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Bible de Jérusalem – Siracide 18

Grandeur de Dieu.

18 Celui qui vit éternellement a créé tout ensemble.
2 Le Seigneur seul sera proclamé juste
et il n’y en a pas d’autres que lui.
3 Il gouverne le monde de la paume de sa main,
et tout obéit à sa volonté,
car lui, le roi de l’univers, par son pouvoir,
il y sépare les choses sacrées des profanes.
4 À personne il n’a donné le pouvoir d’annoncer ses œuvres,
et qui découvrira ses merveilles ?
5 Qui pourra mesurer la puissance de sa majesté
et qui pourra détailler ses miséricordes ?
6 On n’y peut rien retrancher et rien ajouter,
et l’on ne peut découvrir les merveilles du Seigneur.
7 Quand un homme a fini, c’est alors qu’il commence,
et quand il s’arrête il est tout déconcerté.k

k Quand l’homme a épuisé ses possibilités pour connaître Dieu et ses merveilles, il n’en est encore qu’au commencement. Ces constatations rappellent celles de Qohélet, mais la conclusion est toute différente pour Ben Sira, cette faiblesse de l’homme ne fait que souligner la grandeur de Dieu.

Néant de l’homme.

8 Qu’est-ce que l’homme ? À quoi sert-il ?
Quel est son bien et quel est son mal ?
9 La durée de sa vie : cent ans tout au plus.
Nul ne peut prévoir l’heure pour chacun du dernier sommeil.
10 Une goutte d’eau tirée de la mer, un grain de sable,
telles sont ces quelques années auprès de l’éternité.
11 C’est pourquoi le Seigneur use avec eux de patience
et répand sur eux sa miséricorde.
12 Il voit, il sait combien leur fin est misérable,
c’est pourquoi il a multiplié son pardon.
13 La pitié de l’homme est pour son prochain,
mais la pitié du Seigneur est pour toute chair :
il reprend, il corrige, il enseigne,
il ramène, tel le berger, son troupeau.l

l Cf. 2 M 6.13-16 ; Sg 12.19-22. Le judaïsme tardif était préoccupé de justifier les interventions divines pour la punition des hommes. La miséricorde universelle de Dieu et son caractère pédagogique, ici soulignés, sont une nouveauté dans l’AT.

14 Il a pitié de ceux qui reçoivent la discipline
et qui cherchent avec zèle ses jugements.

La façon de donner.m

15 Mon fils, n’assaisonne pas de blâme tes bienfaits,
ni tous tes cadeaux de paroles chagrines.

m Ici reprennent les conseils de conduite. Le développement sur la magnanimité de Dieu amène une première collection de maximes sur la bienfaisance.

16 La rosée ne calme-t-elle pas la chaleur ?
Ainsi la parole vaut mieux que le cadeau.
17 Certes, une parole ne vaut-elle pas mieux qu’un riche présent ?
Mais l’homme charitable unit les deux.
18 L’insensé ne donne rien et fait affront,
et le don de l’envieux brûle les yeux.

Réflexion et prévision.

19 Avant de parler, instruis-toi,
avant d’être malade, soigne-toi.
20 Avant le jugement éprouve-toi,
au jour de la visite tu seras acquitté.
21 Humilie-toi avant de tomber malade,n
quand tu as péché montre ton repentir.

n La maladie est fréquemment présentée comme le châtiment du péché. Aussi la conversion et le repentir sont-ils un moyen d’éviter la maladie.

22 Que rien ne t’empêche d’accomplir un vœu en temps voulu,
n’attends pas la mort pour te mettre en règle.
23 Avant de faire un vœu, prépare-toi
et ne sois pas comme un homme qui tente le Seigneur.
24 Pense à la colère des derniers jours,
à l’heure de la vengeance, quand Dieu détourne sa face.o

o Le jour de la mort, cf. 1.13, plutôt que le jour du jugement. En général Ben Sira est peu préoccupé d’eschatologie.

25 Quand tu es dans l’abondance songe à la disette,
à la pauvreté et à la misère quand tu es riche.
26 Entre matin et soir le temps change,
tout passe vite devant le Seigneur.
27 En toutes choses le sage est sur ses gardes,
aux jours de péchép il évite l’offense.

p C’est-à-dire aux jours où le péché attire le sage.

28 Tout homme sensé reconnaît la sagesse ;
à qui l’a trouvée il fait son compliment.
29 Des gens parlèrent intelligemment et c’étaient des sages :
ils ont fait pleuvoir des maximes excellentes.q
Mieux vaut l’assurance en l’unique Maître
que de s’attacher d’un cœur mort à un mort.
r

q Allusion aux recueils de sagesse tels que les Proverbes.

r Les idoles sont des morts, cf. Sg 13.18.

Possession de soi-même.

30 Ne te laisse pas entraîner par tes passions
et refrène tes désirs.
31 tu t’accordes la satisfaction de tes appétits,
tu fais la risée de tes ennemis.
32 Ne te complais pas dans une existence voluptueuse,
ne t’oblige pas à en faire les frais.s

s Hébr. « Ne te réjouis pas d’un bien-être sans valeur (?), de crainte de devenir deux fois plus pauvre. »

33 Ne t’appauvris pas en festoyant avec de l’argent emprunté,
quand tu n’as pas un sou dans ta bourse.
Car ce serait machiner contre ta propre vie.t

t Gr II et lat.

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