Nouvelle Bible Segond – Genèse 19
Loth échappe à la destruction de Sodome
19 Les deux messagers arrivèrent à Sodome sur le soir. Or Loth était assis à la porte de Sodome. Quand Loth les vit, il se leva pour aller à leur rencontre et se prosterna face contre terre. [messagers : autre traduction anges ; cf. 18.10n,16. – Loth 13.12. – assis à la porte Dt 16.18n ; Rt 4.1+.]2 Puis il dit : Mes seigneurs, je vous prie, faites un détour par chez moi, votre serviteur, pour y passer la nuit ; lavez-vous les pieds ; vous vous lèverez de bon matin et vous poursuivrez votre route. Non, répondirent-ils, nous passerons la nuit dehors, sur la place. [Sur l'hospitalité, cf. 18.3-5+ ; Jg 19.16-21.]3 Mais il insista tellement qu'ils firent un détour pour se rendre chez lui. Il donna un banquet pour eux. Il fit cuire des pains sans levain, et ils mangèrent. [il insista tellement : cf. v. 9n.]
4 Ils n'étaient pas encore couchés que les gens de la ville, les hommes de Sodome, entourèrent la maison, depuis les jeunes gens jusqu'aux vieillards, tout le peuple, sans exception. [sans exception : autre traduction de tous les coins, cf. Jr 51.31 (d'une extrémité à l'autre).]5 Ils appelèrent Loth et lui dirent : Où sont les hommes qui sont entrés chez toi ce soir ? Fais-les sortir vers nous, pour que nous ayons des relations avec eux ! [ce soir : autre traduction cette nuit. – ayons des relations... 4.1n ; c'est de cette mention de l'homosexualité des gens de Sodome que nous vient le mot sodomie. Cf. 13.13 ; 18.20 ; Lv 20.13 ; Jg 19.22-25 ; Rm 1.24,27 ; cf. Ez 16.49s.]6 Loth sortit vers eux, à l'entrée de la maison, et ferma la porte derrière lui. [de la maison : sous-entendu dans le texte.]7 Il dit : Mes frères, je vous en prie, n'agissez pas mal ! 8 J'ai deux filles qui n'ont jamais eu de relations avec un homme ; je vais les faire sortir vers vous, et vous leur ferez ce qu'il vous plaira. Seulement, ne faites rien à ces hommes, puisqu'ils sont venus à l'ombre de mon toit. [Voir Jg 19.23n.]9 Ils dirent : Pousse-toi ! Ils dirent encore : Celui-ci est venu tout seul, en immigré, et il veut faire le juge ! Maintenant, nous allons te faire plus de mal qu'à eux ! Tout en insistant fortement auprès de Loth, ils s'avançaient pour briser la porte. [juge Ex 2.14+ ; 2P 2.7s. – en insistant fortement : autre traduction en pressant violemment ; la même formule hébraïque évoque l'insistance de Loth au v. 3 ; même verbe en 33.11 ; Jg 19.7 ; 2R 2.17 ; 5.16. – Loth : litt. l'homme Loth ; cf. Nb 12.3n.]10 Les hommes tendirent la main, firent rentrer Loth auprès d'eux dans la maison et fermèrent la porte. [Les hommes : il s'agit des messagers ou anges que Loth a invités chez lui ; cf. v. 1 ; 18.1,22.]11 Quant aux hommes qui étaient à l'entrée de la maison, ils les frappèrent de cécité, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, de sorte qu'ils n'arrivaient plus à trouver l'entrée. [cécité ou aveuglement 2R 6.18. – depuis le plus petit jusqu'au plus grand, c.-à-d. tous sans exception : cf. 1S 5.9 ; 2R 23.2 ; 25.26 ; Jr 6.13n ; Jon 3.5 ; Est 1.5,20 ; 2Ch 34.30.]
12 Les hommes dirent à Loth : Qui as-tu encore ici ? Gendre, fils et filles, tout ce qui t'appartient dans la ville, fais-leur quitter ce lieu. [Fils et filles : litt. tes fils et tes filles. – tout ce qui t'appartient : autre traduction tous ceux qui t'appartiennent.]13 Car nous allons anéantir ce lieu. En effet, devant le SEIGNEUR, les cris contre eux sont si forts que le SEIGNEUR nous a envoyés pour anéantir la ville. [les cris... : litt. leur cri est grand, 18.20ns.]14 Loth sortit pour parler à ses gendres, à ceux qui allaient épouser ses filles, et il leur dit : Quittez ce lieu, car le SEIGNEUR va anéantir la ville. Mais ses gendres crurent qu'il plaisantait. [Cf. Lc 17.28s. – Quittez ce lieu : litt. levez-vous, sortez de ce lieu.]
