Vigouroux – Luc 20
Autorité de Jésus. Baptême de Jean. Paraboles des vignerons homicides et de la pierre angulaire. Rendre à César ce qui est à César. Résurrection des morts. Vie angélique. Le Messie, fils et Seigneur de David. Scribes superbes.
20 Et il arriva qu’un de ces jours-là, comme il enseignait le peuple dans le temple et lui annonçait l’Evangile, les princes des prêtres et les scribes survinrent avec les anciens, [20.1 Voir Matthieu, 21, 23 ; Marc, 11, 27. ― Les princes des prêtres et les scribes y vinrent avec les anciens. Sur les princes des prêtres et les scribes, voir Matthieu, note, 2.4 ; sur les anciens, voir Matthieu, note 16.21.]2 et lui parlèrent en ces termes : Dites-nous par quelle autorité vous faites ces choses, ou quel est celui qui vous a donné ce pouvoir. 3 Jésus, répondant, leur dit : Je vous adresserai, moi aussi, une question. Répondez-moi : 4 Le baptême de Jean était-il du ciel, ou des hommes ? 5 Mais ils pensaient en eux-mêmes, disant : Si nous répondons : Du ciel, il dira : Pourquoi donc n’avez-vous pas cru en lui ? 6 Et si nous répondons : Des hommes, tout le peuple nous lapidera ; car il est persuadé que Jean était un prophète. 7 Ils répondirent donc qu’ils ne savaient d’où il était. 8 Et Jésus leur dit : Moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais ces choses. 9 Alors il se mit à dire au peuple cette parabole : Un homme planta une vigne, et la loua à des vignerons ; puis lui-même il fut pendant longtemps hors du pays. [20.9 Voir Isaïe, 5, 1 ; Jérémie, 2, 21 ; Matthieu, 21, 33 ; Marc, 12, 1. ― « Un temps assez long : dans l’application de la parabole, il faut entendre tout le temps qui s’écoula depuis l’alliance du Sinaï et l’entrée des Hébreux dans la Terre promise jusqu’à la venue du Messie, environ 2000 ans. » (CRAMPON, 1885)]10 Et, dans la saison, il envoya un serviteur vers les vignerons, pour qu’ils lui donnassent du fruit de la vigne. Après l’avoir battu, ils le renvoyèrent les mains vides. [20.10-11 Voir, pour le mot déchirer, Matthieu, 21, 35.]11 Il envoya encore un autre serviteur ; mais ils le battirent aussi, et, après l’avoir accablé d’outrages, ils le renvoyèrent les mains vides. 12 Il envoya encore un troisième, qu’ils blessèrent aussi et chassèrent. 13 Alors le maître de la vigne dit : Que ferai-je ? J’enverrai mon fils bien-aimé ; peut-être, en le voyant, éprouveront-ils du respect. 14 Mais lorsque les vignerons le virent, ils pensèrent en eux-mêmes, et dirent : Celui-ci est l’héritier ; tuons-le, afin que l’héritage soit à nous. 15 Et l’ayant chassé hors de la vigne, ils le tuèrent. Que leur fera donc le maître de la vigne ? 16 Il viendra, et il fera périr ces vignerons, et il donnera la vigne à d’autres. Ayant entendu cela, ils lui dirent : A Dieu ne plaise ! 17 Mais lui, les regardant, dit : Qu’est-ce donc que ceci qui est écrit : La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la tête de l’angle ? [20.17-18 Voir Psaumes, 117, 22 ; Isaïe, 28, 16 ; Matthieu, 21, 42 ; Actes des Apôtres, 4, 11 ; Romains, 9, 33 ; 1 Pierre, 2, 7.]18 Quiconque tombera sur cette pierre sera brisé ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera. 19 Les princes des prêtres et les scribes cherchaient à mettre les mains sur lui à cette heure même, mais ils craignirent le peuple : car ils avaient reconnu que c’était contre eux qu’il avait dit cette parabole. 