2 En ces jours-là parut un décret de César Auguste, en vue du recensement de toute la terre habitée. [En ces jours-là : cf. 1.5,24,36,56 ; 3.1,23. – décret : cf. Ac 17.7+. – César Auguste, titre d'Octave, empereur de Rome de 27 av. J.-C. à 14 apr. J.-C. (voir « Rome et les Romains »). – toute la terre habitée : expression hyperbolique pour tout l'Empire romain ; même terme 4.5 ; 21.26 ; Ac 11.28 ; 17.6,31 ; 19.27 ; 24.5 ; voir Mt 24.14n.]
6 Pendant qu'ils étaient là, le temps où elle devait accoucher arriva, [Cf. 1.57 ; Gn 25.24. – le temps... arriva : litt. les jours s'accomplirent.]
Cf. Mt 2.1-15
8 Il y avait, dans cette même région, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. [des bergers : cf. 1.38,52 ; 1S 16.11 ; 17.15 ; 2S 7.8. – qui passaient... : litt. qui gardaient les gardes ; l'expression pourrait rappeler celle qui est traduite par assurer le service Nb 1.53+ ; dans le monde juif et hellénistique, la nuit était habituellement divisée en trois veilles ou gardes d'environ quatre heures chacune ; chez les Romains, en quatre veilles de trois heures ; cf. Lc 12.38n.]
14 Gloire à Dieu dans les lieux très hauts,
et, sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir ! [Cf. 19.38. – Gloire à Dieu : cf. v. 9 ; Rm 11.36 ; Hé 13.21. – dans les lieux très hauts : cf. 1.78n ; Ps 148.1 ; Jb 16.19 ; Psaumes de Salomon 18.10 : « Grand et glorieux est notre Dieu, il habite dans les lieux très hauts. » – paix 1.79+ ; 24.36 ; Es 9.5s ; 52.7 ; 57.19 ; Mi 5.4 ; Ep 2.14ss ; 6.15+. – les humains en qui il prend plaisir ou (tous) les humains, en qui il prend plaisir (cf. v. 10 ; 3.6), litt. les humains du bon plaisir, traduction classique les hommes (ou les gens) de bonne volonté ; chez Luc, le terme se réfère généralement à la volonté ou au plaisir de Dieu ; selon certains mss, on pourrait encore comprendre bienveillance pour les hommes ; même terme 10.21 ; verbe apparenté 3.22 ; 12.32 ; voir aussi Ps 51.20 ; Ph 2.13n ; Hymnes (Qumrân) 4.32s : « Afin que toutes Ses œuvres connussent la force de Sa puissance et l'immensité de Sa miséricorde envers tous les fils de Sa bienveillance. »]
15 Lorsque les anges se furent éloignés d'eux vers le ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : Allons donc jusqu'à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. [Voir anges. – ce : litt. la parole ou l'événement, cf. 1.65n. – le Seigneur : cf. v. 9. – fait connaître : même verbe v. 17 ; Jn 15.15+ ; Ac 2.28 (verbe apparenté 7.13, se faire reconnaître) ; Rm 9.22n ; Ep 1.9n.]
