Nouvelle Bible Segond – 1 Rois 20
Ben-Hadad assiège Samarie
20 Ben-Hadad, roi d'Aram, rassembla toute son armée ; il avait avec lui trente-deux rois, des chevaux et des chars. Il se mit en campagne, assiégea Samarie et lui fit la guerre. [LXX intervertit les chap. 20 et 21. – Aram 19.15n. – Samarie : capitale du royaume d'Israël depuis le règne d'Omri (16.24n). Le récit rapporte des événements qui ont eu lieu pendant le règne d'Achab (≈ 874-853 av. J.-C.).]2 Il envoya dans la ville des messagers à Achab, roi d'Israël, 3 et lui fit dire : Ainsi parle Ben-Hadad : Ton argent et ton or m'appartiennent ; tes femmes et tes fils les plus beaux m'appartiennent. [les plus beaux : litt. bons ; LXX porte simplement tes fils.]4 Le roi d'Israël répondit : O roi, mon seigneur, selon ta parole, je t'appartiens avec tout ce que j'ai. 5 Les messagers revinrent et dirent : Ainsi parle Ben-Hadad : Je t'ai fait dire : Tu me livreras ton argent et ton or, tes femmes et tes fils. 6 Je t'enverrai donc mes hommes demain, à cette heure-ci ; ils fouilleront ta maison et les maisons des gens de ta cour, ils mettront la main sur tout ce qui a de la valeur à tes yeux, et ils le prendront. [hommes et gens de (ta) cour traduisent le même mot hébreu (litt. serviteurs). – ce qui a de la valeur à tes yeux : cf. Ez 24.16,21,25. LXX ce qui a de la valeur à leurs yeux.]
7 Le roi d'Israël appela tous les anciens du pays et leur dit : Constatez, je vous prie, que cet homme nous veut du mal ; il a envoyé des messagers pour me demander mes femmes et mes fils, mon argent et mon or, et je ne lui ai rien refusé ! [Constatez : litt. sachez et voyez ; autre traduction vous voyez bien ; même formule au v. 22 (vois bien) ; 1S 12.17 ; 14.38 ; 24.12 ; 2R 5.7 ; voir aussi 1S 23.22s ; Jr 5.1. – cet homme nous veut du mal : litt. celui-ci cherche le mal. – des messagers : sous-entendu dans le texte. – mon argent et mon or... : certaines versions anciennes ont compris : bien que je ne lui aie pas refusé mon argent et mon or.]8 Tous les anciens et tout le peuple dirent à Achab : Ne l'écoute pas, ne consens pas. 9 Il dit alors aux messagers de Ben-Hadad : Dites à mon seigneur le roi : Je ferai tout ce que tu m'as demandé la première fois ; mais cela, je ne peux pas le faire. Les messagers s'en allèrent et lui portèrent la réponse. [ce que tu m'as demandé : litt. ce pour quoi tu as envoyé.]
10 Ben-Hadad fit dire à Achab : Que les dieux me fassent ceci et qu'ils y ajoutent cela, si la poussière de Samarie suffit à remplir le creux de la main de toutes les troupes qui sont sur mes pas ! [Que les dieux me fassent... 19.2+. – si la poussière... : l'image semble annoncer une destruction inéluctable de Samarie par des forces nettement supérieures : Aram n'en fera qu'une bouchée. – toutes les troupes : autre traduction tout le peuple.]11 Mais le roi d'Israël répondit : Dites-lui : Que celui qui se prépare au combat ne fasse pas le fier comme s'il en revenait ! [Que celui... : litt. que celui qui se ceint (ou qui met ses armes à la ceinture) ne se loue pas comme celui qui se défait (ou qui dépose ses armes) ; nous dirions : il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ; cf. Ec 7.8.]
12 Lorsque Ben-Hadad entendit cette parole, il était en train de boire avec les rois dans les huttes. Il dit à ses hommes : A vos postes ! Et ils se postèrent face à la ville.
Première victoire d'Achab
13 Alors un prophète s'approcha d'Achab, roi d'Israël, et dit : Ainsi parle le SEIGNEUR : Tu vois toute cette grande multitude ? Aujourd'hui, je te la livre, et tu sauras que je suis le SEIGNEUR (YHWH). 14 Achab dit : Par qui ? Et il répondit : Ainsi parle le SEIGNEUR : Par les cadets des chefs des provinces. Achab dit : Qui engagera le combat ? Et il répondit : Toi. [provinces : hébreu medinoth (pluriel de medina). C'est la première apparition de ce terme dans les livres historiques ; il est probable que les rois d'Israël avaient divisé leur royaume en provinces administratives, à l'intérieur desquelles les jeunes gens étaient astreints à un service militaire. Le terme cadets traduit ici un mot hébreu rendu ailleurs par garçon, jeune homme ou serviteur.]15 Alors Achab passa en revue les cadets des chefs des provinces : il y en avait deux cent trente-deux ; après eux, il passa en revue tout le peuple, tous les Israélites : ils étaient sept mille.
