20 Je vis encore descendre du ciel un ange qui tenait à la main la clef de l'abîme et une grande chaîne. [1-6. Le démon est enchaîné pour mille ans et n'est jamais relâché que pour peu de temps, tandis que les chrétiens fidèles règnent avec le Christ durant les mille ans. Ce passage a donné autrefois naissance au millénarisme, erreur professée par un certain nombre de Pères, du IIe au IVe siècle, et selon laquelle, avant la parousie, le Christ viendrait régner mille ans sur la terre avec les élus. Jean n'enseigne rien de pareil. Le règne de mille ans est à la fois céleste et terrestre : il concerne non seulement les martyrs, mais aussi les vivants qui ont refusé d'adorer la Bête. Ce règne est identifié à la première résurrection, réservée aux saints, résurrection spirituelle à la vie de la grâce, bien distincte de la deuxième résurrection ou résurrection corporelle à laquelle participeront tous les hommes. Le règne du Christ n'est pas complet ; il laisse subsister des adversaires innombrables (8-9) et Satan continue à sévir dans la mesure permise par Dieu (3). Il semble donc que le règne et les luttes décrites dans les visions précédentes sont des réalités simultanées, qui embrassent l'ensemble des temps messianiques, depuis l'Incarnation du Christ jusqu'à son second avènement. A partir de l'Incarnation et surtout de l'Ascension, le Dragon est vaincu et réduit à une impuissance relative, en attendant sa défaite définitive : XII, 6-16 ; XIX, 19-21 ; c'est pourquoi la durée des luttes est exprimée par les chiffres de 1 260 jours, 42 mois, 3 ans et demi, qui signifient l'imperfection et l'échec. Pour le règne du Christ au contraire, une durée de mille ans est assignée, symbole de stabilité, de paix, de certitude, en même temps qu'indice important du délai probable de la parousie (voir note sur II Pierre III, 8-10). Non moins importante est la compénétration du siècle présent et du siècle futur, de l'Église militante et de l'Église triomphante.]
4 Je vis aussi des trônes, sur lesquels prirent place ceux à qui fut donné le pouvoir de juger ; et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et de la parole de Dieu, ainsi que tous ceux qui n'avaient pas adoré la Bête ni sa statue et n'avaient pas accepté sa marque sur leur front et sur leur main. Ils vécurent et régnèrent avec le Christ pendant mille ans.
7 Quand les mille ans seront achevés, Satan sera relâché de sa prison. [7-10. Les révoltes du Dragon, concomitantes au règne du Christ, seront impuissantes et n'aboutiront qu'au châtiment définitif, pour lui et pour tous ceux qu'il aura séduits. Gog et Magog (comparer Ézéchiel XXXVIII, 2) représentent des adversaires féroces ; la ville sainte est Jérusalem, symbole de l'Église.]
11 Je vis ensuite un grand trône blanc et Celui qui y siégeait. La terre et le ciel s'enfuirent de devant sa face, et on n'en trouva même plus la place. [11-15. Le jugement dernier ; tous ressuscitent et sont jugés ; les pécheurs sont punis par la seconde mort, c'est-à-dire par la damnation.]