27 Le matin venu, tous les grands prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le faire mettre à mort. [21.23+ ; 26.3s,66 ; Lc 22.66. – grands prêtres / anciens v. 3 ; 2.4n.] Le nom Ponce signifie sans doute, étymologiquement, « originaire du Pont-Euxin » (la mer Noire) ; Pilate est un surnom latin, qui signifie peut-être « obstiné ». L’homme a été préfet de la Judée entre 26 et 36 ; c’est le titre qui lui est donné dans l’inscription retrouvée à Césarée en 1961 (voir ci-dessous). Le Nouveau Testament lui donne le titre de gouverneur (ou procurateur), qui désigne normalement une autre fonction ; mais celle-ci pouvait être cumulée avec celle de préfet. D’après Philon d’Alexandrie, Hérode Agrippa Ier, qui était son contemporain, le décrit comme « un homme de disposition inflexible, sévère et entêté ». L’histoire non biblique renseigne en effet sur quelques traits de sa magistrature. Il n’a jamais voulu comprendre que les Juifs, à cause de leur opposition à toute idolâtrie, refusent de laisser les troupes romaines de passage à Jérusalem déployer leurs enseignes portant l’effigie de l’empereur. Il fit spécialement fabriquer, pour les narguer, des boucliers de parade portant le nom de l’empereur. Quant les foules vinrent lui demander de mettre un terme à ces pratiques, qui enfreignaient les conventions établies du temps de ses prédécesseurs, Pilate fit donner la troupe, et des incidents sanglants s’ensuivirent. Pareillement, il ne craignit pas de venir puiser dans le trésor sacré du temple pour faire construire un aqueduc, non sans avoir disposé auparavant des policiers en civil pour matraquer les bien prévisibles manifestants. (T)IBERIEVM Le premier mot, habituellement orthographié Tibereium signifie Monument dédié à l’Empereur Tibère. La suite de l’inscription se traduit « Ponce Pilate, préfet de Judée ».
Ponce Pilate
(PONT)IVSPILATVS
(PRAEF)ECTVSIVDA(EAE)
3 Voyant qu'il avait été condamné, Judas, qui l'avait livré, fut pris de remords et rapporta les trente pièces d'argent aux grands prêtres et aux anciens, [remords 21.29n ; voir aussi changement. – trente pièces 26.15 ; cf. Jb 20.20-22. – grands prêtres (2.4n) / anciens 21.23+.]
6 Les grands prêtres ramassèrent les pièces et dirent : Il n'est pas permis de les remettre dans le korbanas, puisque c'est le prix du sang. [korbanas : Mt transcrit un terme technique araméen (cf. Mc 7.11n). Celui-ci désigne le trésor sacré qui renfermait les dons et contributions destinés à l'entretien du culte ; cf. Dt 23.19 ; Za 11.13n. – prix : le même mot grec est traduit par valeur au v. 9.]
11 Jésus comparut devant le gouverneur. Le gouverneur lui demanda : Es-tu le roi des Juifs, toi ? Jésus lui répondit : C'est toi qui le dis. [V. 37 ; 2.2 ; 1Tm 6.13 ; voir aussi Juifs. – C'est toi qui le dis : cf. 26.25n,64.]
15 A chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier pour la foule, celui qu'elle voulait. [fête : voir calendrier. – qu'elle voulait : litt. qu'ils voulaient.]
19 Pendant qu'il était assis au tribunal, sa femme lui fit dire : Ne te mêle pas de l'affaire de ce juste, car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en rêve à cause de lui.[tribunal : cf. Jn 19.13 ; Ac 25.6,17. – juste Lc 23.47 ; Ac 3.14+ ; Jc 5.6. – en rêve 1.20+.]
20 Les grands prêtres et les anciens persuadèrent les foules de demander Barabbas et de faire disparaître Jésus. [grands prêtres (2.4n) / anciens 21.23+.]
24 Pilate, voyant que cela ne servait à rien, mais que l'agitation augmentait, prit de l'eau, se lava les mains devant la foule et dit : Je suis innocent du sang de cet homme. C'est votre affaire. [du sang de cet homme : autre traduction de ce sang ; certains mss portent du sang de ce juste ; cf. v. 4n,19 ; cf. Dt 21.6-8 ; 2S 3.28 ; Ps 26.6 ; 73.13 ; Ac 20.26.]
27 Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils rassemblèrent autour de lui toute la cohorte.