16 Ils firent une sortie à midi. Ben-Hadad buvait à s'enivrer dans les huttes avec les trente-deux rois qui étaient venus à son aide. [à midi : cf. Jr 6.4. – buvait à s'enivrer : même expression hébraïque en 16.9.]17 Les cadets des chefs des provinces sortirent les premiers. Ben-Hadad s'informa et on lui dit : Des hommes sont sortis de Samarie. [Ben-Hadad s'informa : litt. Ben-Hadad envoya (aux nouvelles) ; LXX ils envoyèrent (ou on envoya) dire au roi de Syrie.]18 Il dit : S'ils sortent pour la paix, prenez-les vivants ; s'ils sortent pour le combat, prenez-les vivants ! 19 Les cadets des chefs des provinces et l'armée qui les suivait sortirent de la ville. 20 Ils abattirent chacun son homme, et les Araméens prirent la fuite. Israël les poursuivit. Ben-Hadad, roi d'Aram, s'échappa sur un cheval, avec des chars. [des chars : litt. des équipages ou des attelages (de chars).]21 Le roi d'Israël sortit, abattit les chevaux et mit à mal les chars ; il infligea aux Araméens une grande défaite. [abattit : litt. frappa (LXX et il prit) les chevaux et les chars.]
22 Alors le prophète s'approcha du roi d'Israël et lui dit : Va, sois fort, vois bien ce que tu as à faire ; à l'année nouvelle, le roi d'Aram viendra t'attaquer. [vois bien : litt. sache et vois v. 7+. – à l'année nouvelle : litt. au retour de l'année, c.-à-d. au printemps (cf. 2S 11.1), de même au v. 26.]
Seconde victoire et faute d'Achab
23 Les hommes du roi d'Aram lui dirent : Leur dieu est un dieu des montagnes ; c'est pourquoi ils ont été plus forts que nous. Combattons-les plutôt sur le plateau ; nous verrons bien si nous ne sommes pas plus forts qu'eux ! [nous verrons bien : sous-entendu dans le texte.]24 Fais encore ceci : ôte tous les rois de leur poste et remplace-les par des gouverneurs. [gouverneurs 10.15n.]25 Toi-même, forme-toi une armée pareille à celle que tu as perdue, cheval pour cheval et char pour char. Puis nous les combattrons sur le plateau ; nous verrons bien si nous ne sommes pas plus forts qu'eux ! Il les écouta et fit ainsi. [forme-toi : litt. mesure pour toi. – que tu as perdue : litt. qui est tombée de toi. – Il les écouta : litt. il écouta leur voix.]
26 A l'année nouvelle, Ben-Hadad passa les Araméens en revue et monta vers Apheq pour faire la guerre à Israël. [Apheq : soit sur le territoire de la tribu d'Aser (Jos 19.30), soit à l'est de la mer de Galilée, en un lieu appelé actuellement Fiq et dont le nom conserverait le souvenir d'Apheq.]27 Les Israélites aussi furent passés en revue, ils reçurent des vivres et marchèrent à leur rencontre. Les Israélites dressèrent leur camp en face d'eux, semblables à deux petits troupeaux de chèvres, tandis que les Araméens remplissaient le pays. [deux petits troupeaux de chèvres : l'expression hébraïque rendue ainsi ne se trouve qu'ici.]
28 L'homme de Dieu s'approcha et dit au roi d'Israël : Ainsi parle le SEIGNEUR : Parce que les Araméens ont dit : « Le SEIGNEUR (YHWH) est un dieu des montagnes et non un dieu des vallées », je te livrerai toute cette grande multitude, et vous saurez que je suis le SEIGNEUR (YHWH). [L'homme de Dieu : sans doute le Prophète des v. 13,22. – vous saurez : LXX tu sauras.]29 Ils campèrent sept jours les uns en face des autres. Le septième jour, le combat s'engagea, et les Israélites abattirent parmi les Araméens cent mille fantassins en un jour. [abattirent : litt. frappèrent.]30 Ceux qui restaient s'enfuirent à Apheq, dans la ville, et la muraille tomba sur vingt-sept mille hommes qui restaient.
