19 Et toi, prononce une complainte sur les princes d’Israël.
c Ce poème est une qîna, c’est-à-dire une lamentation, au rythme caractéristique, chaque vers se composant de deux stiques inégaux. Cf. 26.17-18 ; 27.3-9, 25-36. Sa forme est allégorique, mais il n’est pas aisé d’en interpréter tous les éléments.
Qu’était ta mère ? Une lionne
parmi des lions ;
couchée parmi les lionceaux,
elle nourrissait ses petits.d
d La lionne est la nation israélite, dont les rois sont les fils.
3 Elle éleva un de ses petits,
il devint un jeune lion,
il apprit à déchirer sa proie,
il dévora des hommes.
4 Les nations en entendirent parler,
il fut pris dans leur fosse ;
on l’emmena avec des crocs
au pays d’Égypte.e
e Allusion à Joachaz, déposé et emmené en Égypte par Néko en 609.
5 Elle vit que son attente était déçue,
déçue son espérance.
Elle prit un autre de ses petits,
en fit un jeune lion.
6 Il rôda parmi les lions,
il devint un jeune lion ;
il apprit à déchirer sa proie,
il dévora des hommes.
7 Il démolit leurs palais,f
il détruisit leurs villes ;
le pays et ses habitants furent consternés
au bruit de son rugissement.
f « démolit leurs palais » wayyaroa` ’armenôtayw d’après les versions ; « connut leurs veuves » wayyeda` ’almenôtayw hébr.
8 On dressa contre lui les nations,
les provinces environnantes ;
elles étendirent sur lui leur filet,
il fut pris dans leur fosse.
9 Avec des crocs ils le mirent en cage,
ils le menèrent au roi de Babylone,
ils le menèrent dans des lieux escarpés,
pour qu’on n’entendît plus sa voix
sur les montagnes d’Israël.g
g « dans des lieux escarpés » grec, Vulg. ; « dans des pièges » (?) hébr. — Il s’agit, semble-t-il, de Joiakîn, emmené à Babylone en 597. Le prophète ne mentionne pas le règne de Joiaqim, qui, mort de mort naturelle, ne présente pas une leçon pour Sédécias et ses contemporains.
10 Ta mère était semblable à une vigne,h
plantée au bord de l’eau.
Elle était féconde et feuillue,
grâce à l’abondance de l’eau.
h « semblable à » Targ. ; hébr. inintelligible (litt. « dans ton sang »). — Nouvelle allégorie la vigne est la nation qui fut un temps prospère et qui va être détruite.
11 Elle eut des ceps puissants
qui devinrent des sceptres royaux ;
sa taille s’éleva
jusqu’au milieu des nuages ;
on l’admira pour sa hauteur
et la quantité de ses branches.
12 Mais elle a été arrachée avec fureur
et jetée à terre ;
le vent d’est a desséché son fruit,
elle a été brisée,
son cep puissant a séché,i
le feu l’a dévoré.
i « elle a été brisée », « a séché » grec ; « ils ont été brisés », « ils ont séché » hébr.
13 La voici plantée au désert,
au pays sec et aride,
14 et le feu est sorti de son cep,
il a dévoré ses tiges et son fruit.
Elle n’aura plus son sceptre puissant,
son sceptre royal.
C’est une complainte ; elle servit de complainte.