32 En sortant, ils trouvèrent un homme de Cyrène nommé Simon, et ils le réquisitionnèrent pour porter sa croix.[Cyrène : capitale de la Libye supérieure, sur la côte africaine. Comme dans de nombreuses autres contrées, il s'y trouvait une colonie juive dont Simon avait dû faire partie (cf. Ac 2.10 ; 6.9 ; 11.20). – réquisitionnèrent 5.41n ; cf. Lv 16.21. – sa croix (celle de Jésus) : il s'agit sans doute seulement de la poutre transversale où l'on fixait les bras du crucifié, le poteau vertical restant habituellement sur les lieux mêmes de l'exécution.]
33 Arrivés au lieu qu'on appelle Golgotha, ce qui signifie « Lieu du Crâne », [Mc 15.22n.]
35 Après l'avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort. [crucifié Jn 3.14 ; Ga 3.13 ; Ph 2.8. – Ps 22.19. Certains mss ajoutent à la fin du v. : afin que s'accomplisse ce qui avait été dit par l'entremise du prophète : Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré au sort ma robe ; cf. Jn 19.24.]
37 On plaça au-dessus de sa tête une inscription indiquant le motif de sa condamnation :
« Cet homme est Jésus, le roi des Juifs. » [le motif de sa condamnation : le terme grec correspondant a été traduit par motif en 19.3 et par condition en 19.7. – Cet homme : litt. celui-ci. – roi des Juifs v. 11,29 ; 2.2.]
38 Alors deux bandits sont crucifiés avec lui, l'un à droite, l'autre à gauche.[26.55 ; Es 53.12. Cf. Mt 20.23.]
39 Les passants l'injuriaient en hochant la tête. [l'injuriaient ou le calomniaient ; le même verbe est traduit par blasphémer en 9.3 ; 26.65 ; le substantif correspondant peut signifier blasphème (12.31) ou calomnie (15.19). – hochant la tête : geste de dégoût ou de moquerie (v. 40s) ; cf. Jr 18.16n ; Ps 22.8 ; 109.25 ; Lm 2.15.]
45 Depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre. [Depuis la sixième heure... : c.-à-d. de midi à 15 h environ ; cf. Am 8.9 ; voir aussi Jr 15.9.]
Eli, Eli, lema sabachthani ?
c'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? [cria : litt. cria d'une grande voix ; cf. v. 50n. – Ps 22.2.] L’ouvrage apocryphe connu sous le nom d’Evangile de Pierre, sans doute rédigé dans la première moitié du IIe siècle, développe à sa manière les récits de la Passion et de la Résurrection des quatre évangiles. Il semble toutefois tirer sa principale source d’inspiration du texte de Matthieu. En voici quelques extraits : 1 : Mais, parmi les Juifs, personne ne se lava les mains, ni Hérode, ni aucun de ses juges. Et, comme ils refusaient de se les laver, Pilate se leva. Et alors le roi Hérode ordonna de s’emparer du Seigneur en leur disant : « Tout ce que je vous ai ordonné de faire, faites-le. » (Cf. Mt 27.24ss.) 3ss : Or Joseph, l’ami de Pilate et du Seigneur, se tenait là et, sachant qu’ils étaient sur le point de le crucifier, il se rendit chez Pilate et demanda le corps du Seigneur pour lui donner une sépulture. Et Pilate, ayant envoyé un message à Hérode, demanda son corps. Et Hérode dit : « Frère Pilate (cf. Lc 23.12), même si personne ne l’avait demandé, nous l’aurions nous-mêmes enseveli, d’autant plus que le sabbat va commencer. Car il est écrit dans la Loi que le soleil ne doit pas se coucher sur un homme mis à mort. » (Cf. Mt 27.58ss.) 6ss : Or, après avoir saisi le Seigneur, ils le poussaient en courant et disaient : « Traînons le fils de Dieu, puisque nous le tenons en notre pouvoir. » Et ils le revêtirent de pourpre et le firent asseoir sur un trône de jugement en disant : « Juge avec justice, roi d’Israël. » Et l’un d’eux, ayant apporté une couronne d’épines, la posa sur la tête du Seigneur. Et d’autres qui étaient présents lui crachaient à la face et d’autres lui frappaient les joues, d’autres le piquaient avec un roseau et certains le fouettaient en disant : « Par cet hommage, honorons le fils de Dieu. » (Cf. Mt 27.28ss.) 10ss : Et ils amenèrent deux malfaiteurs et ils crucifièrent le Seigneur au milieu d’eux. Mais lui se taisait comme s’il n’éprouvait aucune souffrance. Et, lorsqu’ils eurent