15 Quand l'aurore se leva, les messagers pressèrent Loth en disant : Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent ici, pour ne pas être emporté par la faute de la ville. [emporté ou supprimé, de même au v. 17 ; cf. 18.23n. – par (ou dans) la faute (ou le châtiment)... : cf. Jr 51.6 ; Ez 3.18n ; Ap 18.4 ; voir aussi péché.]16 Mais il s'attardait ; alors les hommes le saisirent par la main, lui, sa femme et ses deux filles, car le SEIGNEUR voulait l'épargner ; ils le firent sortir et le laissèrent en dehors de la ville. [le SEIGNEUR voulait l'épargner : autre traduction par la magnanimité du SEIGNEUR ; sur le terme correspondant, voir Es 63.9n ; terme voisin en Ex 2.6n. – le laissèrent : autre traduction le conduisirent ; cf. 2.15n.]17 En les faisant sortir à l'extérieur, il dit : Sauve-toi, il y va de ta vie ; ne regarde pas derrière toi et ne t'arrête pas dans tout le District ; sauve-toi vers la montagne, de peur que tu ne sois emporté ! [ta vie : cf. 1.20n. – ne regarde pas... : cf. Mt 24.15-18//. – District 13.10nss. – de peur que... : cf. Nb 16.26.]18 Loth leur dit : Oh ! non, je t'en prie, Seigneur ! 19 Je t'en prie : moi, ton serviteur, j'ai trouvé grâce à tes yeux et tu as montré une grande fidélité envers moi en me conservant la vie ; mais je ne peux pas, moi, me sauver vers la montagne sans que le malheur s'attache à moi : je mourrai ! [tu as montré... : litt. tu as grandi ta fidélité que tu as faite avec moi ; voir grâce.]20 Regarde cette ville, je t'en prie : elle est assez proche pour que je m'y enfuie, et elle est petite ! Je t'en prie, pour que je reste en vie, laisse-moi me sauver jusque-là – n'est-elle pas petite ? [petite : hébreu mits‘ar, qui fait assonance avec le nom de Tsoar au v. 22n ; cf. v. 31n ; Ps 42.7n.]21 Alors il lui dit : Je te fais encore cette faveur : je ne détruirai pas la ville dont tu parles. [Je te fais encore cette faveur : litt. j'ai relevé ta face (cf. 4.7n) aussi pour cette parole (ou chose). – détruirai : le verbe employé ici signifie au sens propre retourner, renverser, mettre sens dessus-dessous, bouleverser ; on le retrouve aux v. 25,29 et en Dt 29.22 ; Es 1.7 ; 13.19 ; Jr 20.16 ; 49.18 ; 50.40 ; Os 11.8n ; Am 4.11 ; Jon 3.4 ; Lm 4.6 ; voir aussi 1S 10.9n ; So 3.9n. Son équivalent grec dans LXX a donné notre mot catastrophe.]22 Vite, sauve-toi jusque-là, car je ne peux rien faire jusqu'à ce que tu y sois arrivé. C'est pourquoi on a appelé cette ville du nom de Tsoar (« Petite »). [Tsoar : nom propre apparenté à la racine qui exprime la petitesse au v. 20n ; cf. Es 15.5.]23 Le soleil se levait sur la terre lorsque Loth entra dans Tsoar.
