Bible de Jérusalem – Actes 23
23 Fixant du regard le Sanhédrin, Paul dit : « Frères, c’est tout à fait en bonne consciencev que je me suis conduit devant Dieu jusqu’à ce jour. »
v La bonne conscience est caractéristique de la morale paulinienne : 1 Co 4.4 ; 2 Co 1.12 ; 1 Tm 1.5, 19 ; 3.9 ; 2 Tm 1.3, cf. He 13.18.
2 Mais le grand prêtre Ananiew ordonna à ses assistants de le frapper sur la bouche. w Ananie, fils de Nébédée, nommé grand prêtre vers 47 ; arrêté, envoyé à Rome et probablement destitué en 51 ou 52, puis rentré en grâce ; assassiné en 66 au début de la guerre juive.
3 Alors Paul lui dit : « C’est Dieu qui te frappera, toi, muraille blanchie ! Eh quoi ! Tu sièges pour me juger d’après la Loi, et, au mépris de la Loi, tu ordonnes de me frapper ! »
4 Les assistants lui dirent : « C’est le grand prêtre de Dieu que tu insultes ? »
5 Paul répondit : « Je ne savais pas, frères, que ce fût le grand prêtre. Car il est écrit : Tu ne maudiras pas le chef de ton peuple. »
6 Paul savait qu’il y avait là d’un côté le parti des Sadducéens, de l’autre celui des Pharisiens. Il s’écria donc dans le Sanhédrin : « Frères, je suis, moi, Pharisien, fils de Pharisiens. C’est pour notre espérance, la résurrection des morts, que je suis mis en jugement. »
7 À peine eut-il dit cela qu’un conflit se produisit entre Pharisiens et Sadducéens, et l’assemblée se divisa.
8 Les Sadducéens disent en effet qu’il n’y a pas de résurrection, ni ange, ni esprit,x tandis que les Pharisiens professent l’un et l’autre.
x Les Pharisiens croyaient que l’individu aurait part à la vie du monde futur moyennant ou bien un corps glorifié, comme un ange (cf. Mt 22.30 ; 12.15 ; 1 Co 15.42-44), ou bien une âme immortelle (« esprit »; cf. Lc 24.39). Au contraire les Sadducéens rejetaient l’une et l’autre croyance, donc toute forme de résurrection. Sur ce point-là, Paul va trouver dans les Pharisiens des alliés, cf. 4.1s.
9 Il se fit donc une grande clameur. Quelques scribes du parti des Pharisiens se levèrent et protestèrent énergiquement : « Nous ne trouvons rien de mal en cet homme. Et si un esprit lui avait parlé ? Ou un ange ? »y y L’hypothèse paraît vouloir expliquer l’apparition sur le chemin de Damas Paul aurait pu voir une apparition de Jésus revenant des morts ; cf. 12.15 ; 23.8.
10 La dispute devenait de plus en plus vive. Le tribun, craignant qu’ils ne missent Paul en pièces, fit descendre la troupe pour l’enlever du milieu d’eux et le ramener à la forteresse.
11 La nuit suivante, le Seigneur vint le trouver et lui dit : « Courage ! De même que tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem, ainsi faut-il encore que tu témoignes à Rome. »
Complot des Juifs contre Paul.
12 Lorsqu’il fit jour, les Juifs tinrent un conciliabule, où ils s’engagèrent par anathèmez à ne pas manger ni boire avant d’avoir tué Paul.
z En appelant sur eux la malédiction divine s’ils manquaient à leur engagement.
13 Ils étaient plus de quarante à avoir fait cette conjuration.
14 Ils allèrent trouver les grands prêtres et les anciens, et leur dirent : « Nous nous sommes engagés par anathème à ne rien prendre avant d’avoir tué Paul.
15 Vous donc maintenant, d’accord avec le Sanhédrin, expliquez au tribun qu’il doit vous l’amener, sous prétexte d’examiner plus à fond son affaire. De notre côté, nous sommes prêts à le tuer avant qu’il n’arrive. »
16 Mais le fils de la sœur de Paul eut connaissance du guet-apens. Il se rendit à la forteresse, entra et prévint Paul.
17 Appelant un des centurions, Paul lui dit : « Conduis ce jeune homme au tribun ; il a quelque chose à lui communiquer. »
18 Le centurion le prit donc et l’amena au tribun. « Le prisonnier Paul, dit-il, m’a appelé et m’a prié de t’amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire. »
19 Le tribun prit le jeune homme par la main, se retira à l’écart et lui demanda : « Qu’as-tu à me communiquer ? » —
20 « Les Juifs, répondit-il, se sont concertés pour te prier d’amener Paul demain au Sanhédrin, sous prétexte d’enquêter plus à fond sur son cas.
21 Ne va pas les croire. Plus de quarante d’entre eux le guettent, qui se sont engagés par anathème à ne pas manger ni boire avant de l’avoir tué. Et maintenant, ils sont tout prêts, escomptant ton accord. »
22 Le tribun congédia le jeune homme avec cette recommandation : « Ne raconte à personne que tu m’as révélé ces choses. »
Transfert de Paul à Césarée.
23 Puis il appela deux des centurions et leur dit : « Tenez prêts à partir pour Césarée, dès la troisième heure de la nuit, deux cents soldats, soixante-dix cavaliers et deux cents hommes d’armes.
24 Qu’on ait aussi des chevaux pour faire monter Paul et le conduire sain et sauf au gouverneur Félix. »a
a Antonius Félix, un affranchi, frère de Pallas, le favori d’Agrippine, fut procurateur de Judée de 52 à 59 ou 60.
25 Et il écrivit une lettre ainsi conçue :
26 « Claudius Lysias au très excellent gouverneur Félix, salut !
27 L’homme que voici avait été pris par les Juifs, et ils allaient le tuer, quand j’arrivai avec la troupe et le leur arrachai, ayant appris qu’il était citoyen romain.
28 J’ai voulu savoir au juste pourquoi ils l’accusaient et je l’ai amené dans leur Sanhédrin.
29 J’ai constaté que l’accusation se rapportait à des points contestés de leur Loi,b mais qu’il n’y avait aucune charge qui entraînât la mort ou les chaînes.c
b Texte occ. « ... des points de la Loi de Moïse et un certain Jésus ».
c Luc relève ces déclarations qui proclament l’innocence de Paul, cf. v. 9 ; 25.18, 25 ; 26.31 ; 28.18, comme il l’avait fait pour Jésus, cf. 3.13 ; 13.28 ; Lc 23.14-15, 22.
30 Avisé qu’un complot se préparait contre cet homme, je te l’ai aussitôt envoyé, et j’ai informé ses accusateurs qu’ils avaient à porter devant toi leur plainte contre lui. »d d Add. « Adieu ».
31 Conformément aux ordres reçus, les soldats prirent Paul et le conduisirent de nuit à Antipatris.
32 Le lendemain, ils laissèrent les cavaliers s’en aller avec lui et rentrèrent à la forteresse.
33 Arrivés à Césarée, les cavaliers remirent la lettre au gouverneur et lui présentèrent Paul.
34 Après avoir lu la lettre, le gouverneur s’informa de quelle province il était. Apprenant qu’il était de Cilicie :
35 « Je t’entendrai, dit-il, quand tes accusateurs seront arrivés, eux aussi. » Et il le fit garder dans le prétoire d’Hérode.e
e Palais construit par Hérode le Grand et devenu résidence officielle du procurateur romain.