Vigouroux – 2 Maccabées 2
Suite de la lettre précédente, où se trouvent diverses particularités arrivées au temps de la transmigration des Juifs à Babylone. Préface où l’auteur de ce livre expose son dessein.
2 On trouve dans les écrits du prophète Jérémie, qu’il ordonna à ceux qui émigraient de prendre le feu (sacré), comme il a été dit, et comme il le commanda aux émigrés. [2.1 Dans les écrits, etc. Ces écrits étaient encore entre les mains des Juifs, lorsqu’ils écrivirent cette lettre ; mais on ne les trouve plus depuis fort longtemps dans les écrits qui nous restent de Jérémie.]2 Et il leur donna la loi, pour les empêcher d’oublier les préceptes du Seigneur, et de tomber dans l’égarement d’esprit en voyant les idoles d’or et d’argent, et leurs ornements. 3 Et, disant encore d’autres choses semblables, il les exhortait à ne pas éloigner leur cœur de la loi. 4 Il était aussi marqué dans le même écrit comment le prophète ordonna, d’après une réponse qu’il avait reçue de Dieu, qu’on emportât avec lui le tabernacle et l’arche, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à la montagne sur laquelle Moïse était monté et avait vu l’héritage de Dieu. [2.4 Sur laquelle Moïse, etc. Voir Deutéronome, 34, 1.]5 Etant arrivé là, Jérémie trouva une caverne, et il y porta le tabernacle, l’arche et l’autel de l’encensement (des parfums) ; puis il obstrua l’entrée. 6 Or quelques-uns de ceux qui l’avaient suivi s’approchèrent ensemble, pour remarquer ce lieu, et ils ne purent le trouver. 7 Lorsque Jérémie l’apprit, les blâmant, il dit que ce lieu demeurerait inconnu, jusqu’à ce que Dieu eût rassemblé son peuple dispersé et qu’il lui eût fait miséricorde (soit propice) ; [2.7 Ce lieu. Le mot quod, qui précède dans la Vulgate, est un pur hébraïsme. Comparer à quoniam dans 1 Machabées, 14, 28.]8 et qu’alors le Seigneur montrerait ces choses, et que la majesté du Seigneur apparaîtrait, et qu’il y aurait une nuée, comme elle avait apparu à Moïse, et comme elle fut manifestée lorsque Salomon demanda que le temple fût sanctifié pour le grand Dieu. [2.8 Comme lorsque Salomon, etc. Voir 3 Rois, 8, 11 ; 2 Paralipomènes, 6, 14. Il les manifestait, c’est-à-dire, le Seigneur manifestait ces choses (hæc), les choses mentionnées au commencement du verset.]9 Car il faisait éclater sa sagesse d’une manière magnifique, et, comme un homme rempli de sagesse, il offrit le sacrifice de la dédicace et de la consommation du temple. [2.9 De la consommation du temple. Le temple ne fut pour ainsi dire complètement achevé, que lorsqu’il fut dédié, parce qu’alors seulement Dieu put y être honoré selon tous les rites.]10 De même que Moïse pria le Seigneur, et que le feu descendit du ciel et consuma l’holocauste ; de même Salomon pria aussi, et le feu descendit du ciel et consuma l’holocauste. [2.10 Moïse priait, etc. Voir Lévitique, 9, 24. Salomon pria, etc. Voir 2 Paralipomènes, 7, 1.]11 Et Moïse dit : Parce que la victime qui était offerte pour le péché n’a pas été mangée, elle a été consumée (par le feu). [2.11 Moïse dit, etc. Voir Lévitique, 10, 16-17.]12 Et semblablement Salomon célébra pendant huit jours la dédicace (du temple). 13 Ces mêmes choses se trouvaient aussi dans les écrits et dans les mémoires de Néhémie, et la manière dont il forma une bibliothèque et rassembla de divers pays les livres des prophètes et ceux de David, et les lettres des rois, et ce qui concernait les dons (faits au temple). [2.13 Dans les mémoires de Néhémie, aujourd’hui perdus.]14 Semblablement, Judas a aussi recueilli tout ce qui s’était perdu pendant la guerre qui nous est survenue, et ces écrits sont chez nous. [2.14 Pareillement, comme l’avait fait Néhémie.]15 Si donc vous les désirez, envoyez-nous des personnes qui vous les porte(ro)nt. 16 Ainsi donc, sur le point de célébrer la purification, nous vous avons écrit, et vous ferez (donc) bien de célébrer ces jours. [2.16 La purification ; c’est la fête dont il est parlé à 2 Machabées, 1, 18.]17 Quant à Dieu, qui a délivré son peuple, qui a rendu à tous