Vigouroux – Sagesse 2
Faux raisonnement des impies qui nient l’immortalité de l’âme, et qui mettent le souverain bien dans la jouissance des plaisirs sensibles. Leur haine contre le juste. Le démon auteur de la mort.
2 Car ils se sont dit(s), dans l’égarement de leurs pensées : Le temps de notre vie est court et plein d’ennui ; l’homme n’a plus de bien à attendre après sa mort (à la fin de l’homme), et on ne connaît personne qui soit revenu des enfers. [2.1 Voir Job, 7, 1 ; 14, 1. ― Jouissance ; repos ; littéralement rafraîchissement ; le grec porte guérison.]2 Nous sommes nés du néant, et, après cette vie, nous serons comme si nous n’avions jamais été. Le souffle de nos narines est comme une fumée, et la raison (parole) n’est qu’une étincelle qui remue notre cœur. [2.2 Après cela ; c’est-à-dire après la mort.]3 Lorsqu’elle sera éteinte, notre corps sera réduit en cendres, et l’esprit se dissipera comme un air subtil ; et notre vie disparaîtra comme une nuée (un nuage) qui passe, et s’évanouira comme un brouillard que les rayons du soleil mettent en fuite, et que sa chaleur abat (qui tombe, appesanti par sa chaleur). 4 Notre nom même s’oubliera avec le temps, et personne ne se souviendra de nos œuvres. 5 Car notre vie (temps) est le passage d’une ombre, et après la mort il n’y a plus de retour : le sceau est (ap)posé, et nul ne revient. [2.5 Voir 1 Paralipomènes, 29, 15. ― Notre temps ; le temps, la durée de notre vie. ― Le sceau est posé ; c’est une allusion à une ancienne coutume qui était de placer les corps dans des cavernes, dont on fermait exactement l’entrée en y mettant un sceau.]6 Venez donc, jouissons des biens présents, et hâtons-nous d’user des créatures comme pendant la jeunesse. [2.6 Voir Isaïe, 22, 13 ; 56, 12 ; 1 Corinthiens, 15, 32.]7 Prenons à profusion le vin précieux (exquis) et les parfums, et ne laissons pas passer les (la) fleur(s) de la saison. [2.7 La fleur de la saison (temporis) ; probablement du printemps.]8 Couronnons-nous de roses avant qu’elles se flétrissent ; qu’il n’y ait pas de prairie où ne se signale notre débauche (nos plaisirs). 9 Qu’aucun de nous ne manque à nos orgies (plaisirs). Laissons partout des marques de réjouissance, car c’est là notre partage et notre lot. 10 Opprimons le juste (qui est) pauvre, n’épargnons pas la veuve, et n’ayons aucun respect pour la vieillesse et les cheveux blancs (du vieillard d’un long âge). 11 Que notre force soit la loi de justice ; car ce qui est faible n’est bon à rien (est regardé comme inutile). [2.11 Est regardé comme (invenitur), selon le grec, est convaincu.]12 Assaillons donc le juste, car il nous est inutile, et il est opposé à notre manière de vivre (nos œuvres), et il nous reproche de violer la loi, et il nous déshonore en décriant les fautes de notre conduite. [2.12 Circonvenons, etc. Tout ce qui est dit dans ce verset et les suivants, jusqu’à la fin du chapitre, exprime les sentiments des impies contre les justes en général ; mais représente si parfaitement la fureur des Juifs contre Jésus-Christ, que les Pères l’ont regardé comme une prophétie de sa Passion.]13 Il assure (se vante) qu’il possède la science divine (de Dieu), et il se nomme fils de Dieu. [2.13 Voir Matthieu, 27, 43.]14 Il s’est fait (est devenu) le censeur de nos pensées mêmes. [2.14 Voir Jean, 7, 7. ― Le censeur ; littéralement en censure ; selon le grec, en accusation, en blâme. Le substantif précédé d’une préposition, et mis ainsi pour un adjectif, est pur hébraïsme.]15 Sa seule vue nous est insupportable (à charge), car sa vie n’est pas semblable à celle des autres, et il suit une conduite tout différente (que ses voies ont été changées). [2.15 Ont été changées. Le latin immutatæ sunt étant amphibologique (puisqu’il est susceptible des deux significations opposées, ont été changées et n’ont pas été changées, sont immuables), nous avons dû l’expliquer par le texte grec, qui veut dire seulement ont été changées, déplacées ou sont différentes des autres.]16 Il nous considère comme des hommes de futilités ; il s’abstient de notre genre de vie comme d’une chose immonde (de souillures) ; il préfère la fin des justes, et il se glorifie d’avoir Dieu pour père. 17 Voyons donc si ses paroles sont véritables, faisons l’expérience de ce qui lui arrivera, et nous verrons quelle sera sa fin. 18 Car, s’il est véritablement fils de Dieu, Dieu prendra sa défense, et le délivrera des mains de ses ennemis. [2.18 Voir Psaumes, 21, 9.]19 Eprouvons-le par les outrages et les tourments, et nous saurons quel cas il faut faire de lui (sa résignation), et nous apprécierons (éprouvions) sa patience. 20 Condamnons-le à la mort la plus infâme, et l’on verra le résultat de (car on aura égard de lui d’après) ses paroles. [2.20 Voir Jérémie, 11, 19. ― On aura égard, etc. Si ses paroles sont véritables, Dieu prendra soin de lui. Comparer à Matthieu, 27, 43.]21 Ils ont eu ces pensées, et ils se sont égarés, car leur malice les aveuglait. 22 Ils ont ignoré les secrets de Dieu ; ils n’ont pas espéré la récompense de la justice, et ils n’ont fait nul état (pas jugé justement) de la gloire des âmes saintes. 23 Car Dieu a créé l’homme immortel, et il l’a fait à l’image de sa ressemblance. [2.23 Voir Genèse, 1, 27 ; 2, 7 ; 5, 1 ; Ecclésiastique, 17, 1.]24 Mais la mort est entrée dans le monde par l’envie du diable ; [2.24 Voir Genèse, 3, 1.]25 et ceux-là l’imitent, qui sont de son parti.