25 La neuvième année de son règne, le dixième jour du dixième mois, Nabuchodonosor, roi de Babylone, attaqua Jérusalem avec toute son armée ; il dressa son camp contre elle, et ils bâtirent contre elle un terrassement, tout autour. [Cf. Jr 39.1-10 ; 52.4-16. – le dixième jour : précision absente de LXX comme de Jr 39.1. – dixième mois : certains mss de LXX ont lu douzième, un autre deuxième. – Nabuchodonosor : cf. 24.1n. – il dressa son camp : le verbe est au pluriel dans un ms de Tg et dans Vg, comme en Jr 52.4. – ils bâtirent : LXX, Syr et des mss de Tg portent il bâtit. – un terrassement : c.-à.-d. une rampe d'assaut, résultat d'un travail de terrassement pour mieux attaquer la ville ; même mot en Jr 52.4 ; Ez 4.2 ; 17.17 ; 21.27 ; 26.8.]
L’Exil et la BibleLes événements de 587/6 av. J.-C. – prise de Jérusalem, destruction du temple, fin de la royauté davidique, exil à Babylone (voir « Exils successifs à partir du VIIIe siècle av. J.-C. ») – occupent une place centrale dans l’histoire et la littérature d’Israël. Dès 626 av. J.-C., Nabopolassar émancipait Babylone de l’Assyrie, qui dominait le Proche-Orient depuis le VIIIe siècle. Alliés aux Mèdes, les Babyloniens s’emparaient de Ninive, capitale de l’empire assyrien, en 612 (cf. Na 2–3). Parallèlement, les réformes de Josias (≈ 640-609 ; cf. 2R 22–23), dans l’esprit du Deutéronome (voir l’introduction à ce livre), concouraient à affranchir le royaume de Juda de la tutelle assyrienne. Que tel fût bien l’objectif de Josias en matière de politique extérieure, indépendamment de ses motivations religieuses, c’est ce qui ressort du choix qu’il fera de s’opposer au pharaon Néko quand celui-ci, comprenant que le vrai danger vient désormais de Babylone, tentera de voler au secours de l’Assyrie (2R 23.29ss). Avec la défaite et la mort de Josias, Juda passe sous la coupe de l’Egypte. Néko destitue Joachaz, le fils cadet de Josias que le peuple du pays, sans doute les riches propriétaires terriens (voir Jr 1.18n), ont placé sur le trône (2R 23.30). Il le remplace par le frère aîné de Joachaz, Eliaqim ou Joïaqim (2R 23.34 ; voir l’encadré « L’après-Josias »). Après sa défaite décisive à Karkemish en 605 (Jr 46.2n), l’Egypte va se servir du nationalisme de Juda et d’autres vassaux pour essayer de contenir l’expansion de ce qu’il faut maintenant appeler l’empire babylonien, aux mains de Nabuchodonosor. En 597, Juda est une des premières victimes de la répression babylonienne : c’est la première prise de Jérusalem, et le premier exil (2R 24.10ss) – le nombre des captifs étant évalué différemment selon les textes (2R 24.14,16 ; Jr 52.28). Joïakîn, qui semble avoir succédé à Joïaqim, son père, pendant le siège de la ville, est exilé à Babylone où il sera finalement gracié (2R 25). Nabuchodonosor concède toutefois une certaine autonomie au royaume de Jérusalem, qu’il confie à un autre fils de Josias, Mattania ou Sédécias (2R 24.17). Sans doute à l’instigation de l’Egypte, celui-ci commettra l’erreur fatale de se révolter contre son suzerain. Il s’ensuivra une seconde prise de Jérusalem, qui restera pour l’identité nationale et religieuse d’Israël l’événement marquant : certes, l’exil qu’elle a entraîné semble avoir été moins massif que celui de 597 (Jr 52.29 ; cf. 39.10 ; les Lamentations, par exemple, sont vraisemblablement l’œuvre de survivants restés sur place) ; mais le temple et la royauté ont disparu. Les ultimes soubresauts de la révolte antibabylonienne ne peuvent plus renverser le cours de l’histoire (2R 25.22ss ; Jr 40–43 ; 52.30). L’exil à Babylone (au nord-est) se double d’une fuite en Egypte (au sud-ouest) pour les derniers partisans (Jr 42–44). En Babylonie, les exilés – probablement regroupés dans certaines régions, comme celle de Nippour, au sud-est de Babylone (cf. Ez 1.1n) – semblent mener une vie plutôt confortable, parfois même prospère (selon Esd 2.65, quelques-uns ont des esclaves). Ils vivent dans des communautés relativement autonomes, présidées par des anciens (Jr 29.1 ; Ez 8.1). Selon toute apparence, leur réponse au choc de l’exil est essentiellement littéraire.
