27 Et Job continua de s’exprimer en sentences et dit :
2 Par le Dieu vivant qui me refuse justice,
par Shaddaï qui m’emplit d’amertume,
3 tant qu’un reste de vie m’animera,
que le souffle de Dieu passera dans mes narines,
4 mes lèvres ne diront rien de mal,
ma langue n’exprimera aucun mensonge.
5 Bien loin de vous donner raison,
jusqu’à mon dernier souffle, je maintiendrai mon innocence.
6 Je tiens à ma justice et ne lâche pas ;
ma conscience, ne me reproche aucun de mes jours.
7 Que mon ennemi ait le sort du méchant,
mon adversaire celui de l’injuste !
8 Quel profit peut espérer l’impie
quand Dieu lui retire la vie ?
9 Est-ce que Dieu entend ses cris,
quand fond sur lui la détresse ?
10 Faisait-il ses délices de Shaddaï,
invoquait-il Dieu en tout temps ?t
t Job reprend certaines paroles d’Éliphaz sur le châtiment de l’impie, mais il refuse de se les appliquer.
11 Mais je vous instruis sur la puissance de Dieu,
sans rien vous cacher des pensées de Shaddaï.u
u Job semble dire qu’il a exposé en toute vérité et d’après les faits le comportement étrange et mystérieux de Dieu. Ses amis ont fermé les yeux à l’évidence.
12 Et si vous tous aviez su l’observer,
à quoi bon vos vains discours dans le vide ?
13 Voici le lot que Dieu assigne au méchant,
l’héritage que le violent reçoit de Shaddaï.
v Le fragment de discours 27.13-23 peut difficilement être attribué à Job et semble devoir être restitué à l’un de ses amis, dont il reprend l’une des thèses. L’attribution à Çophar est la plus indiquée. Toutefois si ces versets sont bien à assigner à Job, on peut les comprendre comme une reprise de la doctrine traditionnelle sur la rétribution, Job voulant montrer à ses amis qu’il la connaît aussi.
14 Si ses fils se multiplient, c’est pour l’épée,
et ses descendants n’apaiseront pas leur faim.
15 Les survivants seront ensevelis par la Peste,w
sans que ses veuves puissent les pleurer.
w Littéralement « la malemort », mais ce mot désigne parfois le mal par excellence, ici personnifié. Cf. 18.13 ; Jr 15.2 ; 43.11 ; Ap 6.8.
16 S’il accumule l’argent comme la poussière,
s’il entasse des vêtements comme de la glaise,
17 qu’il les entasse ! un juste les revêtira,
un innocent recevra l’argent en partage.
18 Il s’est bâti une maison d’araignée,x
il s’est construit une hutte de gardien :
x « d’araignée » grec, syr. ; « de teigne » hébr. — Ce sont deux images d’instabilité.
19 riche il se couche, mais c’est la dernière fois ;y
quand il ouvre les yeux, plus rien.
y Littéralement « il ne recommencera plus » grec, syr. ; « il n’est pas rassemblé » hébr.
20 Les terreurs l’assaillent en plein jour,z
la nuit, un tourbillon l’enlève.
z « en plein jour » yôman conj. ; « comme des eaux » kammayim hébr.
21 Un vent d’est le soulève et l’entraîne,
l’arrache à son lieu de séjour.
22 Sans pitié, on le prend pour cible,
il doit fuir des mains menaçantes.
23 On applaudit à sa ruine,
on le siffle partout où il va.