Vigouroux – Matthieu 18
S’humilier. Devenir enfant. Fuir le scandale. Parabole de la brebis égarée. Correction fraternelle. Pouvoir des clefs. Pardon des injures. Parabole du créancier et du débiteur.
18 A cet instant les disciples s’approchèrent de Jésus, et Lui dirent : Qui est le plus grand dans le royaume des Cieux ? [18.1 Voir Marc, 9, 33 ; Luc, 9, 46.]2 Jésus ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, [18.2 Voir Matthieu, 19, 14.]3 et dit : En vérité, Je vous le dis, à moins que vous ne vous convertissiez, et que vous ne deveniez comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. [18.3 Voir 1 Corinthiens, 14, 20.]4 C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme cet enfant, sera le plus grand dans le royaume des Cieux. 5 Et quiconque reçoit en Mon nom un enfant comme celui-ci, Me reçoit Moi-même. 6 Mais si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en Moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendit à son cou une de ces meules qu’un âne tourne, et qu’on le plongeât au fond de la mer. [18.6 Voir >Marc, 9, 41 ; Luc, 17, 2. ― De moulin ; littéralement, d’âne ; qu’un âne tourne. ― Dans chaque maison, on faisait moudre chaque jour la quantité de blé nécessaire pour l’usage de la famille ; il y avait par conséquent dans chaque maison un moulin à bras ou à âne, tourné dans le premier cas par une ou deux personnes. Le moulin à âne était plus grand, mais composé comme le moulin à bras de deux meules de pierres superposées, l’inférieure étant immobile et la supérieure mobile. Le grain était écrasé entre les deux meules.]7 Malheur au monde à cause des scandales ! Car il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! 8 Si ta main ou ton pied te scandalise, coupe-le, et jette-le loin de toi ; il vaut mieux pour toi entrer dans la vie manchot ou boiteux, que d’avoir deux mains ou deux pieds, et d’être jeté dans le feu éternel. [18.8 Voir Matthieu, 5, 30 ; Marc, 9, 42. ― Dans la vie, c’est-à-dire dans la vie éternelle.]9 Et si ton œil te scandalise, arrache-le, et jette-le loin de toi ; il vaut mieux pour toi entrer dans la vie n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans la géhenne de feu. [18.9 Dans la géhenne, voir Matthieu, 5, 22.]10 Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits ; car Je vous dis que leurs Anges dans le Ciel voient sans cesse la face de Mon Père qui est dans les Cieux. [18.10 Voir Psaumes, 33, 8.]11 Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu. [18.11 Voir Luc, 19, 10.]12 Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis, et qu’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée ? [18.12 Voir Luc, 15, 4.]13 Et s’il arrive qu’il la trouve, en vérité, Je vous le dis, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont point égarées. 14 De même, ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les Cieux qu’un seul de ces petits périsse. 15 Si ton frère a péché contre toi, va, et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. [18.15 Voir Lévitique, 19, 17 ; Ecclésiastique, 19, 13 ; Luc, 17, 3 ; Jacques, 5, 19.]16 Mais, s’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire soit réglée par l’autorité de deux ou trois témoins. [18.16 Voir Deutéronome, 19, 15 ; Jean, 8, 17 ; 2 Corinthiens, 13, 1 ; Hébreux, 10, 28.]17 S’il ne les écoute pas, dis-le à l’Eglise ; et s’il n’écoute pas l’Eglise, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. [18.17 Voir 1 Corinthiens, 5, 11 ; 2 Thessaloniciens, 3, 14. ― A l’Eglise, c’est-à-dire aux chefs, aux pasteurs de l’Eglise.]18 En vérité, Je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié aussi dans le Ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié aussi dans le Ciel. [18.18 Voir Jean, 20, 23.]19 Je vous dis encore que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre, quelque chose qu’ils demandent, ils l’obtiendront de Mon Père qui est dans les Cieux. 20 Car là où deux ou trois sont assemblés en Mon nom, Je suis au milieu d’eux. 21 Alors Pierre, S’approchant de Lui, dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il aura péché contre moi ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? [18.21 Voir Luc, 17, 4.]22 Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. 23 C’est pourquoi le royaume des Cieux a été comparé à un roi, qui voulut faire rendre leurs comptes à ses serviteurs. 24 Et lorsqu’il eut commencé à faire rendre compte, on lui en présenta un qui lui devait dix mille talents. [18.24 Quand il ne s’agirait ici que du petit talent des Egyptiens, des Arabes et des Juifs, ce serait toujours une somme prodigieuse pour un particulier. Le Sauveur a voulu nous faire comprendre par là que nos dettes envers Dieu sont incalculables. ― Le talent d’argent valant 8500 francs, dix mille talents font 85 000 000 de francs (en 1900). On peu supposer, du reste, que le débiteur de la parabole est un des principaux officiers du roi, un fermier ou un administrateur des revenus royaux. Dans une parabole juive, qui a quelque ressemblance avec la parabole évangélique, il s’agit du tribut que doit payer toute une ville et dont le roi la libère, sur sa demande.]25 Mais, comme il n’avait pas de quoi les rendre, son maître ordonna qu’on le vendit, lui, sa femme et ses enfants, et tout ce qu’il avait, pour acquitter la dette. [18.25 Suivant l’ancien droit des Hébreux et de plusieurs autres peuples, un créancier pouvait vendre ou réduire en esclavage ses débiteurs insolvables. ― Dans diverses contrées de l’Orient, par exemple en Perse, aujourd’hui encore, la disgrâce royale entraîne la confiscation des biens, la perte des esclaves et quelquefois celle de la femme et des enfants du condamné.]26 Ce serviteur, se jetant à ses pieds, le priait, en disant : Ayez patience envers moi, et je vous rendrai tout. 27 Touché de compassion, le maître de ce serviteur le laissa aller, et lui remit sa dette. 28 Mais ce serviteur, étant sorti, trouva un de ses compagnons qui lui devait cent deniers, et le saisissant, il l’étouffait en disant : Rends-moi ce que tu me dois. [18.28 Le denier, pièce d’argent des Romains, valait environ 0.80 centime (en 1900).]29 Et son compagnon, se jetant à ses pieds, le priait, en disant : Aie patience envers moi, et je te rendrai tout. 30 Mais il ne voulut pas ; et il s’en alla, et le fit mettre en prison, jusqu’à ce qu’il lui rendît ce qu’il devait. 31 Les autres serviteurs, ayant vu ce qui était arrivé, en furent vivement attristés, et ils allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. 32 Alors son maître le fit appeler, et lui dit : Méchant serviteur, je t’ai remis toute ta dette, parce que tu m’en avais prié ; 33 ne fallait-il donc pas avoir pitié, toi aussi, de ton compagnon, comme j’avais eu pitié de toi ? 34 Et son maître, irrité, le livra aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il payât tout ce qu’il devait. 35 C’est ainsi que Mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur.