Vigouroux – Sagesse 18
Les Egyptiens sont dans les ténèbres, tandis que les Israélites jouissent de la lumière. Ces derniers sont ensuite guidés par une colonne de feu. Les premiers-nés de l’Egypte sont exterminés sans réserve ; la plaie de la mort qui frappe les Hébreux dans le désert est bientôt arrêtée.
18 Cependant, Seigneur, une grande lumière éclairait vos saints, et les Egyptiens (ils, note) entendaient leur voix, mais ne voyaient pas leur visage. Pour eux, ils vous glorifiaient de ce qu’ils ne souffraient pas les mêmes peines ; [18.1 Voir Exode, 10, 23. ― Ils entendaient, etc. Cela est dit des Hébreux, suivant les uns, et des Egyptiens, selon les autres. Ces derniers se fondent principalement sur quelques exemplaires qui ajoutent le mot inimici ou ennemis.]2 et après avoir été maltraités auparavant, ils vous rendaient grâces maintenant qu’on avait cessé de leur nuire, et ils vous priaient de continuer à faire cette différence entre eux et leurs ennemis (existât toujours). 3 C’est pourquoi ils eurent une colonne ardente de feu pour guide dans un chemin inconnu, et vous leur avez donné (ainsi) un soleil qui, sans les incommoder, les accompagnait heureusement (sans préjudice de votre bonne hospitalité). [18.3 Voir Exode, 14, 24 ; Psaumes, 77, 14 ; 104, 39. ― Vous leur avez donné, etc. La colonne de feu leur servait de soleil. ― De votre bonne hospitalité (boni hospitii) ; c’est-à-dire le désert, où le Seigneur traita si bien les Israélites, en leur donnant, outre les colonnes de feu et de nuée, la manne, les cailles, etc.]4 Quant aux autres, ils méritaient bien d’être privés de lumière, et d’endurer une prison de ténèbres, eux qui tenaient enfermés vos fils, par qui la lumière incorruptible de votre loi commençait à être donnée au monde. [18.4 Une prison de ténèbres ; la plaie des ténèbres tenant les Egyptiens comme prisonniers dans les lieux où elle les avait surpris. Voir plus haut, Sagesse, 17, 16-17.]5 Ils avaient résolu de faire mourir les enfants des justes ; l’un de ces enfants, qui avait été exposé, fut sauvé pour leur punition, et vous avez enlevé un grand nombre de leurs (propres) enfants, et vous les avez perdus eux-mêmes dans l’abîme des eaux. [18.5-22 Dixième plaie : l’ange exterminateur fait mourir les premiers-nés des Egyptiens.][18.5 Voir Exode, 1, 16 ; 2, 3 ; 14, 27. ― Une eau puissante (aqua valida) ; la mer Rouge.]6 Cette nuit avait été connue d’avance par nos pères, afin que, sachant parfaitement à quelles promesses ils avaient cru, ils en demeurassent plus assurés. [18.6 Cette nuit, etc. Moïse avait prédit aux Israélites ce qui leur arriverait la nuit de leur sortie d’Egypte, et pendant laquelle les premiers-nés de l’Egypte furent tués par l’ange exterminateur. Comparer à Exode, chapitre 11 et 12. ― A quels serments, etc. Dieu avait promis par serment aux anciens Hébreux qu’il les retirerait de l’Egypte, et qu’il leur donnerait en possession la terre de Chanaan.]7 Ainsi votre peuple contempla (apprit, à la vérité,) le salut des justes et la ruine (l’extermination) des impies. 8 Car, de même que vous avez châtié nos adversaires, ainsi vous nous avez glorifiés en nous unissant (appelant) à vous. 9 Cependant les justes enfants des bons offraient leur sacrifice en secret, et ils établissaient d’un commun accord cette loi de justice, qu’ils participeraient également aux biens et aux maux, et ils chantaient déjà les cantiques de louanges (qu’ils avaient reçu) de leurs pères. 10 Mais en même temps retentissaient les voix confuses des ennemis, et l’on entendait des cris lamentables au sujet des enfants que l’on pleurait. 11 (Or) L’esclave était puni de la même peine que le maître, et l’homme du peuple souffrait les mêmes choses que le roi. [18.11 Voir Exode, 12, 29.]12 Ainsi donc, tous avaient semblablement des morts sans nombre, frappés de la même mort. Les vivants ne suffisaient pas aux sépultures (pour ensevelir), parce qu’en un instant (moment) la partie la plus noble (illustre) de la nation avait été exterminée. [18.12 Genre ; sorte, manière ; littéralement nom (nomine), qui, même dans les écrivains profanes, réunit ces diverses significations.]13 Ils n’avaient cru à rien (aucun prodige précédent), à cause des magiciens ; mais, aussitôt après l’extermination des premiers-nés, ils confessèrent que c’était le peuple de Dieu. [18.13 Aucun. Comme nous l’avons déjà remarqué, le mot tout, avec une négation, signifie en hébreu nul, pas un ; hébraïsme qui est passé dans les Septante et la Vulgate. ― Que c’était, etc. ; que les Hébreux étaient le peuple de Dieu.]14 Car tandis que tout reposait dans un paisible silence, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, 15 votre parole toute-puissante s’élança du ciel, du trône royal, comme un guerrier impitoyable, sur cette terre destinée à la perdition (d’extermination) ; 16 comme un glaive tranchant, elle portait votre irrévocable arrêt (fatal), elle était là, remplissant tout de meurtre (mort), et, se tenant sur la terre, elle atteignait jusqu’au ciel. [18.16 Fatal ; littéralement non dissimulé, non feint (insimulatum). ― Se tenant ferme ; ou dans l’attitude d’un combattant, vraie signification du latin stans.]17 Ils furent aussitôt troublés par des songes et des visions horribles (mauvaises), et des frayeurs inattendues les saisirent. 18 Renversés de côté et d’autre, à demi-morts, ils déclaraient le motif pour lequel ils mouraient (souffraient des maux). [18.18 Jetés çà et là ; littéralement un autre jeté là ; ce qui est mis par abréviation pour : Un jeté ici, un autre là.]19 Car les visions qui les troublaient les en avaient avertis (d’avance), de peur qu’ils ne périssent sans savoir la cause des maux qu’ils souffraient. 20 (A la vérité) L’épreuve de la mort frappa aussi alors les justes, et le peuple ressentit une vive secousse dans le désert ; mais votre colère ne dura pas longtemps. [18.20 L’auteur fait ici allusion à ce qui arriva aux Israélites dans le désert, après la révolte de Coré, de Dathan et d’Abiron. Voir Nombres, 16, verset 46 et suivants.]21 Car un homme irrépréhensible (sans reproche, note) se hâta d’intercéder pour le peuple ; il vous opposa le bouclier de son ministère, et, vous adressant sa prière et sa supplication avec l’encens, il résista à votre (la) colère et fit cesser le fléau, montrant qu’il était votre serviteur. [18.21 Voir Nombres, 16, 46. ― Un homme ; Aaron le grand-prêtre. ― Sans reproche (sine querela) ; dans la circonstance actuelle. Voir le verset 20. L’auteur ne rappelle pas la faute d’Aaron lorsqu’il permit au peuple d’adorer le veau d’or, parce que cette ancienne faute avait été effacée longtemps auparavant.]22 Il ne domina pas le trouble par la force du corps, ni par la puissance des armes ; mais il arrêta l’exterminateur par sa parole, en alléguant les serments faits aux patriarches (à nos pères) et l’alliance (jurée avec eux). [18.22 Celui qui le faisait souffrir ; l’ange exterminateur (voir verset 25). Aaron a dû, en effet, beaucoup souffrir en voyant exterminer son peuple. ― Les serments faits à nos pères ; c’est le vrai sens du latin juramenta patrum, par hébraïsme.]23 Il y avait déjà des monceaux de morts, tombés les uns sur les autres, lorsqu’il s’interposa, arrêta la vengeance, et coupa la route qui conduisait aux (sur)vivants. [18.23 Lui coupa le chemin ; littéralement divisa, partagea le chemin ; en se posant entre le feu, qui avait déjà dévoré beaucoup d’Israélites, et ceux qui vivaient encore.]24 Car le monde entier était représenté par la longue robe qu’il portait ; les noms glorieux (grandeurs) des ancêtres étaient gravés sur les quatre rangs de pierres, et votre magnificence était gravée sur le diadème de sa tête. [18.24 Voir Exode, 28, 6. ― Dans la longue robe, etc. Cette robe du grand prêtre était de fin lin, bleu de ciel, et au bord de laquelle pendaient des sonnettes d’or entremêlées de grenades couleur de pourpre. Or la couleur bleue représentait le ciel et l’air ; la toile de lin, la terre ; l’or, le feu et les grenades, la mer. ― Les grandeurs ; les Septante disent les gloires, ce sont les noms des douze patriarches, fils de Jacob (voir Exode, 28, verset 17 et suivants). ― Votre magnificence, etc. Le grand-prêtre portait écrit sur une lame d’or qui ceignait son front : « La sainteté est au Seigneur » (voir Exode, 28, 36-38.).]25 (Or) L’exterminateur céda devant ces choses, et il en fut effrayé ; car l’expérience qu’on avait faite de votre colère suffisait.