Bible de Jérusalem – Genèse 28
28 Isaac appela Jacob, il le bénit et lui fit ce commandement : « Ne prends pas une femme parmi les filles de Canaan.
2 Lève-toi ! Va en Paddân-Aram chez Bétuel, le père de ta mère, et choisis-toi une femme de là-bas, parmi les filles de Laban, le frère de ta mère.
3 Qu’El Shaddaï te bénisse, qu’il te fasse fructifier et multiplier pour que tu deviennes une assemblée de peuples.
4 Qu’il t’accorde, ainsi qu’à ta descendance, la bénédiction d’Abraham, pour que tu possèdes le pays dans lequel tu séjournes et que Dieu a donné à Abraham. »
5 Isaac congédia Jacob et celui-ci partit en Paddân-Aram chez Laban, fils de Bétuel l’Araméen et frère de Rébecca, la mère de Jacob et d’Ésaü.
Autre mariage d’Ésaü.c
6 Ésaü vit qu’Isaac avait béni Jacob et l’avait envoyé en Paddân-Aram pour y prendre femme, et qu’en le bénissant il lui avait fait ce commandement : « Ne prends pas une femme parmi les filles de Canaan. »
c La source sacerdotale continue ici.
7 Et Jacob avait obéi à son père et à sa mère et était parti en Paddân-Aram.
8 Ésaü comprit que les filles de Canaan étaient mal vues de son père Isaac
9 et il alla chez Ismaël et prit pour femme — en plus de celles qu’il avait — Mahalat, fille d’Ismaël, le fils d’Abraham, et sœur de Nebayot.
Le songe de Jacob.d
10 Jacob quitta Bersabée et partit pour Harân.
d Dans ce récit, il semble y avoir des éléments de tradition élohiste et yahviste, mais leur séparation n’est pas toujours aisée. À la première appartient le songe de l’échelle (plutôt un escalier) qui conduit au ciel, une idée mésopotamienne que symbolisaient les tours à étages, les ziggurât, vv. 12 et 17, le vœu de Jacob et la fondation du sanctuaire de Béthel, vv. 18, 20, 21a, 22 ; d’après la seconde, Yahvé apparaît et renouvelle à Jacob les promesses faites à Abraham et à Isaac, et Jacob le reconnaît pour son Dieu, vv. 13-16, 19, 21b. Toutes deux rehaussaient le prestige du sanctuaire de Béthel, 1 R 12.29-30. Plusieurs Pères, à la suite de Philon, ont vu dans l’échelle de Jacob l’image de la Providence que Dieu exerce sur la terre par le ministère des anges. Pour d’autres, elle préfigurait l’Incarnation du Verbe, pont jeté entre ciel et terre. Le v. 17 est utilisé par la liturgie dans l’office et la messe de la Dédicace des églises.
11 Il arriva d’aventure en un certain lieu et il y passa la nuit, car le soleil s’était couché. Il prit une des pierres du lieu, la mit sous sa tête et dormit en ce lieu.
12 Il eut un songe : Voilà qu’une échelle était dressée sur la terre et que son sommet atteignait le ciel, et des anges de Dieu y montaient et descendaient !
13 Voilà que Yahvé se tenait devant lui et dit : « Je suis Yahvé, le Dieu d’Abraham ton ancêtre et le Dieu d’Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je la donne à toi et à ta descendance.
14 Ta descendance deviendra nombreuse comme la poussière du sol, tu déborderas à l’occident et à l’orient, au septentrion et au midi, et tous les clans de la terre se béniront par toi et par ta descendance.
15 Je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras et te ramènerai en ce pays, car je ne t’abandonnerai pas, que je n’aie accompli ce que je t’ai promis. »
16 Jacob s’éveilla de son sommeil et dit : « En vérité, Yahvé est en ce lieu et je ne le savais pas ! »
17 Il eut peur et dit : « Que ce lieu est redoutable ! Ce n’est rien de moins qu’une maison de Dieu et la porte du ciel ! »
18 Levé de bon matin, il prit la pierre qui lui avait servi de chevet, il la dressa comme une stèle et répandit de l’huile sur son sommet.e
e La pierre localise la présence divine. Le lieu devient une bêt El, une « maison de Dieu », ce qui explique le nom de Béthel, et elle reçoit une onction d’huile, en acte de culte. Mais de telles pratiques, se trouvant dans la religion cananéenne et dans tout le milieu sémitique, furent plus tard condamnées par la Loi et les Prophètes, voir Ex 23.24. Ici même, à l’idée d’une demeure divine sur la terre se juxtapose une notion plus spirituelle Béthel est la « porte du ciel » où Dieu réside, cf. 1 R 8.27.
19 À ce lieu, il donna le nom de Béthel, mais auparavant la ville s’appelait Luz.
20 Jacob fit ce vœu : « Si Dieu est avec moi et me garde en la route où je vais, s’il me donne du pain à manger et des habits pour me vêtir,
21 si je reviens sain et sauf chez mon père, alors Yahvé sera mon Dieu
22 et cette pierre que j’ai dressée comme une stèle sera une maison de Dieu, et de tout ce que tu me donneras je te payerai fidèlement la dîme. »