Vigouroux – Nahum 2
Le Seigneur prend la défense de la maison de Jacob, et exerce ses vengeances sur les Ninivites. Prise, désolation, ruine de Ninive.
2 Voici sur les montagnes les pieds de celui qui apporte la bonne nouvelle et qui annonce la paix. Célèbre, Juda, tes jours de fêtes, et rends tes vœux, parce que Bélial ne passera plus désormais au milieu de toi ; il a péri tout entier. [2.1 Voir Romains, 10, 15. ― Voici sur les montagnes, etc. Voir Isaïe. 52, 7. ― Bélial, le roi d’Assyrie, désigné ici par ce mot. Voir 2 Corinthiens, 6, 15. ― Ne passera plus ; littéralement, n’ajoutera pas à passer. Voir sur cet hébraïsme, le 2° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes. ― Tout entier (universus) ; c’est-à-dire, avec tout son peuple.]2 Il monte, celui qui te renversera, qui (te) tiendra assiégée (le siège) ; surveille le chemin, fortifie tes reins, rassemble toutes tes (augmente extrêmement ta) force(s). 3 Car le Seigneur rétablit la gloire de Jacob et la gloire d’Israël, parce que les dévastateurs les ont pillés (dispersés) et ont détruit leurs sarments. [2.3 La gloire, la grandeur ; c’est le sens du latin superbiam, expliqué par l’hébreu.]4 Le bouclier de ses héros (braves) est embrasé, les guerriers sont vêtus de pourpre ; les rênes des (de son) char(s) étincellent (sont de feu) au jour du combat, et leurs conducteurs sont assoupis. [2.4 Se sont assoupis ; par la confiance qu’ils avaient dans la force de leurs armes. ― « Qu’y a-t-il, dans l’antiquité profane, de comparable à Nahum voyant de loin en esprit tomber la superbe Ninive sous les efforts d’une armée innombrable ? On croit voir cette armée, on croit entendre le bruit des armes et des chariots ; tout est dépeint d’une manière vive qui saisit l’imagination : il laisse Homère loin derrière lui. » (FENELON.)]5 Ils se rencontrent (sont allés sans ordre) sur les routes, les chars se heurtent (sont heurtés) sur les places ; à les voir, on dirait des lampes, des éclairs qui courent (sillonnant les nues). [2.5 Sur les routes, etc. ; ils sont venus en si grand nombre qu’ils n’ont pu garder aucun ordre dans leur marche, et que lorsqu’ils sont entrés dans quelque ville, leurs chariots n’ont pu passer librement dans les rues.]6 Il se souviendra de ses héros (braves), ils précipiteront (tomberont dans) leur marche ; ils se hâteront de monter sur les murs, et ils prépareront (il leur sera préparé) des abris. 7 Les portes des fleuves sont (ont été) ouvertes, et le temple est (a été) détruit au ras du sol. [2.7 ; 2.9 Voir sur les mots fleuves, piscines d’eux, Nahum, 1, 8. ― Une inscription de Sennachérib, dite de Bellino, parle des dégâts et des dévastations produites par une inondation dans un palais royal de Ninive. ― Ouvrir les portes des fleuves, c’est en rompre les digues et donner aux eaux libre carrière. L’historien syrien Barhébræus dit que lorsque le perse Arbace prit la ville, il brisa les portes du Tigre et inonda ainsi Ninive.]8 Le soldat est (a été) fait prisonnier, ses servantes (s)ont (été) emmenées, gémissant comme des colombes et murmurant dans leur cœur. 9 Les eaux de Ninive étaient comme les eaux d’un étang (une piscine d’eaux) ; mais ils ont pris la fuite. Arrêtez, arrêtez ! mais personne ne revient. 10 Pillez l’argent, pillez l’or ; ses richesses sont sans fin, elle est remplie d’objets précieux. 11 Elle est (a été) détruite, renversée et déchirée ; les cœurs se dessèchent (s’est fondu), les genoux tremblent (ont tremblé), tous les reins sont sans force, et les visages de tous sont noirs comme une chaudière (marmite). 12 Où est (Ninive,) le repaire des lions, et le pâturage des lionceaux, où le lion se retirait avec ses petits, sans qu’il y eût personne pour les troubler (qui l’épouvante) ? [2.12 Propre au pâturage ; le mot pascua est ici le féminin de l’adjectif pascuus, comme le prouve le relatif suivant, laquelle (quam), qui représente lui-même le substantif Ninive.]13 Le lion apportait (a apporté) une proie suffisante pour ses petits, il égorgeait (a égorgé) pour ses lionnes ; il remplissait (a rempli) ses antres de (sa) proie, et son repaire de rapines. 14 Voici, je viens à toi, dit le Seigneur des armées ; je mettrai le feu à tes chars, et je le réduirai en fumée ; l’épée dévorera tes jeunes lions (lionceaux) ; j’arracherai du pays ta proie, et l’on n’entendra plus la voix de tes messagers. [2.14 J’exterminerai, etc. ; je ferai que tu ne pourras plus ravir de proie sur la terre, ou bien, j’enlèverai de ton pays tout ce que tu as pris aux autres. ― L’on n’entendra plus, etc. ; allusion au discours impie et menaçant de Rabsacès, messager de Sennachérib. Voir 4 Rois, 18, verset 17 et suivants ; 2 Paralipomènes, 32, verset 9 et suivants ; Isaïe, 36, verset 2 et suivants.]