Nouvelle Bible Segond – Juges 19
Le crime des Benjaminites de Guibéa
19 En ces jours-là, il n'y avait pas de roi en Israël. Un lévite qui séjournait en immigré au fin fond de la région montagneuse d'Ephraïm prit pour concubine une femme de Beth-Léhem de Juda. [En ces jours-là... 17.6+. – lévite / région montagneuse d'Ephraïm / Beth-Léhem de Juda : cf. 17.7ns. – séjournait en immigré 17.7n. – concubine ou épouse de second rang ; peut-être le lévite était-il trop pauvre pour payer la dot nécessaire à un mariage en bonne et due forme ; cf. 8.31n ; 2S 5.13n.]2 Sa concubine lui fut infidèle, puis elle le quitta pour retourner chez son père, à Beth-Léhem de Juda ; elle y resta pendant quatre mois. [lui fut infidèle : litt. se prostitua contre lui ; certains, rattachant le verbe hébreu à une autre racine, comprennent se disputa avec lui. – chez son père : cf. Gn 38.11 ; Lv 22.13. – pendant quatre mois : litt. des jours, quatre mois ; certains mss portent des jours et quatre mois, ce qui pourrait signifier un an et quatre mois (cf. 17.10n).]3 Son mari décida d'aller la voir pour parler à son cœur et la ramener. Il avait avec lui son serviteur et deux ânes. Elle le fit entrer dans la maison de son père ; quand le père de la jeune femme le vit, il l'accueillit avec joie. [parler à son cœur : autres traductions lui faire entendre raison ; se réconcilier avec elle ; Gn 34.3n ; Os 2.16n.]4 Son beau-père, le père de la jeune femme, le retint, et il resta trois jours chez lui. Ils mangèrent et burent, et ils passèrent les nuits là.
5 Le quatrième jour, ils se levèrent de bon matin. Comme il se disposait à partir, le père de la jeune femme dit à son gendre : Mange quelque chose, restaure-toi ; vous partirez ensuite. [se disposait à partir : litt. se leva pour (s'en) aller, comme au v. 7. – Mange... : litt. soutiens ton cœur d'un morceau de pain, de même au v. 8 ; cf. Gn 18.5n ; 1S 28.22 ; Ps 104.15 ; sur l'hospitalité et la politesse orientales, voir aussi Gn 24.54-59 ; 33.12-17.]6 Ils s'assirent, ils mangèrent et ils burent tous les deux. Puis le père de la jeune femme dit au mari : Accepte de passer la nuit, je te prie, que ton cœur soit content ! [au mari : autre traduction à l'homme, même possibilité dans la suite. – que ton cœur soit content v. 9,22 ; cf. 16.25n ; 18.20.]7 Le mari se levait pour s'en aller ; mais son beau-père insista tellement qu'il passa encore la nuit là. [insista Gn 19.3,9n.]
8 Le cinquième jour, il se leva de bon matin pour partir. Alors le père de la jeune femme dit : Restaure-toi, je te prie ; restez jusqu'au déclin du jour. Et ils mangèrent tous deux. [restez : litt. attardez-vous (cf. Gn 19.16) ; certains mss de LXX portent ils s'attardèrent.]9 Le mari se levait pour s'en aller, avec sa concubine et son serviteur ; mais son beau-père, le père de la jeune femme, lui dit : Le jour baisse, il se fait tard ; passez la nuit, je vous prie ; le jour décline, passez ici la nuit, que ton cœur soit content ! Demain vous vous lèverez de bon matin pour vous mettre en route, et tu t'en iras dans ta tente. [Le jour baisse, il se fait tard : litt. le jour faiblit pour le soir ; cf. Lc 24.29. – décline : litt. campe ou installe son camp. – Demain : cf. 2S 11.12. – dans ta tente Jos 22.4.]10 Mais le mari ne voulut pas passer la nuit, il se leva et partit. Il arriva jusque devant Jébus (c'est-à-dire Jérusalem) avec les deux ânes bâtés et avec sa concubine. [Jébus / Jérusalem (1.21 ; Jos 15.8,63 ; 18.16,28 ; 2S 5.6-8 ; 1Ch 11.4-8), à deux heures environ de Beth-Léhem (v. 1s).]11 Lorsqu'ils furent près de Jébus, le jour avait beaucoup baissé. Le serviteur dit alors à son maître : Allons, je t'en prie, faisons un détour par cette ville des Jébusites, nous y passerons la nuit. 12 Son maître lui répondit : Nous ne ferons pas de détour par une ville étrangère où il n'y a pas d'Israélites ; nous passerons la nuit à Guibéa. [Guibéa (Colline) v. 14 ; Jos 18.28 ; 1S 11.4 ; 13.2 ; à 6 km au nord de Jérusalem ; comparer la suite avec Os 9.9 ; 10.9.]13 Il dit encore à son serviteur : Allons, rapprochons-nous de Guibéa ou de Rama, et nous passerons la nuit dans l'un de ces lieux. [Rama : à 3 km au nord de Guibéa (4.5).]14 Ils passèrent leur chemin, et le soleil se coucha quand ils furent près de Guibéa, qui appartient à Benjamin. [Ils passèrent leur chemin : litt. ils passèrent et allèrent. – le soleil se coucha : cf. Gn 28.11.]15 Ils firent un détour pour aller passer la nuit à Guibéa. Il entra et s'arrêta sur la place de la ville, mais personne ne leur offrit l'hospitalité pour la nuit. [Cf. Gn 19.1ss. – sur la place : à l'entrée de la porte principale de la ville. – personne... : litt. personne qui les recueillît dans la maison pour passer la nuit ; cf. v. 3-9,18.]
