3 Quelque temps après, le roi Assuérus distingua Aman, fils de Hamdata, du pays d’Agag.n Il l’éleva en dignité, lui accorda prééminence sur tous les grands officiers, ses collègues,
n Pays inconnu, dont le nom, celui d’un roi d’Amaleq vaincu par Saül, 1 S 15.7-9, a pu être choisi pour souligner l’opposition entre Aman et Mardochée, Benjaminite et fils de Qish comme Saül.
o La prosternation exigée, geste de déférence admis dans toutes les cours orientales et attesté dans la Bible, cf. 1 R 1.23 ; 2 R 4.37, etc., n’avait rien en soi qui pût offusquer un Juif. Plutôt donc qu’une fidélité immédiate à Dieu et à sa Loi (comme en Dn 1.8 ; 3.12 ; 6.14), Mardochée met dans son refus une fierté raciale, que la prière du texte grec interprétera dans un sens religieux, 4.17d-o.
7 L’an douze d’Assuérus, le premier mois, qui est Nisan, on tira, sous les yeux d’Aman, le « Pûr »p (c’est-à-dire les sorts), par jour et par mois. Le sort étant tombé sur le douzième mois, qui est Adar,
p Mot babylonien que l’auteur explique. En fait Aman a décidé l’extermination. Il ne demande au sort que de désigner le jour favorable. Le grec, complétant l’hébreu, ajoute qu’Aman fit un décret la douzième année du roi, qu’il jeta les sorts pour perdre la race de Mardochée et que le sort tomba sur le quatorzième jour du mois qui est Adar. — Ce v. est peut-être une addition, introduite en même temps que la section concernant la fête des « Purim », 9.24-26.
q Lucien paraphrase ainsi « Aman, jaloux et agité en tous ses sentiments, en devint tout rouge et détourna de lui ses yeux. Puis, d’un cœur pervers, il parla en mal d’Israël au roi Il y a un peuple, dit-il, dispersé dans tous les royaumes, un peuple belliqueux et insoumis, ayant des lois toutes particulières. Mais de tes lois, ô roi, ils ne tiennent pas compte, connus qu’ils sont parmi tous les peuples comme de méchantes gens. Tes décrets, ils les violent afin d’anéantir ta gloire. »
r Ces griefs contre les Juifs se retrouvent dans plusieurs écrits de l’époque hellénistique, cf. 3.13 ; Dn 1.8 ; 3.8-12 ; Jdt 12.2 ; Esd 4.12s ; Sg 2.14s et l’apocryphe 3 Maccabées.
10 Le roi ôta alors son anneau de sa main et le donna à Aman, fils de Hamdata l’Agagite, le persécuteur des Juifs.
12 Une convocation fut donc adressée aux scribes royaux pour le treize du premier mois et l’on mit par écrit tout ce qu’Aman avait ordonné aux satrapes du roi, aux gouverneurs de chaque province et aux grands officiers de chaque peuple, selon l’écriture de chaque province et la langue de chaque peuple. Le rescrit fut signé du nom d’Assuérus, scellé de son anneau,
13a Voici le texte de cette lettre :
« Le Grand Roi Assuérus aux gouverneurs des cent vingt-sept provinces qui vont de l’Inde à l’Éthiopie, et aux chefs de district, leurs subordonnés :
13b Placé à la tête de peuples sans nombre et maître de toute la terre, je me suis proposé de ne point me laisser enivrer par l’orgueil du pouvoir et de toujours gouverner dans un grand esprit de modération et avec bienveillance afin d’octroyer à mes sujets la perpétuelle jouissance d’une existence sans orages, et, mon royaume offrant les bienfaits de la civilisation et la libre circulation d’une de ses frontières à l’autre, d’y instaurer cet objet de l’universel désir qu’est la paix. 13c Or, mon conseil entendu sur les moyens de parvenir à cette fin, l’un de mes conseillers, de qui la sagesse parmi nous éminente, l’indéfectible dévouement, l’inébranlable fidélité ont fait leurs preuves, et dont les prérogatives viennent immédiatement après les nôtres, Aman, 13d nous a dénoncé, mêlé à toutes les tribus du monde, un peuple mal intentionné, en opposition par ses lois avec toutes les nations, et faisant constamment fi des ordonnances royales, au point d’être un obstacle au gouvernement que nous assurons à la satisfaction générale.
13e Considérant donc que ledit peuple, unique en son genre, se trouve sur tous les points en conflit avec l’humanité entière, qu’il en diffère par un régime de lois étranges, qu’il est hostile à nos intérêts, qu’il commet les pires méfaits jusqu’à menacer la stabilité de notre royaume.
13f Pour ces motifs, nous ordonnons que toutes les personnes à vous signalées dans les lettres d’Aman, commis au soin de nos intérêts et pour nous un second père, soient radicalement exterminées, femmes et enfants inclus, par l’épée de leurs ennemis, sans pitié ni ménagement aucun, le quatorzième jour du douzième mois, soit Adar, de la présente année,
13g afin que, ces opposants d’aujourd’hui comme d’hier étant précipités de force dans l’Hadès en un jour, stabilité et tranquillité plénières soient désormais assurées à l’État. »
14 La copie de cet édit, destiné à être promulgué comme loi dans chaque province, fut publiée parmi toutes les populations afin que chacun se tînt prêt au jour dit.
Et tandis que le roi et Aman se prodiguaient en festins et beuveries, dans la ville de Suse régnait la consternation.s
s Ici la Vet. Lat. introduit une prière des Juifs, où s’expriment des sentiments de pénitence pour les péchés du peuple et des appels à la fidélité de Dieu.