Nouvelle Bible Segond – Genèse 24
Une femme pour Isaac
24 Abraham était vieux, avancé en âge, et le SEIGNEUR l'avait béni en tout. [béni en tout v. 35 ; 2.2+.]2 Abraham dit à son serviteur, le plus ancien de sa maison, celui qui administrait tous ses biens : Je te prie, mets ta main sous ma cuisse, [Une tradition identifie ce serviteur à Eliézer (15.2). – ancien ou vieux, terme apparenté au v. 1. – sous ma cuisse : il s'agit selon toute vraisemblance d'un euphémisme qui désigne les organes génitaux, sources de la vie et porteurs des descendants (cf. 32.26n ; 47.29 ; Ex 1.5n).]3 et je te ferai jurer par le SEIGNEUR, Dieu du ciel et Dieu de la terre, que tu ne prendras pas pour mon fils une femme d'entre les filles des Cananéens parmi lesquels j'habite. [Dieu / ciel / terre 14.19. – filles des Cananéens : cf. 26.34s ; 28.1-10 ; 29.1-20 ; Dt 7.3s ; Esd 10.2ss ; Né 13.23ss.]4 Tu iras dans mon pays, au lieu de mes origines, et là tu prendras une femme pour Isaac, mon fils. 5 Le serviteur lui répondit : Peut-être la femme ne voudra-t-elle pas me suivre dans ce pays-ci ; devrai-je ramener ton fils dans le pays d'où tu es sorti ? 6 Abraham lui répondit : Garde-toi d'y ramener mon fils ! 7 Le SEIGNEUR, le Dieu du ciel, qui m'a pris de la maison de mon père et du pays de mes origines, lui qui m'a parlé et qui m'a juré de donner ce pays à ma descendance, lui-même enverra son messager devant toi ; c'est là-bas que tu prendras une femme pour mon fils. [Dieu du ciel : LXX ajoute et Dieu de la terre (v. 3). Voir cependant Dn 2.18,28 ; Né 1.4. – juré 22.16. – de donner : litt. en disant : Je donnerai. – pays / descendance 12.7+. – messager : autre traduction ange ; cf. Ex 23.20+.]8 Si la femme ne veut pas te suivre, tu seras dégagé de ce serment que je t'impose. Mais tu ne ramèneras pas mon fils là-bas. [Cf. Jos 2.20.]9 Le serviteur mit sa main sous la cuisse d'Abraham, son maître, et il s'engagea envers lui par serment au sujet de cette affaire.
10 Le serviteur prit dix chameaux parmi les chameaux de son maître et il partit, avec tout ce que son maître possédait de meilleur. Il se rendit en Mésopotamie, à la ville de Nahor. [avec tout... : autre traduction avec tous les biens de son maître ; plusieurs versions anciennes ont lu avec (une partie) de tous les biens... – Mésopotamie 10.22n. – ville de Nahor : peut-être Harrân, cf. 11.27-32. Mais il y avait aussi non loin de là une ville nommée Nahourou.]11 Il fit agenouiller les chameaux à l'extérieur de la ville, près d'un puits, le soir, à l'heure où les femmes sortent pour puiser de l'eau. [Cf. 29.2ss ; Ex 2.16ss.]
12 Alors il dit : SEIGNEUR, Dieu d'Abraham, mon maître, accorde-moi, je te prie, de faire une heureuse rencontre aujourd'hui, et agis avec fidélité envers Abraham, mon maître ! 13 Je me tiens près de la source, et les filles des gens de la ville sortent pour puiser de l'eau. 14 Que la jeune fille à laquelle je dirai : « Penche ta cruche, je te prie, pour que je boive », et qui répondra : « Bois, je donnerai aussi à boire à tes chameaux ! », soit celle que tu as destinée à Isaac, ton serviteur ! Ainsi je saurai que tu as agi avec fidélité envers mon maître. [Cf. Pr 19.14.]