16 Or un vieillard revenait, le soir, de travailler aux champs ; cet homme était de la région montagneuse d'Ephraïm, il séjournait en immigré à Guibéa, tandis que les gens du lieu étaient Benjaminites. [il séjournait... v. 1 ; 17.7n ; cf. Gn 13.10-13 ; 19.9.]17 Il leva les yeux et vit le voyageur sur la place de la ville. Le vieillard lui dit : Où vas-tu, et d'où viens-tu ? 18 Il lui répondit : Nous allons de Beth-Léhem de Juda jusqu'au fin fond de la région montagneuse d'Ephraïm, d'où je suis. J'étais allé à Beth-Léhem de Juda. Je me rends à la maison du SEIGNEUR, mais personne ne m'offre l'hospitalité. [Je me rends à (autre traduction je fréquente) la maison du SEIGNEUR : sans doute le sanctuaire où le lévite officie, en Ephraïm ; LXX dans ma maison (c.-à-d. chez moi).]19 Nous avons cependant de la paille et du fourrage pour nos ânes ; nous avons aussi du pain et du vin pour moi, pour ma femme et pour le serviteur qui nous accompagne. Nous n'avons besoin de rien. [Cf. Gn 24.25. – pour ma femme... : litt. pour ta servante et pour le serviteur qui est avec tes serviteurs (autre mot hébreu).]20 Le vieillard dit : Sois tranquille ! Je me charge de tout ce dont tu as besoin ; tu ne passeras pas la nuit sur la place ! [Sois tranquille : litt. paix pour toi, cf. 6.23n.]21 Il les fit entrer chez lui et donna du fourrage aux ânes. Les voyageurs se lavèrent les pieds ; puis ils mangèrent et burent. [Les voyageurs (litt. ils) se lavèrent les pieds Gn 18.4 ; 19.2 ; 24.32 ; 43.24 ; cf. Lc 7.44 ; Jn 13.1-15.]
22 Comme leur cœur était content, des hommes de la ville, des hommes sans morale, entourèrent la maison et se mirent à tambouriner à la porte en disant au vieillard, le maître de la maison : Fais sortir l'homme qui est entré chez toi, pour que nous ayons des relations avec lui ! [Gn 19.4s,9. – des hommes sans morale Dt 13.14n. – que nous ayons... : cf. v. 25 ; Gn 4.1n.]23 Le maître de la maison sortit vers eux et leur dit : Non, mes frères, n'agissez pas mal, je vous en prie ; puisque cet homme est entré chez moi, ne commettez pas une telle folie ! [Gn 19.6-8 ; l'échelle des valeurs que ce passage reflète (la protection de l'hôte passe avant celle de la femme) correspond aux lois de l'hospitalité en vigueur dans l'ancien Orient. – chez moi : litt. dans ma maison. – folie : autres traductions scandale ; infamie ; cf. v. 24 ; 20.6,11 ; Gn 34.7n.]24 Voici ma fille, qui est vierge, ainsi que la concubine de cet homme. Laissez-moi les faire sortir, je vous prie, abusez d'elles et faites-leur ce qui vous plaira. Mais ne vous livrez pas à une telle folie sur cet homme ! [ma fille... : cf. Gn 19.8. – la concubine de cet homme : ce détail anticipe peut-être sur le v. 25. – abusez d'elles : cf. 20.5 ; Gn 34.2n. – ce qui vous plaira : litt. ce qui est bon à vos yeux.]25 Ils ne voulurent pas l'écouter. Alors l'homme saisit sa concubine et la leur amena dehors. Ils eurent des relations avec elle et la brutalisèrent toute la nuit, jusqu'au matin ; puis ils la renvoyèrent au lever de l'aurore.
26 Vers le matin, cette femme s'en vint tomber à l'entrée de la maison de l'homme chez qui était son maître, jusqu'à ce qu'il fît jour. [son maître ou son mari ; le terme correspondant (de même dans la suite) est souvent traduit par seigneur ; cf. Gn 18.12n.]27 Au matin, son maître se leva, ouvrit la porte de la maison et sortit pour continuer son chemin. Mais la femme, sa concubine, était étendue à l'entrée de la maison, les mains sur le seuil. 28 Il lui dit : Lève-toi et allons-nous-en. Mais il n'y eut pas de réponse. Alors le mari la mit sur son âne et s'en alla chez lui. [il n'y eut pas de réponse : LXX précise car elle était morte. – chez lui : litt. à son lieu.]29 Il entra dans sa maison, prit le couteau, saisit sa concubine, la découpa, membre par membre, en douze morceaux et l'envoya ainsi dans tout le territoire d'Israël. [le couteau : même terme en Gn 22.6,10 ; Pr 30.14. – membre par membre : litt. selon ses os. – l'envoya ainsi : litt. l'envoya (la femme) ; LXX les envoya (les morceaux). – dans tout le territoire d'Israël : cf. 1S 11.7.]30 Tous ceux qui virent cela disaient : Jamais rien de pareil n'est arrivé ni ne s'est vu depuis que les Israélites sont montés d'Egypte jusqu'à ce jour ; réfléchissez, tenez conseil et parlez. [depuis... Egypte 1S 8.8 ; 2S 7.6. – montés d'Egypte Gn 12.10n. – jusqu'à ce jour : LXX ajoute : et il donna cet ordre aux hommes qu'il envoya : Vous parlerez ainsi à tous les hommes d'Israël : Jamais rien de pareil... ; cf. 20.4-7 ; Gn 34.7 ; Jr 2.10.]