l’héritage et le royaume, le sacerdoce et le sanctuaire (lieu saint), [2.17 Le lieu saint ; littéralement, la sanctification. Comparer à 1 Machabées, 1, 23.]18 selon qu’il l’avait promis dans la loi, nous espérons qu’il aura bientôt pitié de nous, et qu’il nous rassemblera dans le lieu saint, de tous les pays qui sont sous le ciel. [2.18 Voir Deutéronome, 30, vv. 3, 5 ; 2 Machabées, 1, 29.]19 Car il nous a délivrés de grands périls, et il a purifié le (saint) lieu. [2.19 Ici finit la lettre des Juifs.]20 En ce qui concerne Judas Machabée et ses frères, la purification du grand temple et la dédicace de l’autel, [2.20 Depuis ce verset jusqu’à la fin du chapitre, préface de l’auteur de ce livre. Ajoutons qu’ici commence une phrase qui ne se termine qu’au verset 24.]21 comme aussi les combats qui ont été livrés sous Antiochus l’Illustre (le Noble, note) et sous son fils Eupator, [2.21 Le Noble. Voir 1 Machabées, 10, 1. Sur Antiochus IV Epiphane, voir 1 Machabées, 1, verset 11 et suivants. Sur Antiochus V Eupator, voir 1 Machabées, 3, 32.]22 et les apparitions qu’ont reçues du ciel ceux qui ont combattu vaillamment pour les Juifs, de sorte que, malgré leur petit nombre, ils se sont rendus maître de tout le pays, ont mis en fuite une (la) multitude (des) barbare(s), [2.22 Les apparitions. C’est le vrai sens du mot illuminationibus, expliqué par le correspondant du texte grec. Comparer d’ailleurs les chapitres suivants, 2 Machabées, 3, 25-26 ; 5, vv. 2, 5.]23 ont recouvré le temple le plus célèbre (fameux) qui soit dans tout l’univers, ont délivré la ville et rétabli les lois qui avaient été abolies, le Seigneur leur ayant été propice en toute bienveillance (leur accordant toute tranquillité), [2.23 Le temple, la cité de Jérusalem.]24 nous avons tâché d’abréger en un seul volume ce qui a été écrit en cinq livres par Jason de Cyrène (le Cyrénéen, note). [2.24 Jason le Cyrénéen. Sa personne et sa vie nous sont inconnues. On peut seulement admettre avec vraisemblance qu’étant de Cyrène, ville d’Afrique où les Juifs étaient nombreux et parlaient grec, il avait lui-même écrit en grec. Sur Cyrène, voir Actes des Apôtres, 2, 10.]25 Car, considérant la multitude des livres, et la difficulté qui existe pour ceux qui veulent apprendre les récits de l’histoire, à cause de la multitude des choses, 26 nous avons fait en sorte que celui-ci soit une jouissance de l’esprit pour ceux qui voudront (bien le) lire, que les hommes studieux puissent le confier plus facilement à leur mémoire, et que tous les lecteurs y trouvent de l’utilité. 27 Quant à nous-mêmes, qui avons entrepris ce travail d’abréviation, nous ne nous sommes pas imposé une tâche facile, mais un travail qui demande beaucoup de veilles et de sueurs. 28 Comme ceux qui préparent un festin et qui cherchent à satisfaire le goût des autres, pour l’avantage d’un grand nombre, nous entreprenons volontiers ce travail ; [2.28 L’auteur semble faire allusion à la coutume reçue chez les anciens, de choisir dans les festins quelqu’un d’entre eux pour avoir son de préparer tout ce qui était nécessaire pour le festin et de faire ensuite que chacun des conviés fut content.]29 nous reposant de la vérité de chaque chose sur les auteurs, et nous appliquant nous-mêmes seulement à abréger, selon la forme voulue (donnée par les auteurs). 30 Car de même que l’architecte d’une nouvelle maison doit prendre soin de toute la construction, et comme celui qui est chargé de la peindre doit rechercher ce qui est propre à l’embellir, ainsi doit-on juger de nous. 31 En effet, recueillir les matériaux, arranger le style, et rechercher avec soin chaque circonstance particulière, c’est le rôle de l’auteur d’une histoire ; 32 mais on doit accorder à celui qui fait un abrégé de s’appliquer à la brièveté de la diction et d’éviter les longs discours. 33 Nous commencerons donc ici notre narration ; en fait de préface, que ce que nous avons dit suffise ; car il serait insensé d’être diffus avant de commencer une histoire, et d’être succinct dans l’histoire même.