Bible de Jérusalem – 1 Rois 20
3. GUERRES ARAMÉENNES
Siège de Samarie.
20 Ben-Hadad, roi d’Aram,h rassembla toute son armée — il y avait avec lui trente-deux rois,i des chevaux et des chars — et il vint investir Samarie et lui donner l’assaut.
h Ben-Hadad II, roi de la principauté araméenne de Damas, successeur de Ben-Hadad Ier, 15.18.
i Des seigneurs, vassaux de Ben-Hadad, cf. v. 24.
2 Il envoya en ville des messagers à Achab, roi d’Israël,
3 et lui fit dire : « Ainsi parle Ben-Hadad. Ton argent et ton or sont à moi, tes femmes et tes enfants les meilleurs sont à moi. »
4 Le roi d’Israël donna cette réponse : « À tes ordres, Monseigneur le roi !j Je suis à toi avec tout ce qui m’appartient. »
j Achab fait figure de vaincu et déjà de vassal. Le siège avait été précédé par des revers israélites (le texte n’y fait qu’une allusion, v. 34).
5 Mais les messagers revinrent et dirent : « Ainsi parle Ben-Hadad. Je t’ai mandé : « Donne-moi ton argent et ton or, tes femmes et tes enfants. »
6 Sois sûr que demain à pareille heure, je t’enverrai mes serviteurs, ils fouilleront ta maison et les maisons de tes serviteurs, ils mettront la main sur tout ce qui était désirable à tes yeux et ils l’emporteront. »
7 Le roi d’Israël convoqua tous les anciens du pays et dit : « Reconnaissez clairement que celui-là nous veut du mal ! Il me réclame mes femmes et mes enfants, pourtant je ne lui ai pas refusé mon argent et mon or, et je n’ai pas refusé. »
8 Tous les anciens et tout le peuple lui dirent : « N’obéis pas ! ne consens pas ! »
9 Il donna donc cette réponse aux messagers de Ben-Hadad : « Dites à Monseigneur le roi : Tout ce que tu as demandé à ton serviteur la première fois, je le ferai ; mais cette autre exigence, je ne puis la satisfaire. » Et les messagers partirent, emportant la réponse.
10 Alors Ben-Hadad lui envoya ce message : « Que les dieux me fassent tel mal et qu’ils y ajoutent encore tel autre, s’il y a assez de poignées de décombres à Samarie pour tout le peuple qui me suit ! »
11 Mais le roi d’Israël fit cette réponse : « Dites : Que celui qui boucle son ceinturon ne se glorifie pas comme celui qui le défait ! »
12 Lorsque Ben-Hadad apprit cela — il était à boire avec les rois sous les tentes —, il commanda à ses serviteurs : « À vos postes ! » et ils prirent leurs positions contre la ville.
Victoire israélite.
13 Alors un prophète vint trouver Achab, roi d’Israël, et dit : « Ainsi parle Yahvé. As-tu vu cette grande foule ? Voici que je la livre aujourd’hui en ta main et tu reconnaîtras que je suis Yahvé. »
14 Achab dit : « Par qui ? » Le prophète reprit : « Ainsi parle Yahvé : Par les cadets des chefs des districts. » Achab demanda : « Qui engagera le combat ? » Le prophète répondit : « Toi. »k
k Dieu est consulté sur la manière de mener le combat, 22.5s ; cf. Jg 1.1s ; 20.18 ; voir Ex 33.7 et 1 S 14.18.
15 Achab passa en revue les cadets des chefs des districts. Ils étaient deux cent trente-deux. Après eux, il passa en revue toute l’armée, tous les Israélites, ils étaient sept mille.
16 Ils firent une sortie à midi, alors que Ben-Hadad était à s’enivrer sous les tentes, lui et ces trente-deux rois, ses alliés.
17 Les cadets des chefs des districts sortirent d’abord. On envoya dire à Ben-Hadad : « Des hommes sont sortis de Samarie. »
18 Il dit : « S’ils sont sortis pour la paix, prenez-les vivants, et s’ils sont sortis pour le combat, prenez-les vivants aussi ! »
19 Donc ceux-ci sortirent de la ville, les cadets des chefs des districts, puis l’armée derrière eux,
20 et ils frappèrent chacun son homme. Aram s’enfuit et Israël le poursuivit ; Ben-Hadad, roi d’Aram, se sauva sur un cheval avec des cavaliers.
21 Alors le roi d’Israël sortit ; il frappa les chevaux et les chars et infligea à Aram une grande défaite.
Intermède.
22 Le prophète s’approcha du roi d’Israël et lui dit : « Allons ! Prends courage et considère bien ce que tu dois faire, car au retour de l’année le roi d’Aram marchera contre toi. »
23 Les serviteurs du roi d’Aram lui dirent : « Leur Dieu est un Dieu des montagnes, c’est pourquoi ils l’ont emporté sur nous. Mais combattons-les dans le plat pays et sûrement nous l’emporterons sur eux.
24 Fais donc ceci : destitue ces rois et mets des préfets à leur place.
25 Pour toi, recrute une armée aussi grande que celle qui t’a abandonné, avec autant de chevaux et autant de chars ; puis combattons-les dans le plat pays et sûrement nous l’emporterons sur eux. » Il écouta leur avis et fit ainsi.
