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Bible de Jérusalem – Ésaïe 29

Sur Jérusalem.j

29 Malheur, Ariel, Ariel, cité où campa David !
ajoutez année sur année,
que les fêtes accomplissent leur cycle,

j Cet oracle paraît daté de la période précédant le siège de Jérusalem en 701. Le nom symbolique Ariel qui désigne Jérusalem, ici et à 33.7 (corrigé), est expliqué de diverses façons. Le plus souvent, on en rapproche le nom har’el ou ’ari’êl, donné par Ézéchiel 43.15 à la partie supérieure de l’autel, le foyer, où l’on brûlait les victimes cela exprimerait le caractère sacré de la ville. Cette interprétation paraît confirmée par la fin du v. 1 qui se réfère au culte régulier du Temple de Jérusalem.

2 j’opprimerai Ariel ; ce sera gémissements et sanglots,
et elle sera pour moi comme Ariel.
3 Je camperai en cercle contre toi,
j’entreprendrai contre toi un siège
et je dresserai contre toi des retranchements.
4 Tu seras abaissée, ta voix s’élèvera de la terre,
de la poussière elle s’élèvera comme un murmure ;
ta voix comme celle d’un esprit viendra de la terre,
comme venant de la poussière elle murmurera.
5 La horde de tes ennemis sera comme des grains de poussière,
la horde des guerriers, comme la bale qui s’envole.

Et soudain, en un instant,
6 tu seras visitée de Yahvé Sabaot
dans le fracas, le tremblement, le vacarme,
ouragan et tempête, flamme de feu dévorant.
7 Ce sera comme un rêve, une vision nocturne :
la horde de toutes les nations en guerre contre Ariel,
tous ceux qui le combattent, l’assiègent et l’oppriment.
8 Et ce sera comme le rêve de l’affamé :
le voici qui mange, puis il s’éveille, l’estomac creux ;
ou comme le rêve de l’assoiffé :
le voici qui boit, puis il s’éveille épuisé, la gorge sèche.
Ainsi en sera-t-il de la horde de toutes les nations
en guerre contre la montagne de Sion.

9 Soyez stupides et stupéfaits,k
devenez aveugles et sans vue ;
soyez ivres, mais non de vin,
titubants, mais non de boisson,

k La traduction cherche à rendre l’allitération de l’hébr., qui d’ailleurs sacrifie à cet effet littéraire le sens précis du premier verbe qui est « s’attarder ».

10 car Yahvé a répandu sur vous un esprit de torpeur,
il a fermé vos yeux (les prophètes),
il a voilé vos têtes (les voyants).l

l Les mots entre parenthèses sont des gloses qui éclairent les expressions figurées.

11 Et toutes les visions sont devenues pour vous
comme les mots d’un livre scellé
que l’on remet à quelqu’un qui sait lire en disant : « Lis donc cela. »
Mais il répond : « Je ne puis, car il est scellé. »
12 Et on remet le livre à quelqu’un qui ne sait pas lire
en disant : « Lis donc cela. »
Mais il répond : « Je ne sais pas lire. »m

m Les vv. 11-12 sont peut-être une addition voulant expliciter les vv. 9-10.

Oracle.n

13 Le Seigneur a dit :
Parce que ce peuple est près de moi en paroles
et me glorifie de ses lèvres,
mais que son cœur est loin de moi
et que sa crainte n’est qu’un commandement humain, une leçon apprise,

n Oracle difficile à dater. Le prophète s’en prend au culte hypocrite, comme en 1.10-20.

14 eh bien ! voici que je vais continuer
à étonner ce peuple par des prodiges et des merveilles ;
la sagesse des sages se perdra
et l’intelligence des intelligents s’envolera.

Le triomphe du droit.o

15 Malheur à ceux qui se terrent pour dissimuler à Yahvé leurs desseins,
qui trament dans les ténèbres leurs actions
et disent : « Qui nous voit ? Qui nous connaît ? »

o La clairvoyance de Yahvé perce les mauvais desseins, vv. 15-16. Il va délivrer les humbles de leurs ennemis et faire régner la justice, vv. 17-21. Les vv. 22-24 semblent être une addition. Ce n’est pas dans la manière d’Isaïe de parler de la « maison de Jacob » ni de se reporter à l’histoire du passé, ici Abraham.

16 Quelle perversité !
Le potier ressemble-t-il à l’argile
pour qu’une œuvre ose dire à celui qui l’a faite : « Il ne m’a pas faite »,
et un pot à son potier : « Il ne sait pas travailler ? »p

p Déjà le vieux récit de la création, Gn 2.7, représentait Yahvé façonnant l’homme avec de la terre à la manière d’un potier. L’image sera fréquemment reprise par les prophètes, après Isaïe, et enfin par saint Paul, pour souligner la totale dépendance de l’homme et sa fragilité entre les mains de Dieu.

17 N’est-il pas vrai que dans peu de temps
le Liban redeviendra un verger,
et le verger fera penser à une forêt ?
18 En ce jour-là, les sourds entendront les paroles du livre
et, délivrés de l’ombre et des ténèbres, les yeux des aveugles verront.
19 Les malheureux trouveront toujours plus de joie en Yahvé,
les plus pauvres des hommes exulteront à cause du Saint d’Israël.
20 Car le tyran ne sera plus, le moqueur aura disparu,
tous les veilleurs infâmes auront été retranchés :
21 ceux dont la parole porte condamnation,
ceux qui tendent un piège à celui qui juge à la porte,
et sans raison font débouter le juste.

22 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé, Dieu de la maison de Jacob,
lui qui a racheté Abraham :
Désormais Jacob ne sera plus déçu,
désormais son visage ne blêmira plus,
23 car lorsqu’il verra ses enfants,q l’œuvre de mes mains, chez lui,
il sanctifiera mon nom, il sanctifiera le Saint de Jacob,
il redoutera le Dieu d’Israël.

q « ses enfants » probablement une glose des mots suivants.

24 Les esprits égarés apprendront l’intelligence,
et ceux qui murmurent recevront l’instruction.

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