dressé la croix, ils y inscrivirent : « Celui-ci est le roi d’Israël. » Et après avoir déposé ses vêtements devant lui, ils en firent des parts et les tirèrent au sort. Mais l’un de ces malfaiteurs les réprimanda en ces termes : « Nous, c’est pour les forfaits que nous avons commis que nous souffrons ainsi, mais celui-ci, qui est devenu Sauveur des hommes, quel mal vous a-t-il fait ? » (Cf. Lc 23.40ss.) Et, s’étant irrités contre lui, ils ordonnèrent qu’on ne lui brisât pas les jambes afin qu’il mourût dans les tourments. (Cf. Jn 19.31ss.) Or il était midi et des ténèbres couvrirent toute la Judée. Et ils étaient troublés et ils craignaient que le soleil ne se fût couché alors qu’il vivait encore. En effet, il est écrit pour eux que le soleil ne doit pas se coucher sur homme mis à mort. Et l’un d’eux dit : « Donnez-lui à boire du fiel avec du vinaigre. » Et, après avoir fait le mélange, ils le lui donnèrent à boire. Et ils accomplirent tout et ils mirent un comble aux péchés qui pesaient sur leurs têtes. Beaucoup circulaient avec des lampes, croyant que c’était la nuit, et ils tombaient. (Cf. Mt 27.34ss.) 19s : Et le Seigneur cria : « Ma force, ô force, tu m’as abandonné. » Et, ayant parlé, il fut élevé. Et, au même instant, le voile du Temple de Jérusalem se déchira en deux. (Cf. Mt 27.46ss ; voir aussi Lc 23.48n ; Jn 20.19n.) 21ss : Et alors ils arrachèrent les clous des mains du Seigneur et ils le déposèrent à terre. Et la terre tout entière trembla et il y eut une grande peur. Alors le soleil brilla et on constata que c’était la neuvième heure. Les Juifs se réjouirent. Et ils donnèrent son corps à Joseph pour qu’il l’ensevelît, puisqu’il avait vu tout le bien qu’il avait fait. Ayant pris le Seigneur, il le lava et l’enveloppa dans un linceul, et il l’introduisit dans son propre tombeau appelé jardin de Joseph. (Cf. Mt 27.58ss.) 28ss : Or les scribes, les pharisiens et les anciens s’étaient réunis à la nouvelle que tout le peuple murmurait et se frappait la poitrine en disant : « Si à sa mort ces très grands signes se sont produits, voyez combien il était juste. » Les anciens furent effrayés et allèrent chez Pilate lui parler en ces termes : « Donne-nous des soldats pour garder son tombeau durant trois jours, de peur que ses disciples ne viennent le dérober et que le peuple ne s’imagine qu’il est ressuscité des morts et qu’il ne nous fasse du mal. » Pilate leur donna le centurion Pétronius avec des soldats pour garder le sépulcre ; et, avec eux, les anciens et les scribes allèrent au tombeau. Et, ayant roulé une grande pierre avec le centurion et les soldats, tous ceux qui étaient là la placèrent ensemble contre la porte du tombeau. Et ils y apposèrent sept sceaux et, après avoir dressé là une tente, ils montèrent la garde. De bon matin, à l’aube du sabbat, une foule vint de Jérusalem et des environs pour voir le tombeau scellé. (Cf. Mt 27.62ss.) 35ss : Or, dans la nuit où commençait le dimanche, tandis que les soldats montaient à tour de rôle la garde par équipes de deux, il y eut un grand bruit dans le ciel. Et ils virent les cieux s’ouvrir et deux hommes, brillant d’un éclat intense, en descendre et s’approcher du tombeau. La pierre, celle qui avait été poussée contre la porte, roula d’elle-même et se retira de côté. Et le tombeau s’ouvrit et les deux jeunes gens entrèrent. Alors, à cette vue, les soldats réveillèrent le centurion et les anciens, car eux aussi étaient là à monter la garde. Et, tandis qu’ils racontaient ce qu’ils avaient vu, à nouveau ils virent : du tombeau sortirent trois hommes, et les deux soutenaient l’autre, et une croix les suivait. Et la tête des deux atteignait jusqu’au ciel, alors que celle de celui qu’ils conduisaient par la main dépassait les cieux. Et ils entendirent une voix venue des cieux qui dit : « As-tu prêché à ceux qui dorment ? » Et on entendit une réponse venant de la croix : « Oui. » Alors ils se mirent à débattre entre eux s’il fallait s’en aller et exposer