3 Mes frères, gardez-vous du désir qui fait que plusieurs veulent devenir maîtres ; sachant que vous vous exposez à un jugement plus sévère.
2 Car nous faisons tous beaucoup de fautes. Si quelqu'un ne pèche point en paroles, c'est un homme parfait, et il peut gouverner tout son corps* comme avec un frein.
C'est-à-dire se dominer lui-même, et régler toutes ses actions. Celui qui maîtrise sa langue a nécessairement de la circonspection et de l'empire sur ses passions ; il sait réfléchir et se vaincre.
3 Ne voyez-vous pas que nous mettons des mors dans la bouche des chevaux, afin qu'ils nous obéissent, et qu'ainsi nous faisons mouvoir tout leur corps en tous sens ?
4 Voyez les vaisseaux, quelles que soient leur grandeur et la violence du vent qui les pousse, ils sont portés de divers côtés à l'aide d'un petit gouvernail, au gré du pilote qui les dirige.
5 Ainsi la langue n'est qu'un petit membre, et que de grandes choses ne fait-elle pas ! Voyez combien peu de feu suffit pour embraser une grande forêt :
6 La langue aussi est un feu, un monde d'iniquité ; n'étant qu'un de nos membres, elle infecte le corps entier, elle met le feu dans tout le cours de notre vie, enflammée elle-même du feu de l'enfer*.
Aux ravages qu'elle cause, on voit que ce feu est allumé et attisé par le démon lui-même.
7 Car il n'y a point d'espèces de bêtes sauvages, d'oiseaux, de reptiles et d'autres animaux, qui ne se domptent, et qui n'aient été réellement domptées par la nature de l'homme.
8 Mais nul homme ne peut dompter la langue*. C'est un mal inquiet ; elle est pleine d'un venin mortel.
Sa propre langue, moins encore celle d'autrui. Saint Augustin remarque que saint Jacques ne dit pas que la langue ne peut être domptée, mais seulement que nul homme ne peut la dompter, pour faire entendre qu'on ne la dompte que par le secours et la grâce de Dieu. (De Nat. et grat., cap. XV.)
9 Par elle nous bénissons Dieu notre Père, et par elle nous maudissons les hommes, qui sont faits à l'image de Dieu :
10 De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu'il en soit ainsi.
11 Une fontaine fait-elle jaillir par la même ouverture l'eau douce et l'eau amère ?
12 Mes frères, un figuier peut-il produire des raisins, ou une vigne, des figues ? Ainsi une source salée ne peut donner de l'eau douce.
13 Est-il quelqu'un parmi vous qui soit sage et instruit, que par le cours d'une bonne vie il montre ses œuvres avec une sagesse pleine de douceur.
14 Mais si vous avez dans le cœur une jalousie amère et l'esprit de contention, ne vous glorifiez point, et ne mentez point contre la vérité.
15 Ce n'est pas là la sagesse qui vient d'en haut, mais une sagesse terrestre, animale et diabolique.
16 Car où il y a jalousie et esprit de contention, là aussi est l'inconstance et toute œuvre perverse.
17 Mais la sagesse qui vient d'en haut est premièrement chaste, puis amie de la paix, modérée, facile à persuader, unie de sentiments avec les bons, pleine de miséricorde et de fruits de bonnes œuvres, ne jugeant point, n'ayant point de dissimulation.
18 Or le fruit de la justice se sème dans la paix, par ceux qui font des œuvres de paix.