20 Et l’épiant, ils envoyèrent des hommes artificieux, qui feindraient d’être justes, pour le surprendre dans ses paroles, afin de le livrer à l’autorité et à la puissance du gouverneur. [20.20 Voir Matthieu, 22, 15 ; Marc, 12, 13.]21 Et ils l’interrogèrent, en disant : Maître, nous savons que vous parlez et enseignez avec droiture, et que vous n’avez pas d’égard aux personnes, mais que vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité. 22 Nous est-il permis de payer le tribut à César, ou non ? [20.22 A César ou à l’empereur. C’était alors Tibère. Voir Luc, 3, 1.]23 Considérant leur ruse, Il leur dit : Pourquoi me tentez-vous ? 24 Montrez-moi un denier. De qui porte-t-il l’image et l’inscription ? Ils lui répondirent : De César. [20.24 Un denier. Voir Matthieu, 18, 28.]25 Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. [20.25 Voir Romains, 13, 7.]26 Et ils ne purent rien reprendre dans ses paroles devant le peuple ; mais, ayant admiré sa réponse, ils se turent. 27 Quelques-uns des sadducéens, qui nient qu’il y ait une résurrection, s’approchèrent ensuite, et l’interrogèrent, [20.27 Voir Matthieu, 22, 23 ; Marc, 12, 18. ― Des Sadducéens. Voir la note 32 à la fin du volume.]28 en disant : Maître, Moïse a écrit pour nous : Si le frère de quelqu’un, ayant une femme, meurt sans laisser d’enfants, son frère épousera sa femme, et suscitera une postérité à son frère. [20.28 Voir Deutéronome, 25, 5.]29 Or il y avait sept frères ; et le premier épousa la femme, et mourut sans enfants. 30 Le second la prit, et mourut lui-même sans enfants. 31 Le troisième la prit aussi, et de même tous les sept ; et ils ne laissèrent pas de postérité, et ils moururent. 32 Enfin, après eux tous, la femme mourut aussi. 33 A la résurrection donc, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse ? car les sept l’ont eue pour femme. 34 Jésus leur dit : Les enfants de ce siècle se marient et sont donnés en mariage ; [20.34 Les fils de ce siècle ; hébraïsme, pour ceux qui vient dans le monde, sur cette terre.]35 mais ceux qui seront jugés dignes du siècle à venir et de la résurrection des morts ne se marieront pas, et ne prendront pas de femme ; [20.35 Mais ceux qui, etc. Tous les méchants, sans exception, ressusciteront aussi, mais non pas dans la gloire ; si donc Jésus-Christ ne parle ici que des justes, c’est pour nous faire soupirer avec plus d’ardeur après la résurrection glorieuse.]36 car ils ne pourront plus mourir, parce qu’ils sont égaux aux anges, et qu’ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection. 37 Mais que les morts ressuscitent, Moïse le montre lui-même, à l’endroit du buisson, lorsqu’il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob. [20.37 Voir Exode, 3, 6. ― A l’endroit du buisson ; c’est-à-dire dans son récit relatif au buisson. Comparer à Marc, 12, 26.]38 Or Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; car tous sont vivants pour lui. 39 Alors quelques-uns des scribes, prenant la parole, lui dirent : Maître, vous avez bien répondu. 40 Et ils n’osaient plus lui faire aucune question. 41 Mais il leur dit : Comment dit-on que le Christ est fils de David, 42 puisque David lui-même dit dans le livre des Psaumes : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, [20.42 Voir Psaumes, 109, 1 ; Matthieu, 22, 44 ; Marc, 12, 36.]43 jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ? [20.43 L’escabeau de vos pieds. Voir Matthieu, 22, 44.]44 David l’appelle donc Seigneur ; alors, comment est-il son fils ? 45 Tandis que tout le peuple l’écoutait, il dit à ses disciples : 46 Gardez-vous des scribes, qui affectent de se promener en robes longues, et qui aiment les salutations sur la place publique, les premières chaires dans les synagogues et les premières places dans les festins, [20.46 Voir Matthieu, 23, 6 ; Marc, 12, 38 ; Luc, 11, 43. ― Avec de longues robes (stolai). Voir Luc, 15, 22.]47 qui dévorent les maisons des veuves sous prétexte de longues prières. Ils recevront une condamnation plus sévère.