Les récits relativement sobres des deux premiers chapitres de Matthieu et de Luc touchant la naissance de Jésus sont de ceux qui ont offert le plus de prise au développement de la légende. Plusieurs évangiles apocryphes en ont fait leur principal objet. Les histoires qu’ils racontent ont contribué, largement autant que les évangiles canoniques, à la formation des traditions de Noël (le bœuf et l’âne, le nombre et les noms des mages devenus rois, etc.). Dans leurs premières moutures, elles se saisissent souvent d’un détail de Matthieu ou de Luc, cherchant parfois à harmoniser les deux narrations. Protévangile de Jacques (dialogue entre Joseph et la sage-femme) 19.1 : Elle dit : « Et qui est celle qui va enfanter dans la grotte ? » Et je lui dis : « Celle qui m’est fiancée. » Et elle me dit : « Ce n’est pas ta femme ? » Et je lui dis : « C’est Marie, celle qui a été élevée dans le Temple du Seigneur. J’ai été désigné par le sort pour la recevoir comme femme ; elle n’est pourtant pas ma femme, mais elle a un fruit conçu de l’Esprit Saint. » (Cf. Mt 1.18,20 ; Lc 1.27,35 ; 2.5.) Protévangile de Jacques 14.1 : Joseph fut rempli d’une grande crainte et se tint coi à son égard, réfléchissant à ce qu’il ferait d’elle. Et Joseph dit : « Si je cache sa faute, je me retrouve combattant la Loi du Seigneur ; et, si je la dénonce aux fils d’Israël, je crains que peut-être ce qui est en elle ne soit d’un ange et que je ne me retrouve livrant un sang innocent à une condamnation à mort. Que ferai-je donc d’elle ? Je la renverrai secrètement de chez moi. » (Cf. Mt 1.19.) Evangile du Pseudo-Matthieu 10.2 (VIe ou VIIe siècle) : Joseph leur dit (aux jeunes filles qui essaient de le convaincre que Marie est vierge) : « Pourquoi tâchez-vous de me tromper afin que je croie qu’un ange de Dieu l’a rendue enceinte ? Il est possible que n’importe qui se soit fait passer pour un ange et l’ait séduite. » Et ayant dit cela il pleurait et disait : « De quel front irai-je au Temple de Dieu ? De quel visage regarderai-je les prêtres de Dieu ? Que ferai-je ? » Et, disant cela, il songeait à se cacher et à la répudier. (Cf. Mt 1.19ss.) Protévangile de Jacques 21.2 : Les mages dirent : « Nous avons vu une étoile énorme qui brillait parmi ces étoiles-ci et qui les éclipsait au point que les autres étoiles n’étaient plus visibles. Et ainsi nous avons connu qu’un roi était né pour Israël, et nous sommes venus l’adorer. » (Cf. Mt 2.2.) Protévangile de Jacques 21.3 : L’étoile qu’ils avaient vue en Orient les conduisit jusqu’à ce qu’ils fussent entrés dans la grotte, et elle se tint sur la tête de l’enfant. (Cf. Mt 2.9.) Protévangile de Jacques 11.1ss : Et elle prit sa cruche et sortit puiser de l’eau. Et voici qu’une voix lui dit : « Réjouis-toi, pleine de grâce ; le Seigneur est avec toi ; tu es bénie parmi les femmes. » Et Marie regardait à droite et à gauche, pour voir d’où venait cette voix. Et, toute tremblante, elle entra dans la maison ; et, après avoir déposé sa cruche, elle prit la pourpre, s’assit sur sa chaise et se mit à filer la pourpre. Et voici qu’un ange se tint devant elle, disant : « Ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce devant le Maître de toutes choses. Tu concevras de sa Parole. » Et elle, Marie, ayant entendu ces paroles, se mit à les scruter en elle-même, disant : « Concevrai-je, moi, du Seigneur Dieu vivant, de la même manière qu’enfante toute femme ? » Et voici qu’un ange se tint devant elle, lui disant : « Non pas ainsi, Marie ; car la puissance de Dieu te couvrira de son ombre... » (Cf. Lc 1.26ss.) Protévangile de Jacques 12.2s : Or Marie, pleine de joie, s’en alla chez sa cousine Elisabeth et frappa à la porte. Et Elisabeth, ayant entendu, jeta