2 Après ce temps, un jour de fête du Seigneur, Tobie fit apprêter un grand repas dans sa maison,
2 Et dit à son fils : Allez, et amenez ici quelques-uns de notre tribu qui craignent Dieu, afin qu'ils mangent avec nous.
3 Son fils y alla ; et, étant de retour, il lui dit que sur la place publique gisait le corps d'un des enfants d'Israël qui avait été tué. Tobie se leva aussitôt de table, et, laissant là le repas, il vint à jeun vers le corps,
4 L'enleva et l'emporta secrètement dans sa maison, afin de l'ensevelir en sûreté après le coucher du soleil.
5 Et, après avoir caché le corps, il commença à manger avec larmes et tremblement,
6 Au souvenir de cette parole que le Seigneur avait dite par le prophète Amos* : Vos jours de fête se changeront en gémissements et en larmes ;
Amos avait prophétisé sous le règne d'Ozias, roi de Juda, et de Jéroboam, roi d'Israël, environ quatre-vingts ans avant cet événement.
7 Et, lorsque le soleil fut couché, il alla l'ensevelir.
8 Or tous ses proches le blâmaient, en disant : On a déjà commandé de vous mettre à mort pour ce sujet ; vous avez eu de la peine à sauver votre vie, et vous ensevelissez encore les morts !
9 Mais Tobie, craignant plus Dieu que le roi, emportait les corps de ceux qui avaient été tués, les cachait dans sa maison, et les ensevelissait au milieu de la nuit.
10 Il arriva un jour que, fatigué d'avoir enseveli les morts, et revenant dans sa maison, il se coucha au pied d'une muraille, et s'endormit.
11 Pendant son sommeil, il tomba d'un nid d'hirondelle sur ses yeux de la fiente chaude, qui le rendit aveugle.
12 Dieu permit que cette tentation lui arrivât afin que sa patience servit d'exemple à la postérité, comme celle du saint homme Job.
13 Car, ayant toujours craint Dieu dès son enfance, et ayant gardé ses commandements, il ne s'attrista point contre Dieu de ce qu'il l'avait affligé en lui faisant perdre la vue ;
14 Mais il demeura ferme dans la crainte du Seigneur, rendant grâces à Dieu tous les jours de sa vie.
15 De même que des rois insultaient au bienheureux Job, ainsi ses parents et ses alliés le raillaient de sa manière de vivre, en lui disant :
16 Où est votre espérance, pour laquelle vous faisiez tant d'aumônes et ensevelissiez les morts ?
17 Mais Tobie, les reprenant, leur disait : Ne parlez point de la sorte ;
18 Car nous sommes les enfants des saints, et nous attendons cette vie que Dieu doit donner à ceux qui ne violent jamais la fidélité qu'ils lui ont promise.
19 Or Anne, sa femme, allait tous les jours faire de la toile, et apportait le fruit du travail de ses mains pour vivre*.
Ce fait montre que Tobie avait été dépouillé de ses biens une seconde fois.
20 Il arriva un jour qu'ayant reçu un chevreau, elle l'apporta à la maison.
21 Et son mari, l'ayant entendu crier, dit : Prenez garde que ce chevreau n'ait été dérobé : rendez-le à ceux à qui il appartient, parce qu'il ne nous est pas permis de manger ce qui aurait été dérobé, ni même d'y toucher.
22 Alors sa femme lui répondit en colère : Évidemment vos espérances étaient vaines, et voilà à quoi ont abouti vos aumônes.
23 Ainsi sa femme l'insultait par ces discours et d'autres semblables.