15 Il n'avait pas encore achevé que sortait Rébecca, la fille de Betouel, fils de Milka, la femme de Nahor, frère d'Abraham. Elle avait sa cruche sur l'épaule. [pas encore... : cf. Es 65.24. – fille de... : litt. née de Betouel... ; cf. 22.20-23.]16 C'était une très belle jeune fille ; elle était vierge, aucun homme n'avait jamais eu de relations avec elle. Elle descendit à la source, remplit sa cruche et remonta. 17 Le serviteur courut à sa rencontre et dit : Donne-moi, je te prie, quelques gorgées d'eau de ta cruche. [Cf. Jn 4.7.]18 Elle répondit : Bois, mon seigneur ! Et elle s'empressa d'incliner sa cruche et de lui donner à boire. [d'incliner : autre traduction de descendre ; litt. et elle fit descendre sa cruche sur sa main. Sans doute la portait-on sur l'épaule ou sur la tête.]19 Quand elle eut achevé de lui donner à boire, elle dit : Je puiserai aussi pour tes chameaux, jusqu'à ce qu'ils aient assez bu. 20 Elle s'empressa de vider sa cruche dans l'abreuvoir et courut pour puiser encore au puits ; elle puisa pour tous les chameaux. 21 L'homme s'interrogeait en silence à son sujet, se demandant si le SEIGNEUR allait faire aboutir son voyage. [faire aboutir son voyage : litt. faire réussir son chemin (de même au v. 42) ; cf. Jg 18.5.]
22 Quand les chameaux eurent achevé de boire, l'homme prit un anneau d'or du poids d'un demi-sicle et, pour les poignets de la jeune fille, deux bracelets du poids de dix sicles d'or. [anneau : Smr précise qu'il s'agit d'un anneau nasal, cf. v. 47 ; Ez 16.11s. – un demi-sicle : litt. un demi (hébreu béqa), soit environ 5,7 g ; voir mesures, poids et monnaies. – pour les poignets... : litt. pour ses poignées (à elle).]23 Il dit : De qui es-tu la fille ? Dis-le-moi, je te prie. Y a-t-il un lieu chez ton père pour que nous y passions la nuit ? 24 Elle lui dit : Je suis la fille de Betouel, le fils que Milka a donné à Nahor. 25 Elle ajouta : Il y a chez nous de la paille et du fourrage en abondance, et aussi un lieu pour passer la nuit. 26 Alors l'homme s'inclina et, prosterné devant le SEIGNEUR, 27 il dit : Béni soit le SEIGNEUR, le Dieu d'Abraham, mon maître, qui n'a cessé d'être fidèle et loyal envers mon maître ! Le SEIGNEUR a conduit mes pas jusque chez les frères de mon maître. [qui n'a cessé d'être fidèle et loyal : litt. qui n'a pas abandonné sa fidélité et sa loyauté. – Le SEIGNEUR a conduit mes pas : litt. moi, le SEIGNEUR m'a conduit sur le chemin (cf. v. 48n). – les frères : des versions anciennes portent le frère (v. 48).]28 La jeune fille courut raconter tout cela chez sa mère. 29 Rébecca avait un frère nommé Laban. Laban courut dehors vers l'homme, près de la source. 30 – Dès qu'il vit l'anneau et les bracelets aux mains de sa sœur et qu'il entendit les paroles de Rébecca, sa sœur, qui disait : « Ainsi m'a parlé cet homme », il vint vers l'homme, qui se tenait auprès des chameaux, près de la source. – 31 Il lui dit : Viens, toi qui es béni du SEIGNEUR ! Pourquoi restes-tu dehors ? J'ai préparé la maison et j'ai fait une place pour les chameaux. [J'ai préparé : la même forme verbale a le sens de vider en Lv 14.36.]32 L'homme entra dans la maison. Laban fit décharger les chameaux et donna de la paille et du fourrage pour les chameaux, ainsi que de l'eau pour que l'homme et les gens qui l'accompagnaient se lavent les pieds. [L'homme entra... : Vg il fit entrer l'homme... – Laban fit décharger : litt. il fit décharger. – se lavent les pieds 18.4n.]33 Puis on plaça devant lui de quoi manger. Mais il dit : Je ne mangerai pas avant d'avoir dit ce que j'ai à dire. Laban dit : Parle ! [Laban dit : litt. il dit.]
