24 Balaam vit alors que Yahvé trouvait bon de bénir Israël. Il n’alla pas comme les autres fois à la recherche de présages, mais il se tourna face au désert.
« Oracle de Balaam, fils de Béor,
oracle de l’homme au regard pénétrant,v
u Ici commence une nouvelle série d’oracles appartenant au cycle yahviste.
v Littéralement « dont l’œil est parfait », shettam , en suivant le grec ; « dont l’œil est fermé », shetûm hébr.
4 oracle de celui qui écoute les paroles de Dieu.
Il voit ce que Shaddaï fait voir,
il obtient la réponse divine et ses yeux s’ouvrent.w
w Sens discuté. Autre traduction « il tombe et ses yeux s’ouvrent ».
5 Que tes tentes sont belles, Jacob !
et tes demeures, Israël !
6 Comme des vallées qui s’étendent,
comme des jardins au bord d’un fleuve,
comme des aloès que Yahvé a plantés,
comme des cèdres auprès des eaux !
7 Un héros grandit dans sa descendance,
il domine sur des peuples nombreux.x
Son roi est plus grand qu’Agag,
sa royauté s’élève.
x On suit le grec cet oracle semble se référer au « messianisme royal », et viser directement, soit Saül, vainqueur d’Agag, roi amalécite, 1 S 15.8, soit David qui lui aussi combattit les Amalécites, 1 S 30. L’hébr. est tout différent et peut se traduire « l’eau déborde de son seau, et sa semence est dans une eau abondante ».
8 Dieu le fait sortir d’Égypte,
il est pour lui comme des cornes de buffle.
Ily dévore le cadavre de ses adversaires,
il leur brise les os.
y Israël. La suite du v. est incertaine et le texte corrompu. Au lieu de « cadavre » les massorètes ont compris « nations ».
9 Il s’est accroupi, il s’est couché,
comme un lion, comme une lionne
qui le fera lever ?
Béni soit qui te bénit,
et maudit qui te maudit ! »
10 Balaq se mit en colère contre Balaam. Il frappa des mains et dit à Balaam : « Je t’avais mandé pour maudire mes ennemis, et voilà que tu les bénis, et par trois fois !
« Oracle de Balaam, fils de Béor,
oracle de l’homme au regard pénétrant,
16 oracle de celui qui écoute les paroles de Dieu,
de celui qui sait la science du Très-Haut.
Il voit ce que Shaddaï fait voir,
il obtient la réponse divine et ses yeux s’ouvrent.
17 Je le vois — mais non pour maintenant,
je l’aperçois — mais non de près
Un astrez issu de Jacob devient chef,
un sceptrea se lève, issu d’Israël.
Il frappe les tempes de Moab
et le crâne de tous les fils de Seth.b
z L’étoile est dans l’ancien Orient signe d’un dieu, et par suite d’un roi divinisé. Voir également Isa 14.12. Ce terme paraît évoquer ici la monarchie davidique, et pour l’avenir le Messie.
a Au lieu de « sceptre » le grec a « un homme », et au lieu de « tempes » il a « princes ». — Le même mot hébreu signifie les « tempes » et les « confins ».
b Ici, tribus bédouines. Le poète va passer en revue les adversaires d’Israël en marge de Canaan.
18 Édom devient un pays conquis ;
pays conquis, Séïr.
Israël déploie sa puissance,
19 Jacob domine sur ses ennemis
et fait périr les rescapés de Ar. »c
c « ennemis » est transposé du v. 18, où l’hébr. le met après « Séïr ». — « Ar », cf. 22.36, au lieu d’hébr. « ville » (`îr).
20 Balaam vit Amaleq, il prononça son poème. Il dit :
« Amaleq : prémices des nations !
Mais sa postérité périra pour toujours. »d
d « périra pour toujours » sam. ; « sera jusqu’à la ruine (?) » hébr. De même au v. 24.
21 Puis il vit les Qénites, il prononça son poème. Il dit :
« Ta demeure fut stable, Qayîn,
et ton nide juché sur le rocher.
e Jeu de mots entre qen, nid, et qyn, Qayîn, restitué pour le rythme. — Les Qénites sont des nomades (cf. 1 Ch 2.55 où ils sont frères des Rékabites), en relations étroites avec Madiân (cf. 10.29 et Jg 1.16). Refoulés par les Édomites (le Béor du v. 22 semble être celui de Gn 36.32), ils gagnent le pays des Amalécites, Jg 1.16 ; 1 S 15.4-6, cf. 27.10 ; 30.29, et on en rencontrera jusque dans la plaine d’Esdrelon, Jg 4.11, 17 ; 5.24. Qayin doit être rapproché de Qenaz, le nom du père d’Otniel, lui-même frère (ou neveu ?) de « Caleb le Qenizzite » (ailleurs assimilé à la tribu de Juda), 32.12 ; Jos 14.6, 14 ; 15.17 ; Jg 1.13 ; 3.9-11 ; 1 Ch 4.13. En Gn 15.19 les Qenizzites sont nommés entre les Qénites et les Qadmonites (les « fils de l’Orient » de Gn 29.1 ; Jg 6.3, etc.), et en Gn 36.11, 42, Qenaz est le petit-fils d’Ésaü et le demi-frère d’Amaleq, ce qui exprime une relation géographique plutôt qu’ethnographique.
22 Mais le nid appartient à Béor ;
jusques à quand seras-tu captif d’Assur ? »f
f Le texte, très incertain, est corrigé d’après le grec. La mention d’Assur, ici et v. 24, est étonnante il ne peut s’agir de l’Assyrie, car cela mettrait l’oracle très tard (VIIIe s. av. J.-C.), il s’agit peut-être de la tribu d’Assur mentionnée en Gn 25.3 et 2 S 2.9.
23 Puis il prononça son poème. Il dit :
« Des peuples de la Merg se rassemblent au nord,
g Littéralement « des îles », moyennant corr. Ces « Peuples de la Mer », dont les Philistins faisaient partie, ont déferlé sur l’Égypte et la Palestine à la fin du XIIIe s. av. J.-C.
24 des vaisseaux du côté de Kittim.
Ils oppriment Assur, ils oppriment Ébèr,h
lui aussi périra pour toujours. »
h Kittim Chypre, mais aussi les côtes de la Méditerranée orientale. — Éber cf. Gn 10.21 ; 11.14, population à laquelle se rattache Abraham, Gn 11.26 ; il faut en rapprocher le nom des « Hébreux » (cf. « Abram l’Hébreu », Gn 14.13), quelle que soit l’origine réelle de ce nom.
25 Puis Balaam se leva, partit et retourna chez lui. Balaq lui aussi passa son chemin.