Nouvelle Bible Segond – Nombres 22
Histoire de Balaam : l'appel du roi Balaq
22 Les Israélites partirent et campèrent dans les plaines arides de Moab, en Transjordanie, en face de Jéricho. [partirent 21.10. – plaines arides de Moab : cette expression désigne le plateau de Moab, qui s'étend à l'est de la mer Morte ; cf. 21.10-20 ; 26.3,63 ; 31.12 ; 33.48ss ; 35.1 ; 36.13. Sur le terme hébreu traduit par plaines arides, cf. Dt 1.1n ; Jos 8.14n. – en Transjordanie, en face de Jéricho : litt. de l'autre côté du Jourdain de Jéricho (cf. 32.19n,32 ; 34.15 ; 35.14), c.-à-d. à l'est du cours inférieur du Jourdain près de la mer Morte ; cf. 26.3n ; voir aussi Jos 4.13 ; 5.10.]2 Balaq, fils de Tsippor, vit tout ce qu'Israël avait fait aux Amorites. [Balaq v. 4 ; Jg 11.25. – tout ce qu'Israël avait fait... 21.21-32.]3 Moab fut très effrayé devant le peuple, tant il était nombreux ; Moab prit les Israélites en horreur. [le peuple... : cf. 23.9. – prit... en horreur : le verbe hébreu peut exprimer la crainte, le dégoût et la haine ; cf. 21.5 ; Gn 27.46n ; Ex 1.12 ; Lv 20.23 ; 1R 11.25 ; Es 7.6,16 (épouvanter) ; Pr 3.11 ; voir aussi Ex 15.15.]4 Moab dit aux anciens de Madiân : Maintenant cette assemblée va brouter tout ce qui nous entoure, comme le bœuf broute la verdure de la campagne. Balaq, fils de Tsippor, était roi de Moab en ce temps-là. [Madiân, peuple nomade habituellement situé au sud d'Edom ; cf. 10.29 ; 25.6ss ; 31.1ss,16 ; Gn 36.35. – cette assemblée : autre traduction cette multitude ; ici le terme n'a pas nécessairement son sens cultuel habituel (cf. 10.7 ; 14.5 ; 15.1 ; 16.3 ; 17.1 etc. ; Ex 12.6 etc.).]5 Il envoya des messagers auprès de Balaam, fils de Béor, à Petor sur le fleuve, son pays, pour l'appeler ; il lui fit dire : Il y a là un peuple qui est sorti d'Egypte, qui couvre le pays et qui habite en face de moi. [Balaam, fils de Béor : cf. 31.8,16 ; Gn 36.32n ; sur ce personnage, attesté en dehors des récits bibliques, voir « Les inscriptions de Deir ‘Allah » ; voir aussi Dt 23.5s ; Jos 13.22 ; 24.9s ; Mi 6.5 ; Né 13.2 ; 2P 2.15s ; Jd 11 ; Ap 2.14. – le fleuve : sans autre précision, il s'agit habituellement de l'Euphrate, où l'on connaît une ville de Pitrou ou Pedrou (== Petor ?) à 20 km en aval de Karkemish ; ici cependant Balaam semble venir de Transjordanie (v. 36ss ; voir aussi Gn 36.37n). Au lieu de à Petor, Syr et Vg ont lu le devin ; cf. Dt 23.5. – son pays : litt. le pays des Fils de son peuple, expression qui n'apparaît qu'ici (cf. Gn 24.7 ; 31.13) ; d'autres y voient un nom propre, des fils d'Amaw ; une ville de ce nom est connue entre Alep en Syrie et Karkemish (cf. 23.7n) ; quelques mss hébreux et versions anciennes ont lu des fils d'Ammon, c.-à-d. des Ammonites, cf. Dt 23.4ss. – un peuple... v. 3,11. – le pays : litt. l'œil du pays, cf. v. 11 ; Ex 10.5n,15. – en face de moi 21.10.]6 Maintenant viens, je te prie, maudis ce peuple pour moi, car il est plus fort que moi : peut-être ainsi pourrai-je le battre et le chasser du pays ; car je sais que celui que tu bénis est béni, et que celui que tu maudis est maudit. [maudis : cf. v. 11n. – plus fort que moi ou trop fort pour moi ; LXX plus fort que nous ; peut-être ainsi pourrons-nous les battre. – celui que tu bénis est béni... : cf. Gn 27.29,33ss ; 48.15-20.]