Victoire d’Apheq.
26 Au retour de l’année,l Ben-Hadad mobilisa les Araméens et monta à Apheq pour livrer bataille à Israël.
l L’équinoxe de printemps, cf. 2 S 11.1.
27 Les Israélites furent mobilisés et ravitaillés, et ils marchèrent à leur rencontre. Campés en face d’eux, les Israélites étaient comme deux troupeaux de chèvres, tandis que les Araméens couvraient le pays.
28 L’homme de Dieum aborda le roi d’Israël et dit : « Ainsi parle Yahvé. Parce qu’Aram a dit que Yahvé était un Dieu des montagnes et non un Dieu des plaines, je livrerai en ta main toute cette grande foule et tu sauras que je suis Yahvé. »
m Le prophète des vv. 13 et 22. — « tu sauras » grec ; « vous saurez » hébr.
29 Ils campèrent sept jours les uns en face des autres. Le septième jour, le combat s’engagea et les Israélites massacrèrent les Araméens, cent mille hommes de piedn en un seul jour. n Chiffre fantastique, comme le suivant ; c’est de l’histoire populaire.
30 Le reste s’enfuit à Apheq, dans la ville, mais le rempart s’écroula sur les vingt-sept mille hommes qui restaient.Or Ben-Hadad avait pris la fuite et s’était réfugié en ville dans une chambre retirée.
31 Ses serviteurs lui dirent : « Vois ! Nous avons entendu dire que les rois d’Israël étaient des rois miséricordieux. Nous allons mettre des sacs sur nos reins et des cordes autour de nos têteso et nous nous rendrons au roi d’Israël ; peut-être te laissera-t-il la vie sauve. »
o Signes de deuil et de pénitence.
32 Ils ceignirent de sacs leurs reins et de cordes leurs têtes, allèrent auprès du roi d’Israël et dirent : « Ton serviteur Ben-Hadad parle ainsi : Puissé-je vivre ! » Il répondit : « Il est donc encore vivant ? Il est mon frère ! »p p Les rois vassaux se disaient « serviteurs » de leur suzerain, les rois de même puissance se traitaient mutuellement de « frères ». Ben Hadad maintenant s’avoue vaincu, mais Achab refuse son hommage, et les messagers, entendant cette appellation de « frère », devinent que la cause de leur maître est gagnée.
33 Les hommes en augurèrent bien et ils se hâtèrent de le prendre au mot en disant : « Ben-Hadad est ton frère. » Achab reprit : « Allez le chercher. » Ben-Hadad se rendit à lui et celui-ci le fit monter sur son char.
34 Ben-Hadad lui dit : « Je restituerai les villes que mon père a prises à ton père ; tu établiras pour toi des bazars à Damas, comme mon père en avait à Samarie. » — « Pour moi, dit Achab,q je te laisserai libre moyennant un traité. » Achab conclut un traité avec lui et le laissa libre.
q « dit Achab » est ajouté pour le sens.
Un prophète condamne la conduite d’Achab.
35 Un des frères prophètes dit à son compagnon, par ordre de Yahvé : « Frappe-moi ! » mais l’homme refusa de le frapper.
36 Alors il lui dit : « Parce que tu n’as pas obéi à la voix de Yahvé, dès que tu m’auras quitté, le lion te tuera »; comme il s’éloignait, il rencontra le lion, qui le tua.r
r Histoire semblable, dans le même style populaire, en 13.24s. Toute désobéissance, même pour des motifs louables, à la parole de Dieu ou d’un homme de Dieu est punie ; conception qui n’est pas celle des grands prophètes, mais qui reflète l’état d’esprit des anciens groupes d’inspirés.
37 Le prophète alla trouver un autre homme et dit : « Frappe-moi ! » L’homme le frappa et le blessa.s
s Cette blessure doit aider le prophète à se faire passer pour un combattant, v. 39.
38 Le prophète s’en alla et attendit le roi sur le chemin — il s’était rendu méconnaissable avec un bandeau au-dessus des yeux.
39 Comme le roi passait, il lui cria : « Ton serviteur marchait au combat quand quelqu’un a quitté les rangs et m’a amené un homme en disant : « Garde cet homme ! S’il vient à manquer, ta vie sera pour sa vie ou tu paieras un talent d’argent. »
40 Or, pendant que ton serviteur était occupé ici et là, l’autre a disparu. » Le roi d’Israël lui dit : « Voilà ton jugement ! Tu l’as toi-même prononcé. »
41 Aussitôt celui-ci enleva le bandeau qu’il avait au-dessus des yeux, et le roi d’Israël reconnut qu’il était l’un des prophètes.t
t Les prophètes avaient peut-être un signe distinctif sur le front ; tatouage, incision ou tonsure (cf. 2 R 2.23).
42 Il dit au roi : « Ainsi parle Yahvé. Parce que tu as laissé échapper l’homme qui m’était voué par anathème, ta vie répondra pour sa vie, et ton peuple pour son peuple. »
43 Et le roi d’Israël s’en alla sombre et irrité, et il rentra à Samarie.