l’écarlate, courut à la porte, lui ouvrit, la bénit et dit : « D’où me vient que la mère de mon Seigneur vienne chez moi ? Car voici que ce qui est en moi a tressailli et t’a bénie. » Or Marie avait oublié les mystères dont avait parlé l’ange Gabriel. Et elle leva les yeux au ciel et dit : « Qui suis-je, moi, pour que – oui ! – toutes les générations de la terre me proclament bienheureuse ? » Et elle passa trois mois auprès d’Elisabeth. Et de jour en jour son sein grossissait. Et, remplie de crainte, Marie alla dans sa maison, et elle se cachait des fils d’Israël. Or elle avait seize ans quand ces mystères s’accomplirent pour elle. (Cf. Lc 1.39ss.) Protévangile de Jacques 17.1 : Et il arriva un ordre de l’empereur Auguste, que soient recensés tous ceux qui étaient à Bethléem de Judée. Et Joseph dit : « Moi, je ferai inscrire mes fils. Mais, de cette jeune fille, que ferai-je ? Comment la ferai-je inscrire ? Comme ma femme ? J’en ai honte. Alors, comme ma fille ? Les fils d’Israël savent qu’elle n’est pas ma fille. » (Cf. Mt 2.1ss ; Lc 2.1ss.) Protévangile de Jacques 17.3–18.1 : Ils étaient arrivés à mi-chemin quand Marie lui dit : « Joseph, descends-moi de l’âne, car ce qui est en moi me presse pour sortir. » Et, là, il la fit descendre et lui dit : « Où t’emmènerai-je et mettrai-je à l’abri ta pudeur ? Car l’endroit est désert. » Et il trouva là une grotte, l’y introduisit, mit près d’elle ses fils et sortit chercher une sage-femme juive dans la région de Bethléem. (Cf. Lc 2.6s.) Protévangile de Jacques 22.2 : Marie, ayant appris qu’on massacrait les enfants, saisie de peur, prit l’enfant, l’emmaillota et le mit dans une mangeoire à bétail (cf. Mt 2.13ss ; Lc 2.7.) Les récits relatifs à l’enfance de Jésus, en revanche, n’ont trouvé que peu de matière dans le Nouveau Testament (Lc 2.39ss). Extrapolant, souvent maladroitement, à partir de la doctrine de la divinité de Jésus-Christ, les développements postérieurs le font apparaître comme un enfant omniscient et omnipotent, parfois cruel et tyrannique (cf. Evangile de l’enfance de Thomas).
La naissance de Jésus : récits et légendes
21 Quand huit jours furent accomplis, il fut circoncis et on lui donna le nom de Jésus, celui que l'ange avait indiqué avant sa conception. [circoncis 1.59+ss ; cf. Ga 4.4. – on lui donna le nom de... 1.31+. – l'ange 1.30ss.]
22 Et, quand les jours de leur purification furent accomplis selon la loi de Moïse, ils l'amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur – [purification : cf. 5.14 ; voir Lv 12.2ss. – la loi de Moïse v. 23s,27,39. – ils l'amenèrent : litt. le firent monter (v. 4n) ; même verbe 4.5 (conduire plus haut) ; Ac 7.41 (apporter un sacrifice) ; 9.39 ; 12.4 (faire comparaître) ; 16.34. – à Jérusalem : Lc utilise ici le nom grec de la ville, Hiérosoluma, qui rappelle les mots grecs pour saint, sacré, temple etc. (de même 13.22 ; 19.28 ; 23.7 et souvent dans les Actes) ; à partir de 2.25 il emploiera plus souvent Iérousalem, simple transcription de l'hébreu. – présenter : même verbe Rm 12.1+ ; voir aussi 1S 1.22ss.]
25 Or il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit saint était sur lui. [Syméon : cf. Protévangile de Jacques 24.4 : « Les prêtres tinrent conseil pour savoir qui ils mettraient à la place de Zacharie [assassiné par Hérode]. Et le sort tomba sur Syméon : c'était lui, en effet, qui avait été averti par l'Esprit saint qu'il ne verrait pas la mort jusqu'à ce qu'il eût vu le Christ dans la chair. » – juste... : cf. 1.6. – pieux : même terme Ac 2.5 ; 8.2 ; 22.12. – il attendait... v. 38 ; 23.50s ; cf. 6.24 ; 24.21 ; Es 40.1 ; 49.13 ; 51.12 ; 52.9 ; 61.2. – l'Esprit saint... : cf. 1.15+ ; Nb 11.17,25,29 ; 2R 2.15 ; Es 11.2 ; 42.1 ; 61.1 ; Ez 11.5.]
