Vigouroux – Luc 18
Paraboles de la veuve importune à un mauvais juge ; du pharisien et du publicain. Enfants présentés à Jésus-Christ. Conseil de perfection. Salut des riches difficile. Récompense promise à ceux qui quittent tout pour Jésus-Christ. Passion prédite. Guérison d’un aveugle près de Jéricho.
18 Il leur disait aussi une parabole, pour leur montrer qu’il faut toujours prier, et ne pas se lasser. [18.1 Voir Ecclésiastique, 18, 22 ; 1 Thessaloniciens, 5, 17.]2 Il y avait, dit-il, dans une ville, un juge qui ne craignait pas Dieu et ne se souciait pas des hommes. 3 Il y avait aussi, dans cette ville, une veuve qui venait auprès de lui, disant : Fais-moi justice de mon adversaire. [18.3 Une veuve. La veuve et l’orphelin sont toujours dans la Bible le type des personnes faibles et livrées à la violence et l’injustice, parce qu’elles n’ont pas de protecteurs pour les soutenir et les défendre.]4 Et il refusait pendant longtemps ; mais ensuite il dit en lui-même : Quoique je ne craigne pas Dieu, et que je ne me soucie pas des hommes, 5 néanmoins, parce que cette veuve m’importune, je lui ferai justice, de peur qu’à la fin elle n’en vienne à me frapper. 6 Le Seigneur ajouta : Entendez ce que dit ce juge d’iniquité. 7 Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et il tarderait à les secourir ? 8 Je vous le dis, il leur fera promptement justice. Mais lorsque le Fils de l’homme viendra, pensez-vous qu’il trouve (-ra) la foi sur la terre ? 9 Il dit aussi cette parabole à quelques-uns qui se confiaient en eux-mêmes, comme étant justes, et qui méprisaient les autres : 10 Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l’un était pharisien, et l’autre publicain. [18.10 Deux hommes montèrent au temple, parce que le temple étant sur le mont Moriah, il fallait monter pour s’y rendre. ― Un pharisien. Voir la note 31 à la fin du volume. ― Un publicain, voir Matthieu, 5, 46.]11 Le pharisien, se tenant debout, priait ainsi en lui-même : O Dieu, je vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes, adultères, ni même comme ce publicain. 12 Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. 13 Et le publicain, se tenant éloigné, n’osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il frappait sa poitrine, en disant : O Dieu, ayez pitié de moi, qui suis un pécheur. [18.13 Le publicain se tenant éloigné. Ni le pharisien ni le publicain n’étaient dans le temple proprement dit, puisqu’on n’y entrait pas, mais dans une cour du temple. Le pharisien se mettait en vue ; le publicain au contraire.]14 Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l’autre ; car quiconque s’élève sera humilié, et quiconque s’humilie sera élevé. [18.14 Voir Matthieu, 23, 12 ; Luc, 14, 11. ― La Vulgate et le grec présentent absolument le même sens, mais en employant une locution hébraïque signifiant à la lettre : Celui-ci justifié, en comparaison de l’autre.]15 On lui amenait aussi de petits enfants, afin qu’il les touchât ; mais les disciples, voyant cela, les repoussaient. [18.15 Voir Matthieu, 19, 13 ; Marc, 10, 13.]16 Mais Jésus, les appelant, dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. [18.16 Car à de tels, etc. Voir, sur cette traduction, Matthieu, 19, 14.]17 En vérité, je vous le dis, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un enfant, n’y entrera pas. 18 Un chef de synagogue l’interrogea, en disant : Bon maître, que ferai-je pour posséder la vie éternelle ? [18.18 Voir Matthieu, 19, 16. ― Un des principaux d’entre les pharisiens qui l’interrogeaient. Comparer à Luc, 17, 20.]19 Jésus lui dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon, si ce n’est Dieu seul. 20 Tu connais les commandements : Tu ne tueras pas ; tu ne commettras pas d’adultère ; tu ne déroberas pas ; tu ne porteras pas de faux témoignage ; honore ton père et ta mère. [18.20 Voir Exode, 20, 13.]21 Il répondit : J’ai observé toutes ces choses depuis ma jeunesse. 22 Ayant entendu cela, Jésus lui dit : Il te manque encore une chose : vends tout ce que tu as, et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, et suis-moi. 23 Mais lui, ayant entendu ces paroles, fut attristé ; car il était très riche. 24 Et Jésus, voyant qu’il était devenu triste, dit : Qu’il sera difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! 25 Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. 26 Et ceux qui l’écoutaient dirent : Qui peut donc être sauvé ? 27 Il leur dit : Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. 28 Alors Pierre dit : Voici que nous avons tout quitté, et que nous vous avons suivi. 29 Il leur dit : En vérité, je vous le dis, personne ne quittera sa maison, ou ses parents, ou ses frères, ou sa femme, ou ses enfants, pour le royaume de Dieu, 30 qu’il ne reçoive beaucoup plus dans le temps présent, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. 31 Ensuite, Jésus prit à part les douze, et leur dit : Voici que nous montons à Jérusalem, et tout ce que a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l’homme s’accomplira. [18.31 Voir Matthieu, 20, 17 ; Marc, 10, 32.]32 Car il sera livré aux gentils, et on se moquera de lui, et on le flagellera, et on crachera sur lui ; 33 et après qu’on l’aura flagellé, on le fera mourir ; et le troisième jour il ressuscitera. 34 Mais ils ne comprirent rien à cela ; ce langage leur était caché, et ils ne saisissaient pas ce que était dit. 35 Or il arriva, comme il approchait de Jéricho, qu’un aveugle était assis au bord du chemin, demandant l’aumône. [18.35 Voir Matthieu, 20, 29 ; Marc, 10, 46.]36 Et entendant la foule passer, il demanda ce que c’était. 37 On lui dit que c’était Jésus de Nazareth qui passait. 38 Et il cria, en disant : Jésus, fils de David, ayez pitié de moi. 39 Et ceux qui marchaient en avant le reprenaient rudement pour qu’il se tût ; mais il criait encore plus : Fils de David, ayez pitié de moi. 40 Alors Jésus, s’arrêtant, ordonna qu’on le lui amenât. Et lorsqu’il se fut approché, il l’interrogea, 41 en disant : Que veux-tu que je te fasse ? Il répondit : Seigneur, que je voie. 42 Et Jésus lui dit : Vois ; ta foi t’a sauvé. 43 Et aussitôt il vit, et il le suivait, en glorifiant Dieu. Et tout le peuple, ayant vu cela, rendit gloire à Dieu.