7 Les anciens de Moab et les anciens de Madiân s'en allèrent, en emportant des présents pour le devin. Ils vinrent trouver Balaam et lui rapportèrent les paroles de Balaq. [des présents pour le devin : litt. des divinations, sans doute un terme technique pour les honoraires du devin ; cf. 1S 9.7 ; 1R 13.7 ; 14.3 ; 2R 5.5,16,20ss ; 8.8 ; Mi 3.5ss ; 2P 2.15.]8 Il leur dit : Passez la nuit ici, et je vous donnerai réponse, d'après ce que le SEIGNEUR me dira. Les princes de Moab restèrent donc chez Balaam. [La divination par les rêves était une pratique courante dans l'Orient ancien ; cf. v. 19s ; 12.6 ; Gn 20.3n. – d'après ce que le SEIGNEUR... : cf. v. 13,18s,38 ; 23.3,12.]
9 Dieu vint à Balaam ; il dit : Qui sont ces hommes chez toi ? [vint à : la même expression est traduite par venir trouver au v. 7.]10 Balaam répondit à Dieu : Balaq, fils de Tsippor, roi de Moab, les a envoyés pour me dire : [pour me dire : d'après LXX, Syr, Vg ; autre traduction m'a envoyé chercher.]11 « Le peuple qui sort d'Egypte couvre le pays ; maintenant, va, voue-le pour moi à la malédiction ; peut-être pourrai-je le combattre et le chasser. » [V. 5s. – voue... à la malédiction : cette formule (v. 17 ; 23.8,11,13,25,27 ; 24.10) traduit un verbe hébreu plus rare, mais approximativement de même sens, que celui qui est traduit par maudire (v. 6,12 ; 23.7 ; 24.9) ; sur le premier verbe, voir Jb 3.8 ; 5.3 ; Pr 11.26 ; 24.24 ; voir aussi Lv 24.11n.]12 Dieu dit à Balaam : Tu n'iras pas avec eux ; tu ne maudiras pas ce peuple, car il est béni. [Cf. 23.23. – il est béni : Targum (Tg) du pseudo-Jonathan : ils sont bénis de moi depuis les jours de leurs pères ; cf. Gn 12.1ss.]13 Balaam se leva au matin et dit aux princes de Balaq : Allez dans votre pays, car le SEIGNEUR refuse de me laisser aller avec vous. [dans votre pays : LXX chez votre maître.]14 Les princes de Moab revinrent trouver Balaq et lui dirent : Balaam a refusé de venir avec nous.
15 Balaq envoya de nouveau des princes, plus nombreux et plus considérés que les précédents. 16 Ils vinrent trouver Balaam et lui dirent : Ainsi parle Balaq, fils de Tsippor : Je t'en prie, que rien ne t'empêche de venir me voir ; [Cf. Ac 9.38. – que rien ne t'empêche 24.11n.]17 je te couvrirai de gloire et je ferai tout ce que tu me diras ; viens, je te prie, voue ce peuple à la malédiction pour moi ! [je te couvrirai de gloire : autre traduction je t'accorderai de grandes richesses ; cf. v. 18,37 ; 24.11 ; voir aussi Ex 20.12 ; Pr 3.9. – voue... v. 11n.]18 Balaam répondit aux gens de Balaq : Quand Balaq me donnerait tout l'argent et l'or de sa maison, je ne pourrais en rien passer outre aux ordres du SEIGNEUR, mon Dieu ! [en rien : litt. pour rien faire de petit ou de grand, cf. v. 38 ; 23.5 ; 24.13 ; 31.8,16 ; Jos 13.22 ; sur l'expression, cf. Gn 19.11n ; 1S 20.2n ; 22.15n ; 25.36 ; 1R 22.31.]19 Maintenant, je vous prie, restez ici cette nuit, vous aussi, que je sache ce que le SEIGNEUR me dira encore. [Cf. v. 8ss.]20 Dieu vint à Balaam pendant la nuit ; il lui dit : Puisque ces hommes sont venus t'appeler, va avec eux ; mais tu feras ce que je te dirai. [V. 12,35,38. – Dieu : Smr l'ange de Dieu. – ce que je te dirai : autre traduction la parole que je te dirai.]