ces faits à Pilate. Et tandis qu’ils réfléchissaient encore, on vit les cieux s’ouvrir à nouveau, et un homme descendre et entrer dans le tombeau. (Cf. Mt 28.1ss.) 45ss : Après avoir vu cela, le centurion et son entourage se rendirent en hâte chez Pilate pendant la nuit, abandonnant le tombeau qu’ils gardaient ; et ils racontèrent tout ce qu’ils avaient vu, en proie à une grande inquiétude et disant : « Vraiment, il était le Fils de Dieu. » Pilate répondit : « Pour moi, je suis pur du sang du Fils de Dieu, c’est vous qui en avez décidé ainsi. » Sur quoi, tous s’approchèrent : ils le priaient et le suppliaient d’ordonner au centurion et aux soldats de ne dire à personne ce qu’ils avaient vu. « En effet, disaient-ils, mieux vaut pour nous répondre devant Dieu du plus grand péché que de tomber entre les mains du peuple des Juifs et d’être lapidés. » Alors Pilate ordonna au centurion et aux soldats de ne rien dire. (Cf. Mt 28.11ss.) 50ss : Le dimanche, au petit matin, Marie Madeleine, disciple du Seigneur – effrayée à cause des Juifs, qui étaient enflammés de colère, elle n’avait pas fait au tombeau du Seigneur ce que les femmes ont coutume de faire pour les morts qu’elles aiment –, prit avec elle ses amies et se rendit au sépulcre où il avait été déposé. Et elles craignaient d’être vues par les Juifs et disaient : « Bien que, le jour où il a été crucifié, nous n’ayons pas pu pleurer et nous frapper la poitrine, qu’au moins maintenant nous le fassions à son tombeau! Mais qui donc roulera pour nous la pierre placée contre la porte du sépulcre afin que, une fois entrées, nous nous asseyions auprès de lui et que nous fassions ce qui se doit ? Car elle était grande, cette pierre! Et nous craignons qu’on ne nous voie. Même si nous ne pouvons pas entrer, jetons au moins à la porte ce que nous apportons en mémoire de lui, pleurons et frappons-nous la poitrine jusqu’à notre retour à la maison. » Et, s’en étant allées, elles trouvèrent le tombeau ouvert et, s’étant approchées, elles se penchèrent pour y regarder ; et elles virent là, assis au milieu du tombeau, un jeune homme, beau et revêtu d’une robe resplendissante, qui leur dit : « Pourquoi êtes-vous venues ? Qui cherchez-vous ? Ne serait-ce pas celui qui a été crucifié ? Il est ressuscité et s’en est allé. Si vous ne croyez pas, penchez-vous et voyez la place où il était déposé : il n’y est pas. En effet, il est ressuscité et s’en est allé là d’où il avait été envoyé. » Alors, les femmes, effrayées, s’enfuirent. (Cf. Mt 28.1ss ; voir aussi Jn 21.3n.)
L’Evangile de Pierre
51 Alors le voile du sanctuaire se déchira en deux, d'en haut jusqu'en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, [voile Ex 26.31-33 ; Hé 6.19. – trembla 21.10n ; 24.7 ; 28.2 ; Hé 12.26. – se fendirent : litt. se déchirèrent, comme pour le voile du sanctuaire ; cf. Es 63.19 ; Lc 19.40.]
54 Voyant le tremblement de terre et ce qui venait d'arriver, le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus furent saisis d'une grande crainte et dirent : Celui-ci était vraiment Fils de Dieu.[V. 43 ; 14.33 ; 16.16+ ; cf. 17.6n. – crainte 9.8+. – Fils de Dieu 16.16+.]
55 Il y avait là beaucoup de femmes qui regardaient de loin, celles-là même qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée, pour le servir. [beaucoup de femmes : autre traduction plusieurs femmes ; v. 61 ; 28.1//. – de loin : cf. Ps 38.12. – servir 4.11n ; Lc 8.3.]
57 Le soir venu, un homme riche d'Arimathée nommé Joseph, qui était lui aussi disciple de Jésus, arriva. [Arimathée : on identifie généralement cette ville à Rama (ou Ramataïm), dans la région montagneuse d'Ephraïm (cf. 1S 1.1), à environ 35 km au nord-ouest de Jérusalem.]
62 Le lendemain, c'est-à-dire le jour après la Préparation, les grands prêtres et les pharisiens allèrent ensemble trouver Pilate [la Préparation : le vendredi, jour où l'on prépare le sabbat (Mc 15.42) ; le lendemain est donc le sabbat ; cf. Jn 19.14n. – grands prêtres / pharisiens 21.45.]