34 Alors il dit : Je suis le serviteur d'Abraham. 35 Le SEIGNEUR a grandement béni mon maître, qui est devenu un homme important. Il lui a donné du petit bétail et du gros bétail, de l'argent et de l'or, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes. [qui est devenu... important : litt. et il a grandi. Cf. 13.2.]36 Sara, la femme de mon maître, a, dans sa vieillesse, donné un fils à mon maître ; c'est à ce fils qu'il a donné tout ce qui lui appartient. [dans (litt. après) sa vieillesse : le texte hébreu traditionnel se réfère à la vieillesse de Sara, LXX et Smr à celle d'Abraham (comme en 21.2). – c'est à ce fils (litt. à lui) qu'il a donné tout... 25.5.]37 Mon maître m'a fait prêter serment, en disant : « Tu ne prendras pas pour mon fils une femme d'entre les filles des Cananéens dans le pays desquels j'habite ; 38 tu iras sans faute dans ma famille, dans mon clan, prendre une femme pour mon fils. » [sans faute Es 5.9n.]39 J'ai dit à mon maître : « Peut-être la femme ne me suivra-t-elle pas. » 40 Il m'a répondu : « Le SEIGNEUR, devant qui j'ai marché, enverra son messager avec toi et fera aboutir ton voyage ; tu prendras pour mon fils une femme de mon clan, de ma famille. [Cf. v. 7.]41 Tu seras dégagé de mon adjuration quand tu seras arrivé dans mon clan ; si on ne t'accorde pas la jeune fille, tu seras dégagé de mon adjuration. » [dégagé : le terme évoque souvent l'innocence, cf. v. 8. – de mon adjuration : litt. de ma malédiction (Lv 5.1n ; Nb 5.21nss ; Dt 29.11nss ; Né 10.30), le terme évoque plus précisément la malédiction conditionnelle (voir bénédiction) annoncée en cas de non-respect du serment ou de l'alliance (cf. Rt 1.17n). – si on ne t'accorde pas... : litt. s'ils ne te donnent pas.]42 Je suis arrivé aujourd'hui à la source et j'ai dit : « SEIGNEUR, Dieu d'Abraham, mon maître, si tu daignes faire aboutir le voyage que j'ai entrepris... [si tu daignes... : autre traduction fais aboutir, je te prie, le voyage... ; cf. v. 21n.]43 je me tiens près de la source ; que la jeune fille qui sortira pour puiser, à qui je dirai : “Donne-moi à boire, je te prie, un peu d'eau de ta cruche”, [la jeune fille : sur le terme qui apparaît ici, voir Es 7.14n.]44 et qui me répondra : “Bois donc ; je puiserai aussi pour tes chameaux !” – que celle-là soit la femme que le SEIGNEUR a destinée au fils de mon maître ! » 45 Avant que je n'aie achevé de parler en mon cœur, Rébecca sort, sa cruche sur l'épaule ; elle descend à la source et puise. Je lui ai dit : « Donne-moi à boire, je te prie. » 46 Elle s'est empressée d'incliner la cruche qu'elle portait et elle a dit : « Bois, je donnerai aussi à boire à tes chameaux ! » J'ai bu, puis elle a aussi donné à boire aux chameaux. 47 Je lui ai demandé : « De qui es-tu la fille ? » Elle a répondu : « Je suis la fille de Betouel, le fils de Nahor, celui que Milka lui a donné. » J'ai mis l'anneau à son nez et les bracelets à ses poignets. 48 Puis je me suis incliné et prosterné devant le SEIGNEUR, et j'ai béni le SEIGNEUR, le Dieu d'Abraham, mon maître, qui m'a loyalement conduit à prendre, pour son fils, la fille du frère de mon maître. [loyalement conduit : litt. conduit sur le chemin de loyauté (ou de vérité), cf. v. 27.]49 Maintenant, si vous voulez agir avec fidélité et loyauté envers mon maître, dites-le-moi ; sinon, dites-le-moi, et je serai fixé. [et je serai fixé : litt. et je me tournerai à droite ou à gauche.]