29 Maintenant, Maître, tu laisses ton esclave
s'en aller en paix selon ta parole. [Maître : même terme Ac 4.24. – tu laisses... : c.-à-d. tu peux me laisser, moi, ton esclave (voir 1.38n,48n ; Ac 4.29n) s'en aller (cf. Gn 15.2) en paix Gn 15.15 ; cf. 46.30. – selon ta parole v. 26 ; cf. 1.38.]
30 Car mes yeux ont vu ton salut, [Cf. 1.69,71,77 ; 3.6 ; 10.18,23s ; Es 40.5 ; 52.10 ; 56.1 ; Ps 67.3 ; 98.2ss ; Jb 19.27 ; 42.5 ; Tt 2.11.]
31 celui que tu as préparé devant tous les peuples, [préparé : cf. 1.17,76 ; 1Co 2.9. – devant tous les peuples Es 52.10 ; cf. Ps 31.20.]
32 lumière pour la révélation aux nations
et gloire de ton peuple, Israël. [lumière... : autre traduction lumière des nations (ou des païens, des non-Juifs, cf. Mt 4.15n) pour une révélation Es 42.6 ; 49.6,9 ; cf. 25.7 ; 60.1ss ; Lc 24.47 ; Ac 28.28 ; voir aussi 10.45n. – et gloire... : autre traduction et pour la gloire... ; cf. Es 45.25 ; 46.13 ; voir aussi Ac 13.46.]
33 Son père et sa mère s'étonnaient de ce qu'on disait de lui. [Son père et sa mère : cf. v. 27+. – s'étonnaient v. 18 ; 4.22 ; 9.43 ; 20.26 ; Ac 3.12.]
36 Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Elle était très avancée en âge. Après avoir vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité, [prophétesse : cf. Ex 15.20 ; Jg 4.4 ; 2R 22.14 ; Es 8.3 ; Ac 2.17 ; 21.9 ; 1Co 11.5 ; Ap 2.20. – Anne : cf. 1S 1–2. – Aser Gn 30.13 ; 49.20 ; Dt 33.24s. – très avancée en âge 1.7. – sept ans : un témoin ancien du texte a lu sept jours.]
39 Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. [Cf. Mt 2.22s. – la loi... v. 21,23. – Nazareth, leur ville : cf. v. 3 ; 1.26n.]
40 Or l'enfant grandissait et devenait fort ; il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. [Cf. v. 52 ; 1.80 ; 1S 2.21,26. – sagesse : cf. v. 47,52 ; voir aussi 11.31 ; 21.15 ; Mc 6.2. – la grâce... 1.30 ; Ac 4.33 ; cf. 6.8 ; 7.10. – sur lui v. 5 ; cf. 1.66.]
41 Ses parents allaient chaque année à Jérusalem, pour la fête de la Pâque. [Cf. v. 19 ; 1S 1.3,7,21. – Ses parents v. 27,33,43. – la fête de la Pâque : cf. 22.1,7ss ; Jn 13.1 ; cf. Ex 12 ; 23.14ss ; 34.18,23 ; Lv 23.6 ; Dt 16.1-4,16 ; Ez 45.21ss ; Jn 2.13,23 ; voir aussi calendrier.]
42 Lorsqu'il eut douze ans, ils y montèrent selon la coutume de la fête. [douze ans : cf. 1R 2.12n ; la tradition juive qui fixe à l'âge de 13 ans le moment où un garçon devient responsable au regard de la loi (Bar-Mitsva) est vraisemblablement postérieure à Lc ; selon Flavius Josèphe, Samuel serait devenu prophète (1S 3.3) à l'âge de douze ans. – montèrent v. 4n ; cf. 18.10,31 ; 19.28 ; Ac 3.1 ; 11.2 ; 15.2 ; 21.12,15 ; 24.11 ; 25.1,9.]
52 Et Jésus progressait en sagesse, en stature et en grâce auprès de Dieu et des humains. [V. 40+. – en stature : autre traduction en âge, même terme 12.25n (durée de la vie) ; 19.3 (taille). – Voir grâce. – auprès de Dieu et des humains Pr 3.3s ; Rm 14.18.]