Ben-Hadad s'était enfui ; il arriva dans la ville où il se cachait de pièce en pièce.[où il se cachait de pièce en pièce : traduction incertaine (litt. une pièce dans une pièce) ; on pourrait aussi comprendre où il se cacha dans une pièce retirée (cf. 22.25// ; 2R 9.2).]31 Ses hommes lui dirent : Nous avons appris que les rois de la maison d'Israël sont loyaux ; nous allons mettre un sac comme un pagne autour des reins et une corde autour de la tête, et nous sortirons vers le roi d'Israël : peut-être te laissera-t-il la vie sauve. [loyaux : litt. des rois fidèles. – sac : signe de deuil. – une corde autour de la tête : d'après Flavius Josèphe, ce serait une forme antique de supplication chez les Syriens.]32 Ils mirent un sac comme un pagne autour des reins et une corde autour de la tête, et ils vinrent trouver le roi d'Israël. Ils dirent : Ben-Hadad, ton serviteur, a dit : « Laisse-moi la vie, je t'en prie ! » Achab répondit : Il est encore en vie ? Il est mon frère. 33 Les hommes virent là un bon augure ; ils se hâtèrent de le prendre au mot en disant : Ben-Hadad est ton frère ! Il dit : Allez, amenez-le. Ben-Hadad sortit vers lui, et Achab le fit monter sur son char. [Les hommes... : le texte présente des variantes d'après les mss et le sens de la fin du v. est incertain. – sur son char : litt. sur le char.]34 Ben-Hadad lui dit : Je te rendrai les villes que mon père a prises à ton père ; et tu auras des comptoirs à Damas, comme mon père en avait à Samarie. – Alors, dit Achab, moi, je te laisserai repartir, avec une alliance. Il conclut une alliance pour lui et le laissa repartir. [tu auras des comptoirs : litt. tu placeras des rues. On pense qu'il s'agit de rues affectées au commerce. L'emprise de la Syrie sur Israël semble remonter à Basha, voir 15.20. – dit Achab : sous-entendu dans le texte. – Voir alliance.]
Un prophète dénonce la faute d'Achab
35 L'un des prophètes dit à son compagnon, par la parole du SEIGNEUR : Frappe-moi, je te prie ! Mais l'homme refusa de le frapper. [L'un des prophètes : litt. un homme des Fils des prophètes. Il s'agit d'une communauté de prophètes ; cf. 1S 10.5 ; 2R 2.3,5,7,15 ; 4.38 ; 5.22.]36 Alors il lui dit : Parce que tu n'as pas écouté le SEIGNEUR, quand tu m'auras quitté, un lion te tuera. Après l'avoir quitté, il rencontra un lion qui le tua. [tuera... tua : litt. frappera... frappa, même verbe qu'aux v. 35,37. – il rencontra un lion : litt. le lion le trouva ; cf. 13.24.]
37 Il trouva un autre homme et lui dit : Frappe-moi, je te prie ! L'homme le frappa ; il le frappa et le blessa. 38 Le prophète alla se tenir sur le chemin du roi. Il s'était masqué avec un bandeau sur les yeux. [un bandeau : autres traductions un bandage ; un turban ; Vg de la cendre.]
39 Lorsque le roi passa, il lui cria : Je m'étais avancé dans le combat, lorsqu'un homme s'est écarté et m'a amené un homme, en disant : « Garde cet homme ; s'il est porté manquant, ta vie répondra de sa vie, ou tu paieras un talent d'argent ! » [Je m'étais avancé : litt. j'étais sorti, verbe souvent employé dans les récits de campagnes militaires. – s'est écarté : autre traduction a quitté les rangs. – un talent : voir mesures, poids et monnaies.]40 Pendant que j'étais occupé çà et là, l'homme a disparu. Le roi d'Israël lui dit : C'est là ton jugement ; tu l'as prononcé toi-même. 41 Aussitôt le prophète retira le bandeau de ses yeux, et le roi d'Israël le reconnut pour l'un des prophètes. 42 Il dit alors au roi : Ainsi parle le SEIGNEUR : Parce que tu as laissé échapper l'homme que j'avais frappé d'anathème, ta vie répondra de sa vie et ton peuple de son peuple. [laissé échapper : litt. renvoyé de la main ou, selon certains témoins, de ma main ; certaines versions anciennes ont compris : de ta main. – l'homme que j'avais frappé d'anathème : litt. l'homme de mon anathème ; cf. 9.21 ; Dt 2.34n.]43 Le roi d'Israël s'en alla chez lui maussade, de mauvaise humeur ; il arriva à Samarie. [maussade, de mauvaise humeur 21.4 ; cf. Gn 40.6n ; Pr 19.3n.]