Vigouroux – Job 26
Job relève la grandeur et la puissance de Dieu.
26 Alors Job répondit en ces termes : [26.1 IXe discours de Job : IIIe réponse à Baldad, chapitre 26. ― Job répond brièvement au dernier discours de Baldad. ― 1° Il lui reproche ironiquement l’inutilité de ce qu’il vient de dire, versets 2 à 4, et il lui montre ensuite qu’il peut peindre, aussi bien que lui, la puissance de Dieu, ce qu’il fait en effet d’une manière supérieure. ― 2° Il décrit la puissance divine dans l’enfer (le scheôl), versets 5 à 7 ; ― 3° dans les airs, versets 8 à 10 ; ― 4° dans le ciel et sur les mers, versets 11 à 14.]2 De qui es-tu l’auxiliaire ? Est-ce du faible ? et soutiens-tu le bras d’un être dénué de force ? 3 A qui donnes-tu un conseil ? Est-ce à celui qui n’a pas de sagesse ? Vraiment (et) tu as manifesté une immense prudence. 4 Qui veux-tu instruire ? N’est-ce pas celui qui a créé le souffle de la vie ? 5 Les géants mêmes et ceux qui habitent avec eux gémissent sous les eaux. [26.5 Les géants gémissent sous les eaux ; c’est-à-dire dans l’enfer ; car c’est sous la mer que les anciens le plaçaient. Comparer à Genèse, 6, 4 ; 7, 21 ; Sagesse, 14, 6 ; 1 Pierre, 3, 20. Quelques interprètes entendent par géants les monstres marins ; mais cette opinion ne paraît nullement fondée.]6 Le séjour des morts (L’enfer) est à nu devant lui, et l’abîme sans aucun voile. [26.6 L’abîme ; littéralement la perdition, le lieu de perdition ; c’est encore l’enfer sous un autre nom.]7 Il étend le septentrion sur le vide, et suspend la terre sur le néant. [26.7 Ces paroles sont des images et ne doivent pas être prises à la lettre, comme l’a fait observer saint Thomas.]8 Il lie les eaux dans ses nuées, afin qu’elles ne fondent pas sur la terre toutes ensemble. 9 Il couvre la face de son trône, et il répand sur lui sa nuée. [26.9 La face ; c’est-à-dire le devant. Il tient son trône inaccessible à nos regards.]10 Il a entouré les eaux d’une limite (pour les retenir), jusqu’aux confins de la lumière et des ténèbres. 11 Les colonnes du ciel tremblent, et s’effrayent à son moindre signe (clin d’œil). 12 Sa puissance a rassemblé les mers en un instant, et sa sagesse en a dompté l’orgueil (prudence a frappé le superbe). [26.12 Sa prudence, etc. La Vulgate ne supporte pas d’autre sens. Cependant beaucoup d’interprètes font de superbum un mot neutre synonyme de superbia, ferocia, qu’ils appliquent à maria, qui précède. Le texte hébreu porte : Dans son intelligence, il a frappé l’orgueil, et le grec : Par sa science il a renversé le monstre marin.]13 Son esprit a orné les cieux, et l’adresse de sa main a fait paraître le (un) serpent plein de replis. [26.13 Sa main agissant ; littéralement obstetricante ; c’est-à-dire que sa main a formé un serpent tortueux ; le dragon, constellation de l’hémisphère boréal.]14 Ce n’est là qu’une partie de ses œuvres (de ses voies) ; et si nous n’avons entendu qu’un léger murmure de sa voix, qui pourra soutenir le tonnerre de sa grandeur ? [26.14 De ses voies ; de sa manière d’agir, de ses œuvres. ― Un petit mot ; littéralement une petite goutte. La parole est souvent comparée dans l’Ecriture à la pluie ou à la rosée. Voir Deutéronome, 32, 2 ; Isaïe, 55, 10-11. ― De sa parole ; c’est-à-dire de la parole qui le concerne, dite à son sujet. ― L’éclat. Ou ce mot est sous-entendu, ou l’antécédent du génitif de sa parole est une goutte (parvam stillam), qui précède ; car il faut nécessairement au verbe contempler (intueri) un accusatif pour complément. Job, ce nous semble, veut dire ici : Je ne vous ai rapporté qu’un bien faible partie des œuvres de la puissance de Dieu. Si donc vous n’avez entendu qu’avec peine le peu de paroles que j’ai dites de lui, comment me supporterez-vous, si je vous fais entendre la voix terrible de son tonnerre, et si je mets sous vos yeux les merveilles de sa grandeur infinie ?]