L'ânesse de Balaam
21 Balaam se leva au matin ; il sella son ânesse et partit avec les princes de Moab. 22 Dieu se mit en colère parce qu'il était parti ; le messager du SEIGNEUR se posta sur le chemin pour s'opposer à lui. Balaam était monté sur son ânesse, et ses deux serviteurs étaient avec lui. [Cf. Gn 32.24ss ; 1Co 1.27. – le messager (ou l'ange) du SEIGNEUR Gn 16.7 ; 21.17 ; 22.11,15 ; Ex 3.2 ; voir aussi Ps 35.5s. – pour s'opposer à lui : litt. en adversaire (ou en satan ; voir démon, diable, Satan) pour lui, cf. v. 32n. – Balaam : litt. il. – ses deux serviteurs : autre traduction deux de ses serviteurs.]23 L'ânesse vit le messager du SEIGNEUR posté sur le chemin, son épée tirée ; l'ânesse s'écarta du chemin et alla dans les champs. Balaam frappa l'ânesse pour la ramener sur le chemin. [Cf. v. 31 ; Jos 5.13 ; 1Ch 21.16. – l'ânesse s'écarta... : le comportement des animaux était souvent pris comme un augure en Mésopotamie.]24 Le messager du SEIGNEUR se plaça alors dans un sentier entre les vignes ; il y avait une clôture d'un côté et une clôture de l'autre. 25 Quand l'ânesse vit le messager du SEIGNEUR, elle se serra contre le mur et serra la jambe de Balaam contre le mur. Il la frappa de nouveau. 26 Le messager du SEIGNEUR passa plus loin et se plaça dans un endroit resserré où il n'y avait pas de place pour s'écarter à droite ni à gauche. [de place : litt. de chemin.]27 Quand l'ânesse vit le messager du SEIGNEUR, elle se coucha sous Balaam. Balaam se mit en colère ; il frappa l'ânesse avec son bâton. 28 Alors le SEIGNEUR ouvrit la bouche de l'ânesse ; elle dit à Balaam : Que t'ai-je fait, pour que tu m'aies frappée par trois fois ? [ouvrit la bouche de l'ânesse 2P 2.16.]29 Balaam répondit à l'ânesse : Tu t'es jouée de moi ! Si j'avais une épée à la main, je t'aurais tuée maintenant. 30 L'ânesse dit à Balaam : Ne suis-je pas ton ânesse, celle que tu as montée de tout temps, jusqu'à ce jour ? Ai-je l'habitude d'agir ainsi envers toi ? Il répondit : Non ! [de tout temps : même expression hébraïque en Gn 48.15.]
31 Alors le SEIGNEUR ouvrit les yeux de Balaam : il vit le messager du SEIGNEUR posté sur le chemin, son épée tirée ; il s'inclina et se prosterna face contre terre. [ouvrit les yeux Gn 21.19 ; cf. 2R 6.17s. – le messager... v. 23 ; cf. Jos 5.13.]32 Le messager du SEIGNEUR lui dit : Pourquoi as-tu frappé ton ânesse par trois fois ? Je suis sorti pour m'opposer à toi, car à mes yeux ce voyage est inconsidéré. [pour m'opposer à toi : litt. en adversaire (v. 22n) ; la précision à toi figure explicitement dans Smr et plusieurs versions anciennes. – à mes yeux... : texte et traduction incertains ; la traduction s'inspire de versions anciennes ; cf. 2Co 1.17.]33 L'ânesse m'a vu, et elle s'est écartée devant moi par trois fois ; si elle ne s'était pas écartée de moi, c'est toi que j'aurais tué ; elle, je lui aurais laissé la vie ! 34 Balaam dit au messager du SEIGNEUR : J'ai péché ; je ne savais pas que tu m'attendais sur le chemin ; si maintenant cela ne te plaît pas, je vais m'en retourner ! [Voir péché. – cela ne te plaît pas : litt. (c'est) mauvais à tes yeux, cf. 32.13 ; Dt 4.25 ; 9.18 ; 17.2 ; 31.29 ; Jg 13.1 ; 1S 15.19.]35 Le messager du SEIGNEUR dit à Balaam : Va avec ces hommes ; mais tu diras seulement ce que je te dirai. Balaam s'en alla donc avec les princes de Balaq. [Va avec ces hommes v. 20. – ce que je te dirai : litt. la parole que je te dirai ; cf. 24.13.]