24 Alors le SEIGNEUR fit pleuvoir sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu venant du SEIGNEUR, du ciel. [Gomorrhe : la catastrophe est étendue à Adma et Tseboïm en Dt 29.22 ; cf. Os 11.8. Voir aussi Mt 10.15 ; 11.23s ; 2P 2.6 ; Jd 7. – soufre (Jb 18.15+) / feu Lc 17.29 ; Ap 14.10 ; 20.10.]25 Il détruisit ces villes, tout le District, tous les habitants des villes et la végétation de la terre. 26 La femme de Loth regarda en arrière et devint une statue de sel. [La femme de Loth : litt. sa femme ; Lc 17.32. – sel So 2.9. – Cf. Sagesse 10.7 : « En témoignage de leur perversité subsistent toujours une terre aride et fumante, des plantes aux fruits que les saisons ne mûrissent pas, et une colonne de sel dressée en mémorial d'une âme incrédule. »]
27 Abraham se leva de bon matin pour aller au lieu où il s'était tenu devant le SEIGNEUR. [18.16ss.]28 Il porta ses regards du côté de Sodome et de Gomorrhe, et sur tout le District, et il vit monter de la terre une fumée comme celle d'un fourneau. [fumée Ap 9.2 ; 14.11. – fourneau : comparer avec 15.17 (c'est un autre terme qui y est traduit par fournaise) ; même terme en Ex 9.8,10 ; 19.18.]29 Lorsque Dieu anéantit les villes du District, il se souvint d'Abraham : il retira Loth de la destruction lorsqu'il détruisit les villes où Loth habitait. [il retira... : litt. il renvoya Loth du milieu de la destruction, cf. Es 1.7.]
Loth et ses filles
30 Loth monta de Tsoar pour s'installer dans la montagne avec ses deux filles, car il avait peur de s'installer à Tsoar. Il s'installa dans une grotte. [une grotte : litt. la grotte : elle est peut-être connue du lecteur (cf. 6.17n ; 14.13n).]31 Alors l'aînée dit à la cadette : Notre père est vieux, et il n'y a pas d'homme dans le pays pour aller avec nous selon l'usage commun à tous. [Cf. Rt 3. – la cadette : litt. la petite (hébreu tse‘ira), nouveau terme faisant assonance avec le nom de Tsoar (v. 20n,22n). – il n'y a pas d'homme dans le pays : on pourrait aussi traduire il n'y a plus personne sur la terre, ce qui donnerait une autre idée de la dimension de la catastrophe et expliquerait la situation désespérée de la famille de Loth. – selon l'usage commun à tous : litt. selon la voie (ou le chemin) de toute la terre ; formule analogue (à propos de la mort) Jos 23.14 ; 1R 2.2n.]32 Viens, faisons boire du vin à notre père et couchons avec lui, afin de donner la vie à une descendance issue de notre père. [afin de donner... : litt. et nous ferons vivre de notre père une descendance, de même au v. 34. Cf. 11.4 ; 38.11-30 ; voir aussi Lv 18.6s ; Ha 2.15 ; Rm 3.8.]33 Elles firent donc boire du vin à leur père ce soir-là ; et l'aînée alla coucher avec son père : il ne se rendit compte de rien, ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva. [ce soir-là : autre traduction cette nuit-là. – il ne se rendit compte de rien : litt. il ne sut pas ou il ne connut pas.]34 Le lendemain, l'aînée dit à la cadette : J'ai couché avec mon père la nuit dernière ; faisons-lui boire du vin ce soir encore, et va coucher avec lui, afin de donner la vie à une descendance issue de notre père. 35 Elles firent boire du vin à leur père ce soir-là encore, et la cadette se releva pour coucher avec lui : il ne se rendit compte de rien, ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva. 36 Ainsi les deux filles de Loth furent enceintes de leur père. [de leur père : hébreu mé'abihèn, formule qui fait assonance avec le nom de Moab, cf. v. 37n.]37 L'aînée mit au monde un fils qu'elle appela du nom de Moab : c'est le père de Moab – jusqu'à aujourd'hui. [Cette conclusion établit la parenté d'Israël avec ses deux voisins Moab (v. 36n) et Ammon (v. 38). Du point de vue d'Israël, ces voisins sont à la fois stigmatisés par leur origine incestueuse et mis en valeur par un double rattachement à Loth, et par celui-ci à Abraham (cf. Dt 2.9,19 ; voir aussi 23.3ss ; Rt). – c'est le père... : litt. c'est le père de Moab jusqu'à aujourd'hui ; les Moabites étaient installés sur le plateau qui domine la mer Morte, à l'est.]38 La cadette mit aussi au monde un fils, qu'elle appela du nom de Ben-Ammi (« Fils de mon peuple ») : c'est le père des Ammonites – jusqu'à aujourd'hui. [Ben-Ammi signifie Fils de mon peuple ou mon compatriote, l'un des miens (cf. Os 1.9 ; 2.3). Voir aussi nom. – c'est le père des Ammonites (litt. des fils d'Ammon), cf. v. 37n ; les Ammonites avaient leur territoire à l'est du Jourdain, au nord de celui des Moabites (cf. So 2.9).]