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Bible de Jérusalem – Job 29

5. CONCLUSION DU DIALOGUE

Plaintes et apologie de Job : A. Les jours d’antan.i

29 Job continua de s’exprimer en sentences et dit :

i Il est possible que telle ou telle section de ce discours (30-31) ait fait partie primitivement de la réponse à Bildad dans le troisième cycle de discours. La notice « Job continua de s’exprimer en sentences et dit », peut être un indice de cette appartenance originale à un autre contexte. Mais les essais de morcellement de ce discours n’ont pas donné de résultat satisfaisant, car il possède une unité réelle qu’il vaut mieux ne pas briser. Le premier tableau est un témoignage précieux sur la conception israélite ancienne d’une vie heureuse.

2 Qui me fera revivre les mois d’antan,
ces jours où Dieu veillait sur moi,
3 où sa lampe brillait sur ma tête
et sa lumière me guidait dans les ténèbres !
4 Tel que j’étais aux jours de mon automne,
quand Dieu protégeait ma tente,j

j « protégeait » grec, syr. ; « dans l’intimité » hébr.

5 que Shaddaï demeurait avec moi
et que mes garçons m’entouraient ;
6 quand mes pieds baignaient dans le laitage,
que le rocher versait des ruisseaux d’huile !
7 Si je sortais vers la porte de la ville,
si j’installais mon siège sur la place,
8 à ma vue, les jeunes gens se retiraient,
les vieillards se mettaient debout.
9 Les notables arrêtaient leurs discours
et mettaient la main sur leur bouche.
10 La voix des chefs s’étouffait
et leur langue se collait au palais.

21 k Ils m’écoutaient, dans l’attente,
silencieux pour entendre mon avis.

k On transpose les vv. 21-25 avant le v. 11 ils font suite au v. 10 et le v. 11 semble en être la conclusion. Il doit s’agir d’un déplacement accidentel dans la transmission manuscrite.

22 Quand j’avais parlé, nul ne répliquait,
et sur eux, goutte à goutte, tombaient mes paroles.
23 Ils m’attendaient comme la pluie,
leur bouche s’ouvrait comme pour l’ondée de printemps.
24 Si je leur souriais, ils n’osaient y croire,
ils recueillaient sur mon visage tout signe de faveur.
25 Je leur indiquais la route en siégeant à leur tête,
tel un roi installé parmi ses troupes,
et je les menais partout à mon gré.l

l « je les menais partout à mon gré » ba’asher ’ôbîlam yinnahû conj. ; « comme celui qui console les affligés » ba’asher ’abelim yenahem hébr.

11 À m’entendre, on me félicitait,
à me voir, on me rendait témoignage.
12 Car je délivrais le pauvre en détresse
et l’orphelin privé d’appui.

13 La bénédiction du mourant se posait sur moi
et je rendais la joie au cœur de la veuve.
14 J’avais revêtu la justice comme un vêtement,
j’avais le droit pour manteau et turban.
15 J’étais les yeux de l’aveugle,
les pieds du boiteux.
16 C’était moi le père des pauvres ;
la cause d’un inconnu, je l’examinais.
17 Je brisais les crocs de l’homme inique,
d’entre ses dents j’arrachais sa proie.
18 Et je disais : « Je mourrai dans mon nid,
après des jours nombreux comme le phénix.m

m Le mot hébr. hol, généralement « sable », désigne ici le phénix, oiseau fabuleux qui était censé renaître de ses cendres.

19 Mes racines ont accès à l’eau,
la rosée se dépose la nuit sur mon feuillage.
20 Ma gloire sera toujours nouvelle
et dans ma main mon arcn reprendra force. »

n L’arc symbolise la force, cf. Gn 49.24.

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