Les inscriptions de Deir ‘Allah
Deir ‘Allah, sur le site probable de Penouel, à l’ancienne embouchure du nahr az-Zarqa (autrefois le Yabboq, Gn 32.23n), a livré en mars 1967 un document étonnant. Il s’agit d’un texte écrit à l’encre noire et rouge sur du plâtre, peut-être un exercice d’écriture pour des écoliers. Ce texte fragmentaire reprend un document datant vraisemblablement du IXe siècle av. J.-C. En voici un extrait, suivant une tentative de restauration :
[His]toire [de Ba]laam, [fils de Béor], l’homme qui voyait les dieux. Les dieux vinrent à lui la nuit et [s’adressèrent à lui] selon ces paro[les] ; ils dirent à [Balaa]m, fils de Béor : « La dernière flamme est apparue, un feu pour le châtiment est apparu ! (?) » Balaam se leva le lendemain ; [...] il pleurait abondamment. Ses gens vinrent le trouver ; ils [dirent] à Balaam, fils de Béor : « Pourquoi jeûnes-tu, pourquoi pleures-tu ? » Il leur dit : « Asseyez-vous, je vous montrerai combien [le malheur est] grand ; venez voir les œuvres des dieux. Les dieux se sont réunis, les puissants ont tenu une assemblée, et ils ont dit à Sha[ma]sh (le dieu soleil) : “Couds le ciel, obture-le de tes nuages, [qu’il y ait] là obscurité et non éclat, ombre et non lumière : tu provoqueras la terreur...” »
Cette découverte n’a pas peu contribué à un regain de popularité pour Balaam, qui est maintenant considéré par les spécialistes comme un personnage très important pour la Transjordanie.
Références bibliques concernant Balaam : Gn 36.32n (?) ; Nb 22–24 ; 25.1 ; 31.8,16 ; Dt 23.5s ; Jos 13.22 ; 24.9s ; Mi 6.5 ; Né 13.2 ; 1Ch 6.55 (?) ; 2P 2.15s ; Jd 11 ; Ap 2.14s.
|
Rencontre de Balaam et Balaq
36 Balaq apprit que Balaam était arrivé ; il sortit à sa rencontre jusqu'à la ville de Moab qui est sur la frontière de l'Arnon, à l'extrémité de son territoire. [la ville de Moab : autre traduction Ir-Moab : cf. 21.15n,28 ; 24.19n. – frontière et territoire traduisent un même mot hébreu : il doit s'agir en l'occurrence de la frontière nord de Moab (cf. 21.13+).]37 Balaq dit à Balaam : Ne t'avais-je pas fait appeler ? Pourquoi n'es-tu pas venu me voir plus tôt ? Vraiment, ne suis-je pas capable de te couvrir de gloire ? [V. 17s. – plus tôt : sous-entendu dans le texte. – Voir gloire.]38 Balaam dit à Balaq : Maintenant que je suis venu te voir, serai-je capable de dire quoi que ce soit ? Je dirai la parole que Dieu mettra dans ma bouche ! [serai-je capable de dire... : autre traduction suis-je capable... – la parole... : cf. v. 18,20,35 ; 23.5,12,16s,26 ; 24.13 ; Dt 18.18 ; Jr 1.9.]39 Balaam alla avec Balaq ; ils arrivèrent à Qiriath-Houtsoth. [Qiriath-Houtsoth : localisation incertaine ; on l'a parfois identifiée à Qir-Haréseth ou Kérak, la capitale, au sud, mais on peut aussi penser à un lieu de la frontière nord (cf. v. 36).]40 Balaq sacrifia du gros bétail et du petit bétail et il en envoya à Balaam et aux princes qui étaient avec lui. [il en envoya : c.-à-d. il envoya des portions de la viande des animaux sacrifiés. Cf. Gn 14.18ss ; 18.6ss ; Ex 18.12 ; 1S 9.13,23s ; 2S 6.17ss.]
41 Au matin, Balaq prit Balaam et le fit monter à Bamoth-Baal, d'où il put voir une partie du peuple. [Cf. 23.13s. – Bamoth-Baal ou les haut lieu de Baal ; 21.19ns,28n ; Jos 13.17. – d'où il put voir ou pour qu'il voie ; cette vision semble avoir été considérée comme nécessaire à l'efficacité de la malédiction. – une partie : litt. une extrémité.]