation, qu’il sollicite en rappelant l’existence d’Ismaël, qui pourrait être l’héritier promis.
j L’indication du nom que l’enfant devra porter fait partie des annonces de naissance ; cf. 16.11.
k Texte difficile où le dernier « et » est ajouté dans la traduction. Une partie du grec lit « j’établirai mon alliance avec lui, comme alliance perpétuelle, pour être son Dieu et celui de sa descendance après lui ».
21 Mais mon alliance, je l’établirai avec Isaac, que va t’enfanter Sara, l’an prochain à cette saison. »
23 Alors Abraham prit son fils Ismaël, tous ceux qui étaient nés dans sa maison, tous ceux qu’il avait acquis de son argent, bref tous les mâles parmi les gens de la maison d’Abraham, et il circoncit la chair de leur prépuce, ce jour même, comme Dieu le lui avait dit.