En 539 av. J.-C., Cyrus le Grand, roi de Perse, s’empare de Babylone sans coup férir, avec le soutien du clergé babylonien du dieu Mardouk (voir « Cyrus à Babylone »), mais sans doute aussi de certains exilés de Juda qui, dans la ligne d’Esaïe, l’acclament comme le « messie » de YHWH. Désormais les Juifs peuvent rentrer au pays, mais quelques-uns seulement feront ce choix, surtout avec Zorobabel en 520 av. J.-C. Des liens très forts subsisteront entre les exilés qui restent à l’étranger, en situation de diaspora (voir « La diaspora ou les Juifs hors de leur pays », et les livres d’Esther et de Daniel qui ont pour toile de fond cette situation), et la colonie qui retourne à Jérusalem pour reconstruire. Celle-ci, qui se considère en Judée comme le véritable Israël (cf. Jr 24), entre en conflit avec ceux qui sont demeurés sur place pendant l’exil (le peuple du pays dans Esdras [3.3n] et Néhémie ; cf. Ez 11.15 ; 33.24ss ; voir aussi Samaritains). Quant à la diaspora égyptienne, elle suit une voie quelque peu différente : elle construit des temples concurrents de Jérusalem (dès le VIe siècle av. J.-C. sur l’île d’Eléphantine, en face d’Assouan, où l’on célèbre le culte de Yaho et de sa compagne Anat-Yaho ; plus tard, au IIe siècle, à Léontopolis ou Memphis, où l’on officie selon la règle de Jérusalem, sur un site qui est toujours nommé aujourd’hui Tel-Yahoudiyé, la « colline des Juifs » ; voir sadducéens, temple). A l’époque hellénistique, elle constitue un point de rencontre particulièrement fécond entre le judaïsme et la culture grecque, notamment à Alexandrie où apparaîtra la Bible des Septante (LXX ; voir l’introduction à l’Ancien Testament). |
8 Le septième jour du cinquième mois – c'était la dix-neuvième année du règne de Nabuchodonosor, roi de Babylone – Nebouzaradân, chef des gardes, officier du roi de Babylone, vint à Jérusalem. [septième : neuvième pour deux mss hébreux, certains mss de LXX et Syr ; dixième en Jr 52.12. – officier : litt. serviteur ; LXX se tenant devant le roi ou au service du roi ; cf. Jr 52.12n.]
11 Nebouzaradân, chef des gardes, exila le reste du peuple, ceux qui étaient restés dans la ville, ceux qui s'étaient rendus au roi de Babylone et le reste de la multitude. [le reste du peuple : autre traduction le reste des troupes (cf. v. 12). – ceux qui s'étaient rendus au roi : litt. les prosternés qui s'étaient prosternés sur (ou vers) le roi. Il pourrait s'agir de déserteurs. – la multitude : litt. la foule.]
13 Des Chaldéens brisèrent les colonnes de bronze qui étaient dans la maison du SEIGNEUR, les bases, la Mer de bronze qui était dans la maison du SEIGNEUR, et ils en emportèrent le bronze à Babylone. [Cf. Jr 52.17-27. – les colonnes de bronze... : cf. 1R 7.15-26. A noter l'absence de toute mention du coffre sacré parmi les objets pillés ou détruits (cf. Ap 2.17n). – le bronze : un ms hébreu porte comme Jr tout le bronze.]
18 Le chef des gardes prit Seraya, le prêtre en chef, Sophonie, le prêtre en second, et les trois gardiens du seuil. [Seraya : à ne pas confondre avec le fils d'Azriel cité en Jr 36.26 ou celui de Nériya en Jr 51.59-64. – Sophonie : hébreu Tsephaniahou ; le personnage n'est pas à confondre avec le prophète qui a donné son nom à un livre biblique (So 1.1n ; voir aussi Jr 21.1+ ; Za 6.10,14 ; 1Ch 6.21). – les trois gardiens du seuil : cf. 12.10n.]
Siège et prise d'une ville ennemie (vers 728 av. J.-C.) à l'aide de plusieurs engins et constructions militaires.
D'après un bas-relief du palais central de Nimroud (= Kalah, Gn 10.11n), en Assyrie (IXe-VIIIe s. av. J.-C.).
Cf. Jr 40.7–41.18
22 Quant au peuple qui restait dans le pays de Juda, ceux à qui Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait permis de rester, il nomma à leur tête Guedalia, fils d'Ahiqam, fils de Shaphân. [Cf. Jr 40.5. – Quant au peuple qui restait : la politique babylonienne diffère ici de celle des Assyriens en ce que des autochtones peuvent demeurer dans le pays où ils ne sont pas remplacés par des populations allogènes ; cf. 17.24. – Ahiqam, fils de Shaphân : cf. 22.3.]
23 Lorsque tous les chefs des troupes apprirent, eux et leurs hommes, que le roi de Babylone avait nommé Guedalia, ils se rendirent auprès de Guedalia, au Mitspa : c'étaient Ismaël, fils de Netania, Yohanân, fils de Qaréah, Seraya, fils de Tanhoumeth, le Netophatite, et Yaazania, fils du Maakatite, eux et leurs hommes. [leurs hommes : avec des versions anciennes et Jr 40.7 ; les hommes pour le texte hébreu (à la première occurrence). – Guedalia / Yaazania : hébreu Gedalyahou / Ya'azanyahou. – Yohanân : un des protagonistes des derniers épisodes de la vie du prophète Jérémie selon Jr 42–43. – Netophatite : de Netopha, vraisemblablement Khirbet Bett Falut, au sud-ouest de Beth-Léhem ; cf. Esd 2.22 ; Né 7.26. – Maakatite : originaire du royaume syrien de Maaka ou, plus vraisemblablement, de la ville d'Abel Beth Maaka dans le nord d'Israël (Jos 12.5).]
27 La trente-septième année de l'exil de Joïakîn, roi de Juda, le vingt-septième jour du douzième mois, Evil-Merodak, roi de Babylone, l'année où il devint roi, gracia Joïakîn, roi de Juda, et le tira de la maison de détention. [trente-septième année ≈ 561/0 av. J.-C. – vingt-septième jour : vingt-huitième pour un ms hébreu, vingt-cinquième pour le texte hébreu de Jr 52.31 où LXX porte vingt-quatrième. – Evil-Merodak (akkadien Awil-Mardouk, l'homme de Mardouk) : 562-560 av. J.-C. – gracia... et le tira de la maison de détention : litt. éleva la tête de Joïakîn... de la maison de détention ; cf. Gn 40.13,19 ; Jr 52.31 (et le fit sortir).]