TOB – Ruth 2
La rencontre
2 Or Noémi avait un parent du côté de son mari, un notable fortuné, de la famille d'Elimélek, qui s'appelait Booz. [Booz : ce nom peut signifier « En lui est la force » ; Mt 1.5.]2 Ruth la Moabite dit à Noémi : « Je voudrais bien aller aux champs glaner des épis, derrière quelqu'un qui me considérerait avec faveur. » Elle répondit : « Va, ma fille. » [Gn 6.8 ; Nb 32.5 ; 1 S 25.8 ; Est 7.3 ; Lc 1.30.]3 Elle alla donc et entra glaner dans un champ derrière les moissonneurs. Sa chance fut de tomber sur une parcelle de terre appartenant à Booz de la famille d'Elimélek. [Les pauvres avaient l'autorisation de ramasser les épis oubliés par les moissonneurs (voir Lv 19.9-10 ; Dt 24.19-21).]4 Or voici que Booz arriva de Bethléem. Il dit aux moissonneurs : « Le Seigneur soit avec vous ! » Ils lui dirent : « Le Seigneur te bénisse ! » [Jg 6.12 ; 1 S 20.13 ; 2 Tm 3.16.]5 Alors Booz dit à son chef des moissonneurs : « A qui est cette jeune femme ? » 6 Le chef des moissonneurs répondit en disant : « C'est une jeune femme moabite, celle qui est revenue avec Noémi de la campagne de Moab. 7 Elle a dit : “Je voudrais bien glaner et ramasser entre les javelles derrière les moissonneurs.” Elle est venue et s'est tenue là depuis ce matin jusqu'à présent ; ceci est sa résidence ; la maison l'est peu ! » [La traduction de ce verset difficile est très discutée. Selon celle adoptée ici, Ruth a travaillé sans prendre le temps de se reposer à la maison.]8 Alors Booz dit à Ruth : « Tu entends, n'est-ce pas, ma fille ? Ne va pas glaner dans un autre champ ; non, ne t'éloigne pas de celui-ci. Aussi t'attacheras-tu à mes domestiques. [Autre traduction te joindras-tu à mes servantes.]9 Ne quitte pas des yeux le champ qu'ils moissonnent et va derrière eux. J'ai interdit aux jeunes gens de te toucher, n'est-ce pas ? Quand tu auras soif, tu iras aux cruches et tu boiras de ce que les domestiques auront puisé. » 10 Alors elle se jeta face contre terre et se prosterna ; et elle lui dit : « Pourquoi m'as-tu considérée avec faveur jusqu'à me reconnaître, moi une inconnue ? » [se jeta face contre terre et se prosterna : geste habituel devant Dieu ou un grand personnage Gn 17.3 ; Lv 9.24 ; 2 S 14.4,22. — La traduction cherche dans ce verset à reproduire le jeu de mots que l'on trouve en hébreu entre les termes rendus par reconnaître et inconnue.]11 Booz lui répondit en disant : « On m'a conté et reconté tout ce que tu as fait envers ta belle-mère après la mort de ton mari, comment tu as abandonné ton père et ta mère et ton pays natal pour aller vers un peuple que tu ne connaissais ni d'hier ni d'avant-hier. [C'est-à-dire vers un peuple que tu n'avais jamais connu ; voir Ex 4.10 et la note. — tu as abandonné ton père Rt 1.14-19 ; Gn 2.24 ; 24.7 ; Mt 19.29. — ton pays natal Gn 12.1 ; 24.7.]12 Que le Seigneur récompense pleinement ce que tu as fait, et que ton salaire soit complet de par le Seigneur, le Dieu d'Israël, sous la protection de qui tu es venue chercher refuge. » [ton salaire : autre traduction ta récompense. — sous la protection... : l'hébreu exprime ici cette idée sous forme imagée sous les ailes de qui tu es venue chercher refuge ; voir Ps 17.8 ; 91.1,4 ; Mt 23.37.]13 Elle dit alors : « Considère-moi avec faveur, maître, puisque tu m'as consolée et puisque tu as parlé au cœur de ta servante ; et pourtant, moi, je ne serai pas comme une de tes servantes ! » [Gn 50.21 ; Es 40.2 ; Os 2.16.]
14 Puis, au moment du repas, Booz lui dit : « Approche ici pour manger du pain et tremper ton morceau dans la vinaigrette. » Alors elle s'assit à côté des moissonneurs. Il lui tendit du grain grillé. Elle mangea, fut rassasiée et en eut de reste. 15 Puis elle se leva pour glaner. Alors Booz donna cet ordre à ses domestiques : « Même parmi les javelles elle glanera. Vous ne lui ferez pas d'affront. 16 Pour sûr, vous tirerez même pour elle des épis hors des brassées et les abandonnerez : elle les glanera, et vous ne lui ferez pas de reproche. »
17 Elle glana donc dans le champ jusqu'au soir. Puis elle battit ce qu'elle avait glané : il y eut à peu près quarante litres d'orge. 18 Elle l'emporta et rentra en ville. Sa belle-mère vit ce qu'elle avait glané. Ce qui lui était resté une fois rassasiée, elle le sortit et le lui donna. 19 Sa belle-mère lui dit :
« Où as-tu glané aujourd'hui ? Où as-tu travaillé ?
Béni soit celui qui t'a reconnue ! »
Alors elle raconta à sa belle-mère chez qui elle avait travaillé ; et elle dit : « L'homme chez qui j'ai travaillé aujourd'hui s'appelle Booz. » 20 Alors Noémi dit à sa belle-fille :
« Béni soit-il du Seigneur, celui qui n'abandonne sa fidélité
ni envers les vivants ni envers les morts. »
Puis Noémi lui dit : « Cet homme nous est proche ; c'est un de nos racheteurs. » [La phrase est ambiguë : celui qui n'abandonne pas sa fidélité peut être soit le Seigneur soit Booz. — Béni soit-il du Seigneur Rt 3.10 ; 2 S 2.5. Celui qu'on appelait le racheteur était le proche parent d'un défunt. Il avait une priorité pour racheter la terre de celui-ci et la conserver dans la famille. Voir Rt 3.9 ; 4.1,8,14 ; Ex 6.6 ; 2 S 14.11 ; Jr 32.7-9.]21 Ruth la Moabite dit : « Il m'a dit aussi : Tu t'attacheras à mes domestiques jusqu'à ce qu'ils aient achevé toute ma moisson. » 22 Alors Noémi dit à Ruth sa belle-fille : « C'est bien, ma fille, que tu sortes avec ses domestiques, et qu'on ne te rudoie pas dans un autre champ. » 23 Elle s'attacha donc aux domestiques de Booz pour glaner jusqu'à l'achèvement de la moisson de l'orge puis de la moisson du blé. Elle demeurait avec sa belle-mère. [Deux ou trois semaines après celle de l'orge : voir la note sur Rt 1.22.]