50 Laban et Betouel répondirent : Cette affaire vient du SEIGNEUR, nous ne pouvons rien t'en dire, ni pour ni contre. [Cette affaire : autre traduction cette parole. – vient : litt. est sortie. – ni pour ni contre : litt. de mauvais ou de bon ; cf. 2.9n ; 31.24n,29 ; Nb 24.13.]51 Rébecca est là, devant toi ; prends-la et va-t'en ; qu'elle devienne la femme du fils de ton maître, comme le SEIGNEUR l'a dit ! [prends-la et va-t'en : cf. 12.19.]
52 Lorsque le serviteur d'Abraham entendit cela, il se prosterna jusqu'à terre devant le SEIGNEUR. [cela : litt. leurs paroles.]53 Le serviteur sortit des objets d'argent, des objets d'or et des vêtements qu'il donna à Rébecca ; il fit aussi de riches présents à son frère et à sa mère. [son frère : certains mss de LXX et Vg portent ses frères.]54 Après quoi, lui et les gens qui l'accompagnaient mangèrent et burent, et ils passèrent la nuit. Au matin, quand ils se levèrent, le serviteur dit : Laissez-moi repartir vers mon maître. 55 Le frère et la mère dirent : Que la jeune fille reste avec nous quelque temps encore, une dizaine de jours ; ensuite tu pourras partir. 56 Il leur répondit : Ne me retardez pas, puisque le SEIGNEUR a fait aboutir mon voyage ; laissez-moi repartir pour rentrer chez mon maître. 57 Alors ils répondirent : Appelons la jeune fille et demandons-lui son avis. [demandons-lui son avis : litt. interrogeons sa bouche.]58 Ils appelèrent donc Rébecca et lui dirent : Veux-tu aller avec cet homme ? Elle répondit : Je veux bien. [Veux-tu aller / Je veux bien : litt. iras-tu / j'irai.]
59 Ils laissèrent alors partir leur sœur Rébecca et sa nourrice avec le serviteur d'Abraham et ses gens. 60 Ils bénirent Rébecca et lui dirent :
Toi, notre sœur,
deviens des milliers de dizaines de milliers !
Que ta descendance
prenne possession des villes de ses ennemis ! [milliers... 28.3. Le terme traduit par dizaines de milliers (ou myriades) fait assonance avec le nom de Rébecca. – des villes... 22.17n. – ses ennemis : litt. ceux qui la haïssent ; certains mss portent le terme qui désigne les ennemis en 22.17.]
61 Rébecca et ses servantes montèrent sur les chameaux et suivirent l'homme. Le serviteur prit Rébecca et partit.
62 Isaac était revenu du Puits Lahaï-Roï et il s'était installé dans le Néguev. [Le texte est incertain, litt. Isaac était venu de venir (?) au puits... ; d'après Smr et LXX, certains modifient le texte hébreu traditionnel pour lire Isaac était allé dans le désert du puits... – Lahaï-Roï 16.13-14n ; 25.11.]63 Vers le soir, Isaac sortit pour se promener dans la campagne ; il leva les yeux et vit des chameaux qui arrivaient. [se promener : traduction d'après l'arabe et le syriaque. LXX et Vg traduisent le verbe correspondant, qui n'apparaît qu'ici, par méditer.]64 Rébecca leva les yeux et vit Isaac ; elle sauta du chameau [sauta : litt. tomba.]65 et dit au serviteur : Qui est cet homme dans la campagne qui vient à notre rencontre ? Le serviteur répondit : C'est mon maître. Alors elle prit son voile et se couvrit. [voile : le terme hébreu correspondant ne revient qu'en 38.14,19. La coutume exigeait qu'une femme se voile devant un étranger, et en particulier devant l'homme qui devait devenir son mari (cf. 29.23ss).]66 Le serviteur raconta à Isaac tout ce qu'il avait fait. 67 Isaac conduisit Rébecca dans la tente de Sara, sa mère. Il prit Rébecca qui devint sa femme, et il l'aima. C'est ainsi qu'Isaac fut consolé après la perte de sa mère. [25.20. – après la perte de sa mère : litt. après sa mère ; certains modifient le texte hébreu traditionnel pour lire après la mort de son père.]